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En plein ménage! J'essaie d'organiser un peu ce blog.

Je récompense beaucoup? Je récompense...Trop?

Le 19/10/2018

Je récompense beaucoup. Je récompense... Trop ?
Est-ce seulement possible de trop récompenser ?
A chaque fois que je dois former un chien, tout n'est que prétextes pour renforcer ses choix. Me regarder. Faire trois pas à mon pied. Revenir lorsqu'il sent la tension sur la laisse. Ignorer un enfant qui l'appelle. Je distribue de la bouffe comme du bonheur en morceaux, parfait cliché raillé par les partisans de l'éducation coercitive.
A chaque fois que nous croisons un chien et ses maîtres, les bonbons partent à chaque regard, à chaque foulée, à chaque étincelle dans ma direction, un choix furtif, une décision minime qui montre que mon élève ne m'oublie pas - car au final, mon but est d'avoir un chien qui ne va voir ses congénères qu'à mon signal, question de respect pour celui qui est en face. Question de sécurité aussi.
Et à chaque fois c'est le même sourire condescendant en face, le même regard qui me dit "il ne t’obéira jamais sans tes saucisses" ... Le fait est que, comme le chien, je continue de faire ce qui marche. Plus besoin de féliciter le plus jeune lorsqu'il tient son assis ou marche sans tirer sur la laisse.
Parce que oui, il a appris que cela payait, et parce qu'il a toujours eu le choix entre moi et l'environnement.
Ce n'est pas "fais ça, et tu auras une friandise" mais "tiens, j'aime bien ce que tu as fait là, voilà une friandise !"
Alors, est-il possible de "TROP" récompenser ? Je ne pense pas.
Je pense qu'on peut MAL récompenser, sans critères précis ou avec un mauvais timing, en ne montant pas nos exigences correctement ou en jugeant mal des distractions qui s'opposent à la valeur de nos croquettes.
Mais je me demande bien qui se plaint d'être "trop" bien payé.

http://cynotopia.fr/

Le conditionnement opérant et les émotions

Le 03/07/2018

Ces derniers temps, je vous ai proposé plusieurs vidéos au sujet du conditionnement opérant et de son lien avec les émotions. Revenons là-dessus. Tout d'abord, ce n'est pas la première fois que nous parlons de conditionnement opérant, mais vous ne le connaissez peut-être pas sous ce terme. Il s'agit de la théorie expliquant ce qu'est le renforcement positif, le renforcement négatif, la punition positive et la punition négative. Nous en avions parler ici par exemple

Dans la première vidéo, nous verrons une présentation de ces termes et nous observerons que nous pouvons les rapprocher d’onomatopées. C'est un truc que j'ai développé pour que ce soit un peu plus intuitif même si ce n'est pas parfait. Ainsi, le renforcement positif devient un très joyeux "YES !", un cri de victoire. La punition négative quant à elle, devient un "Zut", un échec certes, mais un échec qui n'interdit absolument pas de recommencer et d'essayer de trouver une meilleure solution et ceux jusqu'à pouvoir lancer son cri de joie.

En éducation positive, nous travaillons avec ces deux formes d'apprentissages, néanmoins, il est utile de bien connaître la totalité du cadran, même si nous n'utilisons pas tout. Déjà pour s'assurer de ce que l'on emploi et de ne pas utiliser par erreur des mécanismes qui nous déplaisent, mais également parce que la vie du chien est faites d'apprentissage. Il y a tout les apprentissages que vous parvenez à gérer, mais il y a également tout les autres. Ces apprentissages dont on ne veut pas et que le chien subit malgré tout. Vous savez, ce jour où un chien pas commode est arrivé pour apprendre à votre toutou que les autres chiens, ils sont pas toujours sympas. Le jour où cet humain s'est approché trop vite. Le jour où votre toutou s'est fait peur en marchant sur une plaque d'égout. Peu importe la situation, comprendre ce qui vient de se produire pourra vous aider à comprendre et parfois, si nécessaire, à réparer.

Je vous laisse un instant avec la vidéo. Bon visionnage !

Maintenant que le concept de base est posé, nous pouvons commencer à aller un peu plus loin. L'interrogation que je vous soulevais est la suivante : quels liens existent entre le conditionnement opérant et les émotions ? Si nous désirons effectuer une éducation respectueuse, comprendre les émotions est très important. Nous ne voulons pas faire peur, nous ne voulons pas angoisser ou provoquer du stress.

La question des émotions est une question complexe et j'aimerais d'abord attirer votre attention sur ceci : le comportement est une chose visible. L'émotion est invisible. On ne peut que la déduire. C'est quelque chose de très important si jamais nous devons parler de détresse acquise, le chien a l'air d'aller bien. Tout les signes visuels sont plutôt favorables. Néanmoins, ça ne veut pas dire que le chien va réellement bien. Pour comprendre son émotion, il faut étudier la situation dans son intégralité.

Quand on observe un chien avec l'arrière-train bas, la queue entre les pattes, marcher très lentement ... On peut se dire : ce chien a peur. C'est peut-être une très bonne déduction. Néanmoins, le comportement du chien, c'est simplement tenir son arrière-train bas, sa queue entre ses pattes et marcher lentement. On pourrait aller plus loin dans les observations et découvrir que son rythme cardiaque est élevé. On pourrait aller encore plus loin et faire des analyses poussées sur son état en étudiant ses hormones et tout un tas de choses invisibles au simple observateur. Néanmoins, à la fin, nous n'aurions qu'un faisceau de preuves appuyant une déduction.

Le chien ne peut pas faire de témoignages directs pour nous affirmer : effectivement, là, j'ai peur. Donc parler des émotions du chien est toujours un sujet un peu délicat. Parler des effets de l'éducation sur ces émotions l'est encore davantage.

Je vous propose cette vidéo courte sur le sujet.

Cette vidéo pourrait servir d'introduction à une autre forme d'apprentissage qui joue sur les émotions. Il s'agit des associations positives et négatives. Cette petite passerelle peut être une aide pour mieux comprendre ce qu'il se produit lorsque l'on éduque son chien.

Enfin, il m'a semblé important de vous parler d'une dernière chose. Le conditionnement opérant et son cadran peuvent produire des émotions. De la joie, de la frustration, de la peur, ... Mais ce n'est pas le seul lien possible avec les émotions. Lorsque le chien a une émotion inappropriée de part sa virulence ou le simple fait qu'elle apparaisse, nous pouvons décider de passer par la voie éducative. Ce n'est pas la seule voie possible en soit, mais c'est peut-être l'une des voies les plus connues.

Du coup, peut-on éduquer un chien correctement même lorsqu'il ressent une émotion violente ? Que ce soit une émotion que nous avons involontairement (ou pas) provoquée durant la séance éducative ou une émotion déjà présente avant ?

Cette question, elle n'est pas anodine en soit. Elle implique des choix importants en terme d'éducation.


Ce qui nous ramène à l'idée d'origine. La peur peut-elle s'augmenter à coup de renforcement positif ? Nous en avions déjà parler ici. Mais revenons dessus une seconde.

Cette idée reçue est terrible pour plein de raisons mais peut-être surtout parce qu'en ne désirant pas augmenter la peur, ce qui est un but louable, on peut se retrouver à laisser le chien dans une situation anxiogène, ce qui est dramatique d'un point de vue comportemental et physique. Cette inaction n'est pas sans conséquence. Ne rien faire est un choix à part entière. C'est un choix que l'on peut éviter. Ceci étant dit, pour défendre cette idée, nous pouvons retrouver des arguments et il est dommage de voir passer des messages comme quoi "les émotions ça ne se renforcent pas". Le mot "renforce" ici renvoie au renforcement positif, mais même ainsi, ce n'est pas tout à fait exact. Si mon chien est très excité et que je le félicite en lui offrant des trucs géniaux à ses yeux, il est tout à fait possible que son émotion se renforce ...

Peut-être serait-il plus intéressant de comprendre ce concept d'association positive et négative afin de mieux comprendre le chien et d'éviter certaines formes d'erreurs.

https://hund.fr/actualites/le-conditionnement-operant-et-les-emotions/122/

Les mécanismes d’apprentissage, en résumé

Le 03/07/2018


- Le R signifie Renforcement, c’est-à-dire un truc qui fait que le comportement s’intensifie.
- Le P signifie Punition, c’est-à-dire un truc qui fait que le comportement diminue.

Les – et les + sont des machins qui précisent simplement si on ajoute ou si on retire quelque chose. Par exemple, si je dis "Espèce de sale caca" à quelqu’un, j’ajoute un truc. En l’occurrence, c’est une sorte de punition qui est donc une punition + (par ajout). Les + sont dit "positif" et les – "négatifs" sans que ce ne soit un jugement moral.

Comme vous avez pu le voir au début dans la première notation qui était : "R+ P-" et "P+ R-", ça marche souvent par paire. On pourrait aussi parler de combo. Si j’applique un R+ (un renforcement par ajout), il y a pas mal de chance que j’emploi à un moment où un autre une P- (une punition par retrait). Ça tombe bien, ça marche très bien ensemble.

Chacun de ces concepts peut être ramené à un principe de survie. Nous pourrions en écrire tout un tas et les classer ainsi entre les différents types de renforcement et de punition. En voici quelques exemples :

R- : Je marche trop près du mur, je me rappe en permanence le bras, cette situation est pénible, je m’éloigne à titre d’essai, la situation pénible disparaît. Je suis soulagée. Si je veux survivre, il vaut mieux que j’aille vers ce qui me soulage et que je cherche des solutions aux situations pénibles. Ou alors, je vais finir avec une grosse infection ou une belle hémorragie après avoir passé des années dans cette situation. Ceci est un renforcement (augmentation des chances de recommencer) négatif (disparition de la situation), le renforcement en lui-même se fait grâce au soulagement éprouvé.

P+ : Je marche sans regarder devant moi, je me prends un poteau en pleine tête. J’ai une belle bosse. A partir de maintenant, je ferais attention à éviter les poteaux (ou à me déplacer en tracteur pour abattre tous ces p****** de poteau de m*****) sinon, je vais mourir à force de m’exploser la tête de partout. Vous noterez que cette situation peut produire une réponse agressive, car parfois la meilleure des défenses, c’est l’attaque. L’autre solution implique la fuite mais également la vigilance. Ceci est une punition (diminution des chances de recommencer à foncer dans les poteaux) positive (ajout d’un poteau en pleine tête).

P- : Je marche à l’envers sur un escalator et je n’avance pas. C’est marrant sur le coup, mais pour arriver en haut, ça ne me sert à rien, alors j’arrête... Si je passe mon temps à faire des trucs qui ne servent aucun but, je ne risque pas de survivre... ou alors, il va falloir une petite armée d’infirmier pour m’aider. Ceci est une punition (diminution des chances de recommencer) négative (retrait de tout résultat). Notons que si je me pète la figure et que je me cogne le bout du nez sur les marches ou simplement si je me fais peur ce sera une punition positive (ajout de la peur ou / et de la douleur) en plus...

R+ : Je me couche sur mon lit et je suis terriblement bien. Cela permet à mon corps de se reposer et ça augmente mes chances de survie. Ceci est un renforcement (augmentation des chances de recommencer, autrement dit, les lits c’est cool) positif (ajout du bien-être). Je vais recommencer les choses qui m’apportent du bien-être.

Ces principes de bases sont tout bêtes et peuvent s’appliquer à n’importe quelles espèces puisqu’il en va de leur survie. Une espèce qui continue quand ça fait mal, qui ne se sort pas des situations pénibles, qui ne recommence pas ce qui fait du bien et qui continue ce qui n’apporte rien... et bien elle disparaît.

A l’heure actuelle, il existe des éducations canines tout à fait différentes les unes des autres. L’une d’elle s’appuie de façon consciente sur ces principes de survies et a choisi d’en employer 2 uniquement. Il s’agit de renforcement positif (on recommence ce qui fait gagner des trucs cools) et de punition négative (on arrête ce qui ne sert à rien). Ainsi on peut faire augmenter un comportement (par renforcement) ou faire diminuer un comportement (par punition). Avec ces deux "armes", nous n’avons pas besoins des deux autres types de punitions et de renforcement.

Le fait de s’interdire la moitié des principes peut paraître étonnant, mais lorsque lors emploi du R+P-, on augmente l’envie de tester. En effet, l’animal n’a rien à craindre, si ce n’est de devoir essayer autrement... Le pire qui peut lui arriver, c’est que ça ne fonctionne pas.

Au contraire, lorsque l’on emploie du P+R-, on diminue l’envie de tester car tout est à craindre (qui sait quand le poteau surgira ! Méfiance !) sauf le soulagement, mais comme tester peut provoquer des punitions, autant éviter.

Ces deux effets étant contradictoires, ajouter des punitions positives au R+P- a tendance à le rendre beaucoup moins efficace. Le risque de punition positive est un risque assez direct pour la survie, l’éviter est capital. Donc on ne prend pas ce risque à moins d’avoir une motivation excessivement forte.

https://hund.fr/actualites/les-mecanismes-dapprentissage-en-resume/51/

Les signaux d'apaisement (Rappel!)

Le 03/07/2018

Depuis la sortie du livre de Turid Rugaas en 1997, nous parlons des signaux d'apaisement de partout. Ce livre nous a offert un nouveau regard sur les chiens et une compréhension mutuelle. Aujourd'hui, je vous propose un petit retour sur ce livre que j'ai relu pour l'occasion. Il vieillit, certes, mais vieillit-il correctement ? Est-ce qu'il reste ce livre de référence que nous pouvons recommander de partout ?

Il est important de se poser la question, vingt ans plus tard, nous pouvons être surpris de tout ce qui était déjà dit à l'époque. La société met son temps à changer, mais peut-être devrions nous aussi comprendre que l'éducation bienveillante, l'absence de hiérarchie entre l'humain et le chien, tout ça, ce ne sont pas des idées nouvelles. Ce ne sont pas des idées récentes. Il y a vingt-ans, elles étaient déjà là. Alors que j'étais enfant, elles étaient déjà là, en train de prendre leurs places tout doucement. Les livres ont cette immense qualité, ils sont des témoignages du passé.



Les signaux d'apaisement

https://hund.fr/actualites/les-signaux-dapaisement/119/

La dictature de l'amour: leur rôle du chien dans notre vie est-il réduit à celui de toutou?

Le 01/03/2018

Note: tous les noms des chiens sont fictifs pour assurer la confidentialité des clients.

Avertissement: cet article se veut une réflexion sociale sur le rôle que joue maintenant le chien dans notre société. Il ne s'agit nullement d'une critique des modes de vie individuels. Le but n'est donc pas de pointer des gens mais de réfléchir tous ensemble sur la condition canine. 

 

ATTENTION.... CE TEXTE POURRAIT VOUS CHOQUER...

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Cybelle est une femelle duck tolling retriever de 15 mois. Elle vit en milieu urbain. Elle se lèche les pattes intensément, tourne en rond, et détruit le mobilier.

Hubert est un mâle berger allemand de 3 ans. Il vit en banlieue. Il jappe intensément lorsqu'il est dehors attaché dans la cour et lorsque ses humains font du bruit. Il est fortement agité au moindre mouvement.

Johnson est un mâle cocker spaniel de 18 mois. Il vit en banlieue.  Il saute dans les fenêtres à la vue de passants, gratte le plancher, vole de la nourriture sur les comptoirs, et détruit tous ses coussins. 

Gisèle est une femelle jack russel de 4 ans et elle vit dans un milieu semi-boisé. Elle fugue. Elle se sauve dès que la porte est ouverte. Elle ne revient pas au rappel. Elle saute sur les invités qui viennent à la maison.

Pretzel est un mâle caniche miniature de 2 ans. Il vit dans un condo. Il jappe sans arrêt. Lèche sans cesse les mains de ses humains. Pretzel adore tous les humains et tous les chiens qu'il rencontre.

Tous ces chiens partagent certaines caractéristiques. Ils ont suivi des cours en obéissance. Ils ont été socialisés avant l'âge de 4 mois. Ils sont chouchoutés par leurs humains: jouets, gâteries, attention, affection et caresses ne sont pas rationnés. Vraiment, ils sont gâtés et entourés. Mais ils sont très  peu occupés. 

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Malheureusement, pour tous ces chiens, leur vie se résume à jouer le rôle de toutou de la maison. Tous ces chiens sont au chômage! Alors ils communiquent ce manque du rôle et ce manque de la dépense énergétique en jappement, en réactivité, en anxiété, en impulsivité. Ils font tout pour meubler le vide créé par l'attente de l'humain au jour le jour, par l'absence ou le peu d'activités sportives, ludiques, masticatoires, éducatives. Alors ce vide se rempli donc de comportements répétitifs (jappements, destruction, vols, fugues, léchage excessif, réactivité aux bruits et aux mouvements, manque de contrôle des émotions). Des comportements naturels dans un environnement rustique, mais dérangeants dans un environnement domestique.

Nos chiens sont passés d'animaux ayant des rôles dans les campagnes ou dans les villes qui occupaient la plus grand partie de la journée (rapport en chasse, protection de territoire, et rassemblement des troupeaux, pistage, pointage etc). On voit de plus en plus de chiens de travail envahir nos milieux où sont absentes leurs tâches traditionnelles (beauceron, border collie, berger australien, berger shetland, duck tolling, berger blanc suisse, etc.). Celui qui participait à notre journée complète de travail, nous attend maintenant à la maison. Mais ce problème, ne se retrouve pas seulement chez les races de travail. Il existe aussi chez les races dites "de compagnie". 

Bien des chiens, entre autres (et cela peut également concerner les chats et tous les animaux qui vivent en cage comme les oiseaux, les furets, les rats, les hamsters, les hérissons, les cochons d'Inde, les reptiles, etc), toujours en attente de quelque chose, ils vont peu ou pas du tout dehors, toujours couchés sur leur coussin, dans leur cage, font peu de sports, peu de jeux, ont peu d'interactions inter et intra espèces sur une période de 24h00. 

Nos chiens sont-ils réduits à seulement jouer le rôle de "calinours"? Ils sont à la disposition constante des humains pour leurs besoins affectifs de se coller, de toujours caresser. Sont-ils réduit à une vie d'esclave de l'amour?  La dictature de l'amour gère-t-elle maintenant la vie de nos chiens? Parce nous aimons les avoir toujours près de nous, afin de répondre à nos besoins affectifs, les privons-nous d'une véritable vie pleine et riche? Notre vie était-elle remplie de tant de choses que nous n'avons plus le temps, ni le goût de leur fournir ce dont ils ont besoin en priorité?

Bien sûr, je suis pour l'affection, comprenez moi bien. Mais pas une vie juste remplie de ca! Personnellement, j'ai le désir de vivre avec des chiens qui ont une "vie de chien", avec des initiatives, des idées, des désirs, qui font tout plein d'activités différentes, et surtout des besoins naturels comblés.

Combien de chiens ne mangent pas de vrai os de peur qu'ils ne se cassent un dent? Alors qu'on sait qu'il y a plus de bienfaits que de dangers. Combien de chiens ne courent pas pour ne pas se blesser? Combien de chiens ne connaissent pas la liberté surveillée? Combien de gens empêchent leur chien de jouer avec les autres chiens de peur de batailles ou pour avoir l'exclusivité de leur attention?


Pour avoir un chien équilibré, il doit pouvoir satisfaire ses besoins naturels, et ce, TOUS LES JOURS. Sans quoi, il vous communiquera, à sa façon (jappement, fugues, destruction, etc) ce ou ces manques ressentis. 


Quels sont ces besoins naturels chez le chien auxquels nous devons apporter une l'attention de façon toute particulière (outre tous les besoins physiques de base)?


-bouger, selon les besoins reliés à l'âge, la race, l'état de santé, donc dépenser son énergie 

-bénéficier de semie liberté (ne pas être toujours attaché ou enfermé dans la maison ou la cour) 

-jouer, un besoin qui pourrait diminuer avec l'âge

-mastiquer et gruger

-apprendre et être stimulé avoir des contacts sociaux intra ou inter espèces (avec les humains et/ou les autres espèces) 

-communiquer ou se faire comprendre et comprendre les autres

Le plus on aura comblé au quotidien tous ces besoins selon les caractéristiques de chaque individu canin, le moins on aura de problèmes de comportement. Bien sûr, il y aura toujours des exceptions, mais ces principes s'appliquent à une grande partie des chiens.

Alors nous devons tous nous interroger, et ceci m'inclut, sur ce que nous croyons être une bonne qualité de vie pour nos animaux....et sur ce que le terme "aimer son chien" signifie réellement..  Est-ce vraiment le rôle de toutou qu'il devrait jouer? Notre vision judéo-chrétienne selon laquelle les animaux ont été mis à notre disposition par Dieu, ne devrait-elle pas être remise en question? Se pourrait-il que nous les aimions mal?

Ils ont leur propre vie en dehors de la nôtre. Une vie dont nous sommes responsables mais qui ne nous appartient pas.

Bonne réflexion!

 

Danielle Gauthier De Varennes 

Éducateur canin comportementaliste 

FIDÈLE CANIN

http://fidelecanin.over-blog.com/2018/02/la-dictature-de-l-amour-leur-role-du-chien-dans-notre-vie-est-il-reduit-a-celui-d-esclave-de-l-amour.html

Il ne le fait pas « pour toi »…

Le 28/02/2018

« Il ne le fait pas pour toi, il le fait pour la friandise » : voilà comment certains asphyxient de leur jugement sans nuance les tentatives encore incertaines de ceux qui débutent dans une approche des apprentissages renforcés positivement.

Pour tempérer, certains arrivent en expliquant qu’un renforçateur (qui, dans ces groupes de discussion s’appelle toujours « récompense ») ce n’est pas « que la friandise mais aussi la caresse ou le jeu » (ouf, on est sauvés) afin de rassurer la personne en proie à ce doute atroce : « mon chien, bosse-t-il POUR MOI ou pour le petit morceau de fromage ? »

Passons aussi sur le fait que, nous humains, mangeons et ripaillons sans complexe aux naissances, aux fêtes religieuses (même quand on est un mécréant de première d’ailleurs), aux anniversaires de naissance, de mariage et même aux enterrements.   A peu près tous les moments importants – ou tout simplement plaisants, même les plus anodins –  de nos vies comportent une relation à la nourriture  d’une manière ou d’une autre ☺ 

Car le problème véritable et profond est de savoir si le chien se montre à ce point désintéressé pour « travailler » avec nous (ou pour nous) avec une abnégation absolue ou si, finalement, il n’est qu’un affreux petit opportuniste qui se mobilise uniquement si et quand une friandise est attendue?

En clair : nous aime-t-il « inconditionnellement » ?

Au delà de la technicité et la mécanique du clicker training (où la friandise est la conséquence d’un comportement et jamais son antécédent : en clair, c’est le comportement qui fait arriver la friandise et pas le contraire), au delà d’une approche au leurre, souvent conspuée et pourtant parfois tout à fait apte à diminuer le stress de manière générale, la question est bel et bien philosophique chez certains.

Elle s’inscrit dans cette vision parfois très poétique que nous avons du chien.  

« Fidèle » quoi qu’il en soit et qui qu’on soit et qui nous aime plus qu’il ne s’aime soi-même — ce qui lui confère une dimension sanctifiée tout à fait particulière à laquelle certains tiennent dur comme fer  :lol: 

En effet, on ne peut pas dire que l’amour inconditionnel coure les rues dans notre espèce  :-)

unconditional

L’amour « inconditionnel » est présumé ne rien demander en retour, absolument rien : ce qui m’apparaît comme une option peu raisonnable personnellement et qui implique potentiellement un léger souci d’estime de soi et de ses besoins personnels, je suis plutôt du genre pragmatique… un peu comme les chiens  ;-) 

Je ne pense pas que le chien n’attende rien en retour dans sa relation à l’humain… il demande qu’on comble ses besoins fondamentaux et moins fondamentaux et, parfois, spécifiques à sa race et, quand on ne le fait pas, les problèmes de comportement arrivent presque inévitablement (certes, il ne s’en va pas mais en a-t-il vraiment le choix au final?)

Je ne pense pas qu’un chien soit « fidèle » quoi qu’il arrive : j’ai récupéré un chien perdu dans la nature qui, en apercevant ses propriétaires chez qui je l’ai évidemment ramené, a ressauté dans mon coffre avec conviction et a pris son air le plus dépité possible quand on a du le rendre, contre son gré, à sa « vraie famille » (il n’a pas eu un très improbable coup de foudre pour ma personnalité charismatique mais, ayant peur de le perdre pendant notre balade, je l’ai gavé de dés de jambon pendant 4 heures créant probablement chez lui le premier historique de renforcement de sa vie).

Les besoins physiologiques et de sécurité comblés, arrivent les autres besoins (cognitifs notamment). 

Le clicker training active des circuits émotionnels fondamentaux au bien-être : celui de la compréhension de l’environnement (indispensable à tous les animaux, domestiques ou sauvages d’ailleurs) et celui du jeu… ce sont bel et bien ces émotions (qui favorisent la production d’hormones à l’effet euphorisant) qui rendent les chiens « accros » à un apprentissage bien présenté et maîtrisé, via cette minuscule friandise qui les réjouit et engage dans un premier temps. Il ne s’agit pas d’une distribution désordonnée de friandises mais planifiée et réfléchie. Il y a des conditions assez strictes au renforcement positif – que ses détracteurs ignorent complètement le plus souvent  8-) 

En répondant à toute cette panoplie des besoins de nos chiens, se construit ce qu’on appelle la « relation » – une myriade de renforçateurs qui, les uns après les autres, la rendent solide et empreinte de confiance mutuelle (« you are good news »). 

Ils ne sont guère différents de nous car, avec nos meilleurs amis, nos compagnons et compagnes, tous ceux que nous apprécions nous partageons également un historique de renforcements parfois kilométrique et qui, en raison de sa solidité, de ses répétitions innombrables, supporte parfois quelques coups de canifs occasionnels s’ils ne sont pas trop méchants (quand les coups de canifs deviennent répétés ou trop violents, étrangement, même les grandes amitiés s’arrêtent). A moins de confondre amour et dépendance, nous fonctionnons considérablement de la même manière  ;-)

Même notre action la plus désintéressée en apparence, est gratifiante, parce qu’elle nous apporte cette émotion confortable qui nourrit l’estime que nous avons de nous-mêmes…

feelinggood

Nous passons l’intégralité de nos vies à essayer d’échapper à des conséquences néfastes ou désagréables et à rechercher celles qui seront agréables, gratifiantes et plaisantes. Tout ce qui est gratifiant produit de la dopamine et votre cerveau va chercher à reproduire le comportement en question. 

C’est ce qu’on appelle communément le conditionnement par apprentissage opérant et qui nous motive même quand on croit que le conditionnement est un gros vilain mot

Quand vous bossez/jouez avec votre chien, au delà de l’apprentissage d’un quelconque comportement, vous lui apprenez, surtout et avant tout, si faire des choses avec nous est quelque chose de gratifiant, qui est générateur de bonheur, de confiance en soi, de confiance en nous ou, au contraire, source de stress, de frustration, d’ennui ou de mal être : à partir de ces conclusions, notre chien « aimera » travailler avec nous ou nettement moins.

On en fera un partenaire enthousiaste ou ce qu’on appelle un chien « distrait » « démotivé » « têtu » « borné » et mille autres étiquettes rassurantes (pour notre estime de nous-mêmes avant tout).

Ne vous culpabilisez pas, ne laissez pas les autres vous culpabiliser si vous souhaitez construire  la relation à coups de renforcement – c’est l’unique voie qui existe finalement et, peut-être, est-ce précisément ça « l’amour » ? ☺

gooddog

« Qu’est donc l’amour sinon une autre définition du renforcement positif ou vice versa? » (B.F. Skinner)

http://www.magicclicker.ch/il-ne-le-fait-pas-pour-toi/

Ce maudit rappel

Le 07/01/2018

Souvent le numéro un de toutes les listes des signaux à apprendre au chien, sujet de beaucoup d’articles, source de bien des tensions entre le chien et son humain, le rappel est à la fois la base de l’éducation et la base des ennuis.

Pour moi, avoir un chien qui revient au rappel est un indispensable. Non seulement parce que c’est une assurance vie ( on n’est jamais à l’abri d’une porte mal fermée ou d’un chien qui descend un peu vite de la voiture), mais aussi parce que le déplacement en liberté est pour moi une condition sine qua none au bien être du chien. Mais comme un grand nombre de gens, je me suis déjà retrouvée face à des chiens ignorant superbement le rappel, que ce soit les miens ou ceux des autres. Des chiens connaissant parfaitement le signal, chez qui le retour a été renforcé de façon adéquate et qui sont sortis régulièrement.

Alors, pourquoi ça ne marche pas? Comme toujours, il n’y a pas de vérité absolue, pas de formule magique. Mais cet article a vocation a donner des pistes de réflexion qui, je l’espère, vous aideront à comprendre pourquoi parfois, souvent, toujours, votre chien ne revient pas lorsque vous l’appelez.

La première chose à se demander, en particulier pour le rappel, mais c’est valable pour tous les signaux, c’est : Est ce que mon chien est en capacité de réaliser ma demande?

Systématiquement, pour réaliser notre demande, notre chien doit renoncer à ce qu’il est entrain de faire ou à ce qu’il a l’intention de faire. Et ce renoncement est d’autant moins accessible au chien que l’action en cours ou à venir a de la valeur. Cette valeur est à la fois intrinsèque à l’action ( creuser un trou, c’est fun épicétou) et circonstanciel (courir partout après 3jours de repos post ostéopathe, ça fait vraiment trop du bien). Quand la valeur de l’action est trop forte, le rappel passe après.

Pour conserver une valeur élevée au rappel il faut que ses conséquences soient hautement positives et limiter le nombre d’échec. Plus on le demande, plus il est difficile de conserver cette valeur. Il est donc intéressant de se poser la question suivante: est ce vraiment un rappel que je souhaite?
Par rappel, j’entends ici le retour du chien à l’humain. Dans certains cas, cela est nécessaire. Quand il est l’heure de rentrer ou quand un groupe de chevaux arrive à l’horizon par exemple. Mais l’utilise t on vraiment seulement quand il est nécessaire? Parfois, ce dont nous avons besoin ce n’est pas que le chien revienne à nous, mais plutôt qu’il ignore un stimulus ou qu’il reste dans le secteur, ou bien encore qu’il se rapproche. Bref des demandes bien moins contraignantes, et donc beaucoup moins frustrantes, et donc beaucoup plus accessibles au chien.
En demander moins, pour en avoir plus.

Troisième élément et non des moindres, l’ambiance émotionnelle de la balade.
Le premier pendant est assez connu: votre chien ne vient pas à votre rappel, vous retentez, il ne vient toujours pas, vous commencez à vous agacer et là c’est foutu. Bon, ce n’est pas le cas de tous les chiens, mais pour une bonne partie, vous sentant stressé, énervé voir franchement en colère, le chien va fuir votre contact. Pour le rappel, on repassera.
Le deuxième aspect, et on en parle moins, c’est l’état émotionnel du chien. Un chien hyper excité aura bien plus de mal à se contenir pour revenir à vous, et encore plus à ralentir voir s’arrêter pour que vous le récupériez.

Enfin, un point que je ne vais pas beaucoup développer ici parce qu’il y a énormément à dire et que je pense que ce sera le sujet d’un futur article, le relationnel que vous avez avec votre chien. Au delà de la valeur que le signal de rappel a pour lui, construite lors de l’apprentissage, le plaisir qu’a votre chien à être avec vous est un facteur important de réussite – ou d’échec.

Ceci est bien joli, mais concrètement quoi qu’on fait?
Votre rappel a de la valeur, vous avez travaillé pour. Mais pour que cela soit suffisant, il faut que les comportements concurrents n’aient pas une valeur tellement élevée que le rappel à côté, c’est peanuts, et que lui comme vous soyez en situation de réussite.
En d’autres termes, un chien et une relation équilibrés sont le nerf de la guerre du rappel.
Voici donc les pistes promises:

Observez.
Juste observez. Prenez votre chien en balade, libérez le et observez ce qu’il fait. Essayez de vous taire, d’intervenir le moins possible (bon du coup, ne vous baladez pas à côté d’une voie rapide ou dans un parc bondé). Observez ce qu’il fait durant cette balade, ce qu’il choisit de faire lorsque vous n’intervenez pas. Vous pourrez alors avoir une idée de ce qu’il aime et ce dont il a besoin. A t il la possibilité d’avoir ces comportements lors de vos sorties habituelles?

Soyez honnête.
A la lumière de ce que vous savez de votre chien, de vos habitudes et de ce que vous avez observé lors de cette sortie, demandez vous: Mon chien est il réellement épanoui dans le quotidien que je lui propose?
Bouge t il assez? Renifle t il suffisamment? A t il suffisamment d’activité mentale? Physique? Est il satisfait de ses contacts congénères? Est il comblé dans ses besoins de pister, de creuser, de se rouler, de découvrir, d’observer, de cacher, de décider? Hé oui, les balades permettent tout cela et d’autres choses encore.
Si vous avez un doute sur un de ces critères, faites un test. Donnez la possibilité à votre chien de s’exprimer plus dans ce domaine et voyez ce que cela donne.
Certains nécessiteraient de sortir plus, comme un besoin d’exploration insuffisamment satisfait. D’autres pourront trouver une réponse dans une autre activité, comme des jeux d’intelligences pour un chien qui manque de sollicitation mentale.
Mais pour d’autres encore, c’est plus complexe. Comment faire lorsque ce qui manque à notre chien,ce qui fait qu’il a du mal à revenir, c’est qu’il a besoin d’explorer librement, quitte à s’éloigner parfois? (mode vécu on)

Gérer l’environnement.
C’est loin d’être la première fois que j’en parle, et je suis intimement convaincue qu’il s’agit d’un levier important pour bien des problématiques.
Choisissez des lieux, des moments, qui permettent à votre chien de profiter de la balade dont il a besoin, dans le respect d’autrui et en toute sécurité. Pas forcément à chaque sortie, parce que ce n’est pas toujours humainement ou logistiquement possible, mais même de façon ponctuelle, ces bulles d’air donneront à votre chien la possibilité d’accepter des contraintes plus importantes lors d’autres sorties.

Utilisez la commande juste.
Dans cette même logique, donnez à votre chien de l’air en ne lui imposant que le niveau de contrainte nécessaire. Lorsqu’on demande un « Tu laisses », tout ce qui est demandé au chien c’est de ne pas s’occuper d’un stimulus en particulier (un joggeur par exemple). Mais en dehors de ça, il fait ce qu’il veut. Il peut creuser, il peut renifler, il peut marcher ou courir. Un « on y va » chez moi signifie que je me déplace et qu’il faut qu’il me suive. Mais à 1 ou 20 mètres, je m’en fiche un peu.
On peut continuer dans cette voie encore longtemps. L’idée est de faire en sorte que le chien puisse le plus possible profiter librement de sa sortie, sans gêner les autres.

Soyez zen.
Tous les deux.
Travaillez vos signaux ou l’attitude de votre chien face à certains stimuli, et une fois parvenu à ce que vous souhaitez, faites confiance à votre apprentissage.
Apprenez à le connaître et à connaître ses comportements dans les différents lieux que vous fréquentez et ne vous mettez pas en échec (N’allez pas le lâcher là vous savez qu’il part en chasse et qu’il met du temps à revenir alors que vous êtes déjà en retard – expérience familiale désagréable à l’appui).
Apprenez lui à gérer l’intensité de ses émotions afin qu’il soit plus réceptif à vos demandes (en gardant à l’esprit que plus l’événement est rare, plus l’émotion est intense, les 4 premiers points vous aideront sans doute déjà là dessus).

Et enfin, soyez plus proches… Mais on en reparlera ;).

En conclusion, parce que je tiens à ce que ça ne soit pas mal interprété, le message ici n’est pas: Laissez le faire n’importe quoi, il reviendra. Non, il n’est absolument pas question de mettre le chien en danger ou de manquer de respect aux autres usagers.
Le but est de vous aider à prendre conscience de ce que la balade représente pour votre chien, pourquoi en conséquence le rappel peut être si conflictuel parfois, et vous donnez des pistes vers un rapport plus serein.

Finalement, cet article sur le rappel s’inscrit dans la veine de celui sur les sorties et de celui sur le contrôle: Comprendre son chien, le respecter et le guider.

http://cynocity.fr/ce-maudit-rappel/