Interdit ou autorisé: votre chien s'en fiche!

Le 18/12/2014 0

Dans Comportements

Pour changer une mauvaise habitude, interdire à son chien de faire quelque chose et gronder son chien quand cette interdiction n’a pas été respectée, n’est pas efficace. Lisez ce qui suit si votre chien ne vous écoute pas et n’en fait qu’à sa tête, si vous vous sentez obligé de hausser le ton trop souvent, ou si vous êtes sans arrêt en train de dire non.

Quel que soit le ou les problème(s) que vous rencontrez, cet article peut vous aider car il aborde le cœur de l’incompréhension entre les humains et leurs chiens : un conflit d’intérêts qui ressemble à s’y méprendre à une lutte de pouvoirs et qui pousse beaucoup de gens à s’opposer systématiquement même quand ils voient que ça ne sert à rien.

Le piège du réflexe

Interdire est un réflexe (nooonn ! arrête !!!) auquel votre chien réagit par un réflexe :

  • ça ne marche que sur le moment donc ça se reproduit
  • ça vous pousse à perdre patience (qui peut répéter la même chose tous les jours en gardant indéfiniment son calme ?)

Gronder est un réflexe  (qu’est-ce que t’as fait ???) auquel votre chien réagit par un réflexe. Que ce soit lécher votre main, baisser la tête, partir se coucher… il ne vous demande pas pardon. Il essaie de « calmer le jeu » pour assurer sa protection.

C’est bien beau tout ça, mais… que faire ?

Que faire quand votre chien fait quelque chose d’inacceptable, comme grogner sur vous ou grogner après un chien, prendre de la nourriture qui ne lui est pas destinée, mordiller vos pieds… ?

Il faut bien lui faire comprendre que c’est interdit.

C’est justement là qu’est le problème —>ce n’est pas cela que votre chien doit comprendre !<—

Gronder, ça ne marche pas

Gronder son chien a pour but de montrer son insatisfaction juste après un comportement intolérable. Gronder n’a pas pour conséquence de modifier durablement une mauvaise habitude.

Il y a 3 possibilités quand vous grondez :

  1. ça continue
  2. ça empire
  3. ça s’arrête

Oui, cela peut s’arrêter !

Seulement, il se produit le phénomène suivant : votre chien ne vous obéit que parce qu’il se sent menacé. Où est le problème puisque finalement, il obéit et puis après tout, vous ne levez que la voix ? Ce n’est pas une méthode fiable.

Le chien qui obéit par la peur, même minime, n’obéit pas tout le temps. Cela dépend bien plus des circonstances que de sa volonté d’obéir et il peut avoir des réactions imprévisibles. Il peut même estimer, dans certaines circonstances, qu’il est nécessaire de se protéger plus que d’ordinaire. Alors, quand essayer de vous apaiser ne lui est plus utile, il peut vouloir se défendre.

Vous avez compris que gronder est néfaste mais vous continuez de chercher comment faire comprendre à votre chien ce qui est interdit.

Cela ne fonctionne pas mieux.

Interdire, ça ne marche pas

Vouloir supprimer une mauvaise habitude ou interdire de grogner, mordiller, sauter sur les gens, faire ses besoins dans la maison, aboyer sur les passants, tirer en laisse, creuser des trous dans le jardin, monter sur le lit, etc. etc… n’a pas pour conséquence de modifier une mauvaise habitude durablement et de façon saine et sûre = le chien est en confiance, aucune agressivité ne se développe, ça ne revient pas sous une autre forme.

On ne supprime pas une mauvaise habitude. On la remplace par une autre.

Même si c’est très différent, on peut faire un parallèle avec le comportement humain pour y voir plus clair.

Imaginons que vous ayez décidé de ne plus manger de chocolat après le dîner ! Qu’est-ce qui sera le plus facile pour vous, alors que cela fait des mois que vous avez cette mauvaise habitude ? La plupart des gens décident de remplacer le chocolat par autre chose.

Vous ne grignotez pas. Bon. Imaginons que vous ayez décidé de faire des économies. Qu’est-ce qui sera le plus facile alors que vous avez tendance à trop dépenser depuis longtemps ? La plupart des gens décident de remplacer ce qui coûte cher par des choses qui coûtent moins cher.

Et si vous voulez arrêter de vous ronger les ongles,  fumer, vous énerver en voiture, passer vos soirées sur l’ordinateur… allez-vous simplement « arrêter » du jour au lendemain ?

N’allez-vous pas essayer de faire autre chose à la place ? N’allez-vous pas passer par un enchaînement d’étapes, sans doute plus difficiles au début et plus faciles par la suite ?

Qu’est-ce qui marche ?

Interdire et gronder son chien, ça ne marche pas. Le chien s’en fiche de savoir ce qui est autorisé ou interdit. Ce qui marche, c’est de comprendre quel est son intérêt à faire ceci ou cela.

Soit vous êtes d’accord avec cet intérêt, et le problème, c’est la façon dont il veut y parvenir (ex : je veux bien qu’on traverse la rue mais pas en tirant sur la laisse !).

Soit vous n’êtes pas d’accord et le problème, c’est l’intérêt en lui-même (ex : que tu les déchires en miettes ou en lambeaux, je ne veux pas que tu détruises mes chaussures).

Je ne vous dis pas que le chien est un débile incapable de comprendre que vous n’êtes pas d’accord et que vous n’êtes pas content.

Je dis que ce n’est pas dans son intérêt.

Suivez ce raisonnement :

  1. Nos chiens n’ont pas naturellement les mêmes intérêts que nous, la majeure partie du temps. Vous serez d’accord avec ça. Nos chiens ne comprennent pas ce qui nous importe. Prenons ce qui est citoyen, sécurisé, poli ou sociable d’après nous, comme ne pas sauter sur tout le monde dans la rue, ne pas grogner sur le bébé ou ne pas courir après les voitures : c’est très important pour nous et pas pour nos chiens.
  2. C’est à nous de comprendre, trouver et satisfaire l’intérêt de l’animal d’une façon qui nous convient mieux (arrête de tirer et tu pourras traverser la rue !) ou bien lui proposer un tout nouvel intérêt si nécessaire -oui, ceci est plus difficile car il faut commencer par lui montrer que le but à atteindre n’en vaut pas la peine (je vais faire en sorte que tu n’aies plus aucun intérêt à passer tes nerfs sur mes chaussures). Ce n’est pas à l’animal de comprendre, trouver et satisfaire nos intérêts.
  3. Si vous comprenez le point précédent, mais que vous ne parvenez pas à l’ intégrer et à l’appliquer au quotidien : rayez dominant et dominé de votre vocabulaire. Quand vous parvenez à « satisfaire l’intérêt » de votre chien, vous ne vous faites pas « dominer ». Dominer ou être dominé, votre chien s’en fiche encore plus que tout le reste. Si c’est dans notre intérêt de traverser la rue calmement (pour la sécurité), l’intérêt du chien est de vite rejoindre l’endroit où il veut aller. Il a de nombreux intérêts votre chien, cela ne se borne pas à « faire la loi » ou vous « contredire ». Le but du jeu consiste à trouver un genre de terrain d’entente pas de savoir qui décide.
  4. Vous, humain, vous décidez. Vous décidez la plupart du temps parce que vous savez ce qui est plus sûr, plus citoyen, plus sociable, plus agréable pour tout le monde y compris pour votre chien.
  5. Quand votre chien n’est pas d’accord avec ce que vous décidez, vous devez trouver quel est son intérêt pour  qu’il fasse ce qui vous convient en étant heureux de le faire.

Au lieu d’être obligé/forcé de le faire ce qui vous donne un chien qui n’est pas fiable et qui peut développer de l’agressivité.

Votre chien, contrairement à une personne, n’a aucun intérêt à savoir que vous n’êtes pas d’accord ou pas content.

Son intérêt à lui, c’est de savoir ce qui vous fait plaisir.

Pourquoi c’est si difficile de ne pas s’opposer ?

La réponse à cette question mériterait une encyclopédie en 15 volumes mais on va la faire courte.

Entre humains, il y a une infinité de façons d’exprimer notre désaccord. Il semble naturel de s’opposer quand on n’est pas d’accord. Généralement, ne pas s’opposer signifie qu’on accepte.

Votre mari/femme change de chaîne alors que vous étiez en train de regarder un film. Vous ne dites rien : vous acceptez implicitement de ne pas voir la fin du film. En outre, vous avez de nombreuses options pour manifester votre désaccord. De « attends s’il te plaît, il ne reste que 5 minutes avant la fin » à « non mais ho ! », il y a des milliers et des milliers d’options.

Avec le chien, vous n’avez que très peu d’options. C’est pourquoi, si vous entrez dans ce schéma, il y a de fortes chances que cela dégénère. Vous n’allez pas dire à votre chien qui veut traverser la rue en tirant sur la laisse « attends, il ne reste que deux voitures à droite et une voiture à gauche ». Si vous vous opposez, vous lui direz plutôt « non mais ho ! ».

Avec le chien, ne pas s’opposer ne signifie pas que vous acceptez. Cela signifie que vous sortez du schéma réflexe provoque réflexe (je crie sur mon chien –> il baisse la tête). Vous en sortez pour entrer dans un schéma plus efficace : apprendre. Plus efficace et aussi plus exigeant. Il ne suffit plus de dire non ou de gronder son chien.

Cela demande d’entrer un peu dans le monde du chien.

Non seulement ce n’est pas facile pour nous humains, de ne pas nous opposer quand nous ne sommes pas d’accord mais en plus, il faut :

S’opposer est bien plus simple.

Et depuis le temps qu’on nous rabâche que le chien ne peut vouloir que deux choses, dominer ou pas, ça paraît tellement logique.

Pourtant, quand il n’est plus question de réflexes, votre chien apprend des comportements. Quand c’est réglé, c’est réglé !

  • cela ne recommence pas le lendemain, la semaine d’après, trois mois plus tard…
  • cela ne se manifeste pas sous une autre forme…
  • cela ne revient pas avec de l’agressivité…

Si vous vous contentez d’interdire et de gronder quand l’interdiction n’a pas été respectée, vous le faites tout le temps. Certains le font même jusqu’à ce que leur chien soit assez vieux pour ne plus avoir la force de sauter, courir pour aboyer, tirer en laisse etc. Si vous comprenez un peu mieux comment le chien fonctionne, vous obtenez des comportements durables sans faire lui peur et en plus, quand vous faites ça, vous renforcez le lien qui vous unit à votre chien au lieu de le dégrader.

http://ouafmag.com/interdire-a-son-chien-gronder-son-chien/

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