Vous parvenez à communiquer et donc à vous faire obéir quand vous comprenez les bases du comportement du chien.
Celui-ci dépend en très grande partie de notre propre comportement. Et nous les humains, qui faisons parfois tant d’efforts, nous faisons inconsciemment de nombreuses choses qui empêchent nos chiens de comprendre ce qu’on attend d’eux. Il est important d’être conscient de nos mauvais réflexes. Nous ne pouvons pas tout maîtriser. Nous ne pouvons pas changer de personnalité. Mais nous pouvons incontestablement modifier plusieurs de nos réactions naturelles qui nous empêchent de bien les éduquer.
Abordons l’une des pires mauvaises habitudes des maîtres. Cela vous permettra de bien comprendre une base essentielle du comportement canin. Cela demande un effort, parce que ce n’est pas naturel pour tout le monde, mais quand vous vous débarrassez totalement de cette mauvaise habitude, les chiens changent de comportement et ça va beaucoup mieux !
Humain trop humain
Parmi tous les réflexes humains pouvant aggraver un mauvais comportement du chien sans qu’on s’en rende compte – ou jouer contre nous alors qu’on essaie de tout bien faire le reste du temps – l’un des pires qui soient consiste à faire la morale à son chien alors qu’il vient d’obéir.
Ceci prend d’innombrables formes.
Voici des exemples courants pour illustrer le phénomène :
Vous râlez. Vous dites assis, assis, assis et assis. Finalement, votre chien s’assoit. Alors vous lui dites : « c’est pas trop tôt… Tu ne connais pas assis ? Tu connais bien assis pourtant ? Si on doit répéter 15 fois assis, on ne va pas aller très loin… »
Vous menacez. Votre chien prend une chaussure dans sa gueule. Vous dites « arrête ! ». Il lâche la chaussure. Vous la récupérez et, tout en agitant la chaussure comme pour mieux appuyer votre discours, vous dites : « je ne veux pas, tu m’entends, je ne veux PAS que tu touches à mes chaussures ! Je te l’ai dit combien de fois ? Combien de fois, hein ? Alors maintenant tu arrêtes, c’est compris ? Sinon je vais me fâcher. »
Vous remontez les bretelles. Votre chien est parti très loin de vous. Vous dites au pied sur toutes les intonations possibles. Finalement, votre chien revient. Vous l’attrapez par le collier et juste avant de lui remettre la laisse, vous dites « qu’est-ce que je t’ai dit ? qu’eeessssssst-ce que je t’ai diiiit ? Je t’ai diiiit… AU PIED !!! ‘pas vrai ça…. »
Vous essayez de lui faire comprendre ce que vous ressentez. Votre chien renifle la litière du chat. Vous dites « stop ! ». Il recule le museau. Vous pointez la litière du doigt et vous dites : « c’est dégoûtant, ça ! C’est pas bien, beurk, bouh, caca, sale ! Dégoûtant !!»
Vous faites une leçon de morale. Vous promenez votre chien. Vous croisez un autre chien au bout d’une laisse. Tout à coup, votre chien sort de ses gonds. Il se calme un peu quand l’autre chien s’est éloigné. Vous ordonnez « assis » et votre chien s’assoit. Vous levez l’index pour l’agiter devant son museau et vous dites : « qu’est-ce que c’est que ce cirque ? Mmh ? Ne refais plus jamais ça… Fâché ! Je suis fâ-ché ! Fâché, fâché, fâché ! Je suis très fâ-ché. ».
(et vous vous remettez en route en disant de temps en temps « fâché »… au cas où il n’aurait pas compris…)
Dans tous ces exemples, le chien fait ce qu’on lui demande. Et que se passe t-il ? Il n’est pas félicité pour avoir obéi.
Pire que cela. Non seulement, il n’est pas félicité, il est grondé pour avoir obéi.
Qu’est-ce qui se passe ?
Vous êtes sous le coup d’une émotion et vous ressentez naturellement le besoin de la laisser s’exprimer. Soit votre chien obéit au bout d’un long moment et vous avez eu le temps de vous énerver, soit votre chien en train de faire une « bêtise », s’arrête quand vous lui dites « non » ou autre chose, mais comme vous avez eu le temps de « bouillonner » intérieurement, vous laissez sortir la pression.
Lorsque quelqu’un fait quelque chose que vous désapprouvez, vous lui demandez d’arrêter puis vous lui expliquez pourquoi c’est grave. Quand un enfant fait une bêtise, que vous le prenez en flagrant délit et qu’il arrête, vous lui montrez que vous n’êtes pas content.
C’est naturel et il y a toutes sortes de réactions possibles selon les gens.
Avec un chien, quelle que soit votre réaction, vous prenez de sérieux risques en faisant cela.
Le problème n’est pas seulement que votre chien ne comprend ce que vous lui dites (il comprend toutefois que vous n’êtes pas en train de plaisanter). Le problème va bien au-delà puisque vous voulez obtenir quelque chose et quand vous l’obtenez, vous lui faites passer le message qui dit « ce n’est pas cela que je veux ».
Dans les exemples, c’est ce qui se passe pour assis, lâche la chaussure, au pied, et la litière. Lâcher la chaussure, revenir vers vous et arrêter de renifler la litière : vous dites que ce n’est pas ce que vous voulez. Quant à la leçon de morale quand le chien s’est assis, après avoir vociféré sur un autre chien, ce qu’il comprend quand votre index s’agite devant son museau alors que votre voix s’élève, c’est probablement qu’il faut rester là sans bouger tant que vous n’avez pas fini.
C’est ce que voulez qu’il comprenne ?
Non, bien sûr.
Dire « non » ou « arrête » etc., sans crier, peut être efficace. C’est encore plus efficace quand vous avez appris un ordre spécifique à votre chien, comme lâche pour la chaussure ou pas toucher pour la litière. Mais disons que grâce à « non » ou d’autres expressions, vous obtenez à peu près ce que vous voulez : puisque vous obtenez ce que vous voulez, vous devez féliciter votre chien.
Parce que c’est un chien
Avec le chien, ce qui est fait est fait. Si vous le prenez sur le fait, vous pouvez arrêter la « bêtise » (à la voix). Si la « bêtise » est finie, c’est trop tard. Et ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien d’autre à faire. Vous pouvez par exemple faire ça, ou ça, (parmi bien d’autres choses). Si la bêtise est finie parce que vous avez stoppé votre chien à temps, il a fait quelque chose entre le moment où vous avez senti monter la colère et le moment où il s’est arrêté.
Avec le chien, chaque bonne action doit avoir une conséquence positive si vous voulez qu’il obéisse. Ce quelque chose qu’il a fait a toute son importance. C’est plus important que la bêtise ou le fait que vous vous soyez énervé. Si vous voulez communiquer efficacement avec votre chien, vous devez accorder plus d’importance à ça qu’à tout le reste, peu importe à quel point vous êtes agacé.
C’est ce qui se passe ici, là, maintenant et tout de suite qui compte si l’on veut que le comportement du chien s’améliore.
Continuez à dire « non » si vous ne criez pas. Lorsque votre chien s’arrête de faire ce qu’il est en train de faire (qui vous déplaît), vous devez le féliciter. À ce moment-là, vous n’êtes pas en train de le féliciter pour avoir fait une bêtise mais bien pour avoir arrêté.
Parce que pour votre chien, faire une « bêtise », c’est faire un mouvement, une action. Ce n’est pas un plan mûrement réfléchi ni la volonté de braver les interdits, ni le désir de tester vos limites. En outre, « arrêter » signifie faire autre chose, un autre mouvement, une autre action. Ce n’est pas se rendre compte qu’il a mal agi ou qu’il est allé trop loin. Par exemple, lâcher la chaussure qu’il a dans la gueule, c’est ouvrir la gueule pour laisser tomber la chaussure. Ce n’est pas vous rendre la chaussure parce que vous y tenez beaucoup.
Cette mauvaise habitude de faire la morale à son chien est extrêmement répandue. Que vous soyez de ceux qui râlent ou de ceux qui crient, que vous le fassiez après plusieurs répétitions d’un ordre ou dans le cas d’une « bêtise » qui s’arrête, essayez de procéder différemment en ayant à l’esprit la dernière action accomplie et pas ce qui vous a mis en colère et vous verrez, ça change tout !!!
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