Comportements
Dans cette rubrique, les choses importantes pour apprendre à comprendre nos chiens.
Les choses à faire ou à ne pas faire pour respecter nos compagnons et ceux des autres.
Je récompense beaucoup? Je récompense...Trop?
Le 19/10/2018
Je récompense beaucoup. Je récompense... Trop ?
Est-ce seulement possible de trop récompenser ?
A chaque fois que je dois former un chien, tout n'est que prétextes pour renforcer ses choix. Me regarder. Faire trois pas à mon pied. Revenir lorsqu'il sent la tension sur la laisse. Ignorer un enfant qui l'appelle. Je distribue de la bouffe comme du bonheur en morceaux, parfait cliché raillé par les partisans de l'éducation coercitive.
A chaque fois que nous croisons un chien et ses maîtres, les bonbons partent à chaque regard, à chaque foulée, à chaque étincelle dans ma direction, un choix furtif, une décision minime qui montre que mon élève ne m'oublie pas - car au final, mon but est d'avoir un chien qui ne va voir ses congénères qu'à mon signal, question de respect pour celui qui est en face. Question de sécurité aussi.
Et à chaque fois c'est le même sourire condescendant en face, le même regard qui me dit "il ne t’obéira jamais sans tes saucisses" ... Le fait est que, comme le chien, je continue de faire ce qui marche. Plus besoin de féliciter le plus jeune lorsqu'il tient son assis ou marche sans tirer sur la laisse.
Parce que oui, il a appris que cela payait, et parce qu'il a toujours eu le choix entre moi et l'environnement.
Ce n'est pas "fais ça, et tu auras une friandise" mais "tiens, j'aime bien ce que tu as fait là, voilà une friandise !"
Alors, est-il possible de "TROP" récompenser ? Je ne pense pas.
Je pense qu'on peut MAL récompenser, sans critères précis ou avec un mauvais timing, en ne montant pas nos exigences correctement ou en jugeant mal des distractions qui s'opposent à la valeur de nos croquettes.
Mais je me demande bien qui se plaint d'être "trop" bien payé.
http://cynotopia.fr/
Le conditionnement opérant et les émotions
Le 03/07/2018
Ces derniers temps, je vous ai proposé plusieurs vidéos au sujet du conditionnement opérant et de son lien avec les émotions. Revenons là-dessus. Tout d'abord, ce n'est pas la première fois que nous parlons de conditionnement opérant, mais vous ne le connaissez peut-être pas sous ce terme. Il s'agit de la théorie expliquant ce qu'est le renforcement positif, le renforcement négatif, la punition positive et la punition négative. Nous en avions parler ici par exemple
Dans la première vidéo, nous verrons une présentation de ces termes et nous observerons que nous pouvons les rapprocher d’onomatopées. C'est un truc que j'ai développé pour que ce soit un peu plus intuitif même si ce n'est pas parfait. Ainsi, le renforcement positif devient un très joyeux "YES !", un cri de victoire. La punition négative quant à elle, devient un "Zut", un échec certes, mais un échec qui n'interdit absolument pas de recommencer et d'essayer de trouver une meilleure solution et ceux jusqu'à pouvoir lancer son cri de joie.
En éducation positive, nous travaillons avec ces deux formes d'apprentissages, néanmoins, il est utile de bien connaître la totalité du cadran, même si nous n'utilisons pas tout. Déjà pour s'assurer de ce que l'on emploi et de ne pas utiliser par erreur des mécanismes qui nous déplaisent, mais également parce que la vie du chien est faites d'apprentissage. Il y a tout les apprentissages que vous parvenez à gérer, mais il y a également tout les autres. Ces apprentissages dont on ne veut pas et que le chien subit malgré tout. Vous savez, ce jour où un chien pas commode est arrivé pour apprendre à votre toutou que les autres chiens, ils sont pas toujours sympas. Le jour où cet humain s'est approché trop vite. Le jour où votre toutou s'est fait peur en marchant sur une plaque d'égout. Peu importe la situation, comprendre ce qui vient de se produire pourra vous aider à comprendre et parfois, si nécessaire, à réparer.
Je vous laisse un instant avec la vidéo. Bon visionnage !
Maintenant que le concept de base est posé, nous pouvons commencer à aller un peu plus loin. L'interrogation que je vous soulevais est la suivante : quels liens existent entre le conditionnement opérant et les émotions ? Si nous désirons effectuer une éducation respectueuse, comprendre les émotions est très important. Nous ne voulons pas faire peur, nous ne voulons pas angoisser ou provoquer du stress.
La question des émotions est une question complexe et j'aimerais d'abord attirer votre attention sur ceci : le comportement est une chose visible. L'émotion est invisible. On ne peut que la déduire. C'est quelque chose de très important si jamais nous devons parler de détresse acquise, le chien a l'air d'aller bien. Tout les signes visuels sont plutôt favorables. Néanmoins, ça ne veut pas dire que le chien va réellement bien. Pour comprendre son émotion, il faut étudier la situation dans son intégralité.
Quand on observe un chien avec l'arrière-train bas, la queue entre les pattes, marcher très lentement ... On peut se dire : ce chien a peur. C'est peut-être une très bonne déduction. Néanmoins, le comportement du chien, c'est simplement tenir son arrière-train bas, sa queue entre ses pattes et marcher lentement. On pourrait aller plus loin dans les observations et découvrir que son rythme cardiaque est élevé. On pourrait aller encore plus loin et faire des analyses poussées sur son état en étudiant ses hormones et tout un tas de choses invisibles au simple observateur. Néanmoins, à la fin, nous n'aurions qu'un faisceau de preuves appuyant une déduction.
Le chien ne peut pas faire de témoignages directs pour nous affirmer : effectivement, là, j'ai peur. Donc parler des émotions du chien est toujours un sujet un peu délicat. Parler des effets de l'éducation sur ces émotions l'est encore davantage.
Je vous propose cette vidéo courte sur le sujet.
Cette vidéo pourrait servir d'introduction à une autre forme d'apprentissage qui joue sur les émotions. Il s'agit des associations positives et négatives. Cette petite passerelle peut être une aide pour mieux comprendre ce qu'il se produit lorsque l'on éduque son chien.
Enfin, il m'a semblé important de vous parler d'une dernière chose. Le conditionnement opérant et son cadran peuvent produire des émotions. De la joie, de la frustration, de la peur, ... Mais ce n'est pas le seul lien possible avec les émotions. Lorsque le chien a une émotion inappropriée de part sa virulence ou le simple fait qu'elle apparaisse, nous pouvons décider de passer par la voie éducative. Ce n'est pas la seule voie possible en soit, mais c'est peut-être l'une des voies les plus connues.
Du coup, peut-on éduquer un chien correctement même lorsqu'il ressent une émotion violente ? Que ce soit une émotion que nous avons involontairement (ou pas) provoquée durant la séance éducative ou une émotion déjà présente avant ?
Cette question, elle n'est pas anodine en soit. Elle implique des choix importants en terme d'éducation.
Ce qui nous ramène à l'idée d'origine. La peur peut-elle s'augmenter à coup de renforcement positif ? Nous en avions déjà parler ici. Mais revenons dessus une seconde.
Cette idée reçue est terrible pour plein de raisons mais peut-être surtout parce qu'en ne désirant pas augmenter la peur, ce qui est un but louable, on peut se retrouver à laisser le chien dans une situation anxiogène, ce qui est dramatique d'un point de vue comportemental et physique. Cette inaction n'est pas sans conséquence. Ne rien faire est un choix à part entière. C'est un choix que l'on peut éviter. Ceci étant dit, pour défendre cette idée, nous pouvons retrouver des arguments et il est dommage de voir passer des messages comme quoi "les émotions ça ne se renforcent pas". Le mot "renforce" ici renvoie au renforcement positif, mais même ainsi, ce n'est pas tout à fait exact. Si mon chien est très excité et que je le félicite en lui offrant des trucs géniaux à ses yeux, il est tout à fait possible que son émotion se renforce ...
Peut-être serait-il plus intéressant de comprendre ce concept d'association positive et négative afin de mieux comprendre le chien et d'éviter certaines formes d'erreurs.
https://hund.fr/actualites/le-conditionnement-operant-et-les-emotions/122/
Les mécanismes d’apprentissage, en résumé
Le 03/07/2018
- Le R signifie Renforcement, c’est-à-dire un truc qui fait que le comportement s’intensifie.
- Le P signifie Punition, c’est-à-dire un truc qui fait que le comportement diminue.
Les – et les + sont des machins qui précisent simplement si on ajoute ou si on retire quelque chose. Par exemple, si je dis "Espèce de sale caca" à quelqu’un, j’ajoute un truc. En l’occurrence, c’est une sorte de punition qui est donc une punition + (par ajout). Les + sont dit "positif" et les – "négatifs" sans que ce ne soit un jugement moral.
Comme vous avez pu le voir au début dans la première notation qui était : "R+ P-" et "P+ R-", ça marche souvent par paire. On pourrait aussi parler de combo. Si j’applique un R+ (un renforcement par ajout), il y a pas mal de chance que j’emploi à un moment où un autre une P- (une punition par retrait). Ça tombe bien, ça marche très bien ensemble.
Chacun de ces concepts peut être ramené à un principe de survie. Nous pourrions en écrire tout un tas et les classer ainsi entre les différents types de renforcement et de punition. En voici quelques exemples :
R- : Je marche trop près du mur, je me rappe en permanence le bras, cette situation est pénible, je m’éloigne à titre d’essai, la situation pénible disparaît. Je suis soulagée. Si je veux survivre, il vaut mieux que j’aille vers ce qui me soulage et que je cherche des solutions aux situations pénibles. Ou alors, je vais finir avec une grosse infection ou une belle hémorragie après avoir passé des années dans cette situation. Ceci est un renforcement (augmentation des chances de recommencer) négatif (disparition de la situation), le renforcement en lui-même se fait grâce au soulagement éprouvé.
P+ : Je marche sans regarder devant moi, je me prends un poteau en pleine tête. J’ai une belle bosse. A partir de maintenant, je ferais attention à éviter les poteaux (ou à me déplacer en tracteur pour abattre tous ces p****** de poteau de m*****) sinon, je vais mourir à force de m’exploser la tête de partout. Vous noterez que cette situation peut produire une réponse agressive, car parfois la meilleure des défenses, c’est l’attaque. L’autre solution implique la fuite mais également la vigilance. Ceci est une punition (diminution des chances de recommencer à foncer dans les poteaux) positive (ajout d’un poteau en pleine tête).
P- : Je marche à l’envers sur un escalator et je n’avance pas. C’est marrant sur le coup, mais pour arriver en haut, ça ne me sert à rien, alors j’arrête... Si je passe mon temps à faire des trucs qui ne servent aucun but, je ne risque pas de survivre... ou alors, il va falloir une petite armée d’infirmier pour m’aider. Ceci est une punition (diminution des chances de recommencer) négative (retrait de tout résultat). Notons que si je me pète la figure et que je me cogne le bout du nez sur les marches ou simplement si je me fais peur ce sera une punition positive (ajout de la peur ou / et de la douleur) en plus...
R+ : Je me couche sur mon lit et je suis terriblement bien. Cela permet à mon corps de se reposer et ça augmente mes chances de survie. Ceci est un renforcement (augmentation des chances de recommencer, autrement dit, les lits c’est cool) positif (ajout du bien-être). Je vais recommencer les choses qui m’apportent du bien-être.
Ces principes de bases sont tout bêtes et peuvent s’appliquer à n’importe quelles espèces puisqu’il en va de leur survie. Une espèce qui continue quand ça fait mal, qui ne se sort pas des situations pénibles, qui ne recommence pas ce qui fait du bien et qui continue ce qui n’apporte rien... et bien elle disparaît.
A l’heure actuelle, il existe des éducations canines tout à fait différentes les unes des autres. L’une d’elle s’appuie de façon consciente sur ces principes de survies et a choisi d’en employer 2 uniquement. Il s’agit de renforcement positif (on recommence ce qui fait gagner des trucs cools) et de punition négative (on arrête ce qui ne sert à rien). Ainsi on peut faire augmenter un comportement (par renforcement) ou faire diminuer un comportement (par punition). Avec ces deux "armes", nous n’avons pas besoins des deux autres types de punitions et de renforcement.
Le fait de s’interdire la moitié des principes peut paraître étonnant, mais lorsque lors emploi du R+P-, on augmente l’envie de tester. En effet, l’animal n’a rien à craindre, si ce n’est de devoir essayer autrement... Le pire qui peut lui arriver, c’est que ça ne fonctionne pas.
Au contraire, lorsque l’on emploie du P+R-, on diminue l’envie de tester car tout est à craindre (qui sait quand le poteau surgira ! Méfiance !) sauf le soulagement, mais comme tester peut provoquer des punitions, autant éviter.
Ces deux effets étant contradictoires, ajouter des punitions positives au R+P- a tendance à le rendre beaucoup moins efficace. Le risque de punition positive est un risque assez direct pour la survie, l’éviter est capital. Donc on ne prend pas ce risque à moins d’avoir une motivation excessivement forte.
https://hund.fr/actualites/les-mecanismes-dapprentissage-en-resume/51/
Les signaux d'apaisement (Rappel!)
Le 03/07/2018
Depuis la sortie du livre de Turid Rugaas en 1997, nous parlons des signaux d'apaisement de partout. Ce livre nous a offert un nouveau regard sur les chiens et une compréhension mutuelle. Aujourd'hui, je vous propose un petit retour sur ce livre que j'ai relu pour l'occasion. Il vieillit, certes, mais vieillit-il correctement ? Est-ce qu'il reste ce livre de référence que nous pouvons recommander de partout ?
Il est important de se poser la question, vingt ans plus tard, nous pouvons être surpris de tout ce qui était déjà dit à l'époque. La société met son temps à changer, mais peut-être devrions nous aussi comprendre que l'éducation bienveillante, l'absence de hiérarchie entre l'humain et le chien, tout ça, ce ne sont pas des idées nouvelles. Ce ne sont pas des idées récentes. Il y a vingt-ans, elles étaient déjà là. Alors que j'étais enfant, elles étaient déjà là, en train de prendre leurs places tout doucement. Les livres ont cette immense qualité, ils sont des témoignages du passé.
Les signaux d'apaisement
https://hund.fr/actualites/les-signaux-dapaisement/119/
La dictature de l'amour: leur rôle du chien dans notre vie est-il réduit à celui de toutou?
Le 01/03/2018
Note: tous les noms des chiens sont fictifs pour assurer la confidentialité des clients.
Avertissement: cet article se veut une réflexion sociale sur le rôle que joue maintenant le chien dans notre société. Il ne s'agit nullement d'une critique des modes de vie individuels. Le but n'est donc pas de pointer des gens mais de réfléchir tous ensemble sur la condition canine.
ATTENTION.... CE TEXTE POURRAIT VOUS CHOQUER...
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Cybelle est une femelle duck tolling retriever de 15 mois. Elle vit en milieu urbain. Elle se lèche les pattes intensément, tourne en rond, et détruit le mobilier.
Hubert est un mâle berger allemand de 3 ans. Il vit en banlieue. Il jappe intensément lorsqu'il est dehors attaché dans la cour et lorsque ses humains font du bruit. Il est fortement agité au moindre mouvement.
Johnson est un mâle cocker spaniel de 18 mois. Il vit en banlieue. Il saute dans les fenêtres à la vue de passants, gratte le plancher, vole de la nourriture sur les comptoirs, et détruit tous ses coussins.
Gisèle est une femelle jack russel de 4 ans et elle vit dans un milieu semi-boisé. Elle fugue. Elle se sauve dès que la porte est ouverte. Elle ne revient pas au rappel. Elle saute sur les invités qui viennent à la maison.
Pretzel est un mâle caniche miniature de 2 ans. Il vit dans un condo. Il jappe sans arrêt. Lèche sans cesse les mains de ses humains. Pretzel adore tous les humains et tous les chiens qu'il rencontre.
Tous ces chiens partagent certaines caractéristiques. Ils ont suivi des cours en obéissance. Ils ont été socialisés avant l'âge de 4 mois. Ils sont chouchoutés par leurs humains: jouets, gâteries, attention, affection et caresses ne sont pas rationnés. Vraiment, ils sont gâtés et entourés. Mais ils sont très peu occupés.
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Malheureusement, pour tous ces chiens, leur vie se résume à jouer le rôle de toutou de la maison. Tous ces chiens sont au chômage! Alors ils communiquent ce manque du rôle et ce manque de la dépense énergétique en jappement, en réactivité, en anxiété, en impulsivité. Ils font tout pour meubler le vide créé par l'attente de l'humain au jour le jour, par l'absence ou le peu d'activités sportives, ludiques, masticatoires, éducatives. Alors ce vide se rempli donc de comportements répétitifs (jappements, destruction, vols, fugues, léchage excessif, réactivité aux bruits et aux mouvements, manque de contrôle des émotions). Des comportements naturels dans un environnement rustique, mais dérangeants dans un environnement domestique.
Nos chiens sont passés d'animaux ayant des rôles dans les campagnes ou dans les villes qui occupaient la plus grand partie de la journée (rapport en chasse, protection de territoire, et rassemblement des troupeaux, pistage, pointage etc). On voit de plus en plus de chiens de travail envahir nos milieux où sont absentes leurs tâches traditionnelles (beauceron, border collie, berger australien, berger shetland, duck tolling, berger blanc suisse, etc.). Celui qui participait à notre journée complète de travail, nous attend maintenant à la maison. Mais ce problème, ne se retrouve pas seulement chez les races de travail. Il existe aussi chez les races dites "de compagnie".
Bien des chiens, entre autres (et cela peut également concerner les chats et tous les animaux qui vivent en cage comme les oiseaux, les furets, les rats, les hamsters, les hérissons, les cochons d'Inde, les reptiles, etc), toujours en attente de quelque chose, ils vont peu ou pas du tout dehors, toujours couchés sur leur coussin, dans leur cage, font peu de sports, peu de jeux, ont peu d'interactions inter et intra espèces sur une période de 24h00.
Nos chiens sont-ils réduits à seulement jouer le rôle de "calinours"? Ils sont à la disposition constante des humains pour leurs besoins affectifs de se coller, de toujours caresser. Sont-ils réduit à une vie d'esclave de l'amour? La dictature de l'amour gère-t-elle maintenant la vie de nos chiens? Parce nous aimons les avoir toujours près de nous, afin de répondre à nos besoins affectifs, les privons-nous d'une véritable vie pleine et riche? Notre vie était-elle remplie de tant de choses que nous n'avons plus le temps, ni le goût de leur fournir ce dont ils ont besoin en priorité?
Bien sûr, je suis pour l'affection, comprenez moi bien. Mais pas une vie juste remplie de ca! Personnellement, j'ai le désir de vivre avec des chiens qui ont une "vie de chien", avec des initiatives, des idées, des désirs, qui font tout plein d'activités différentes, et surtout des besoins naturels comblés.
Combien de chiens ne mangent pas de vrai os de peur qu'ils ne se cassent un dent? Alors qu'on sait qu'il y a plus de bienfaits que de dangers. Combien de chiens ne courent pas pour ne pas se blesser? Combien de chiens ne connaissent pas la liberté surveillée? Combien de gens empêchent leur chien de jouer avec les autres chiens de peur de batailles ou pour avoir l'exclusivité de leur attention?
Pour avoir un chien équilibré, il doit pouvoir satisfaire ses besoins naturels, et ce, TOUS LES JOURS. Sans quoi, il vous communiquera, à sa façon (jappement, fugues, destruction, etc) ce ou ces manques ressentis.
Quels sont ces besoins naturels chez le chien auxquels nous devons apporter une l'attention de façon toute particulière (outre tous les besoins physiques de base)?
-bouger, selon les besoins reliés à l'âge, la race, l'état de santé, donc dépenser son énergie
-bénéficier de semie liberté (ne pas être toujours attaché ou enfermé dans la maison ou la cour)
-jouer, un besoin qui pourrait diminuer avec l'âge
-mastiquer et gruger
-apprendre et être stimulé avoir des contacts sociaux intra ou inter espèces (avec les humains et/ou les autres espèces)
-communiquer ou se faire comprendre et comprendre les autres
Le plus on aura comblé au quotidien tous ces besoins selon les caractéristiques de chaque individu canin, le moins on aura de problèmes de comportement. Bien sûr, il y aura toujours des exceptions, mais ces principes s'appliquent à une grande partie des chiens.
Alors nous devons tous nous interroger, et ceci m'inclut, sur ce que nous croyons être une bonne qualité de vie pour nos animaux....et sur ce que le terme "aimer son chien" signifie réellement.. Est-ce vraiment le rôle de toutou qu'il devrait jouer? Notre vision judéo-chrétienne selon laquelle les animaux ont été mis à notre disposition par Dieu, ne devrait-elle pas être remise en question? Se pourrait-il que nous les aimions mal?
Ils ont leur propre vie en dehors de la nôtre. Une vie dont nous sommes responsables mais qui ne nous appartient pas.
Bonne réflexion!
Danielle Gauthier De Varennes
Éducateur canin comportementaliste
FIDÈLE CANIN
Il ne le fait pas « pour toi »…
Le 28/02/2018
« Il ne le fait pas pour toi, il le fait pour la friandise » : voilà comment certains asphyxient de leur jugement sans nuance les tentatives encore incertaines de ceux qui débutent dans une approche des apprentissages renforcés positivement.
Pour tempérer, certains arrivent en expliquant qu’un renforçateur (qui, dans ces groupes de discussion s’appelle toujours « récompense ») ce n’est pas « que la friandise mais aussi la caresse ou le jeu » (ouf, on est sauvés) afin de rassurer la personne en proie à ce doute atroce : « mon chien, bosse-t-il POUR MOI ou pour le petit morceau de fromage ? »
Passons aussi sur le fait que, nous humains, mangeons et ripaillons sans complexe aux naissances, aux fêtes religieuses (même quand on est un mécréant de première d’ailleurs), aux anniversaires de naissance, de mariage et même aux enterrements. A peu près tous les moments importants – ou tout simplement plaisants, même les plus anodins – de nos vies comportent une relation à la nourriture d’une manière ou d’une autre ☺
Car le problème véritable et profond est de savoir si le chien se montre à ce point désintéressé pour « travailler » avec nous (ou pour nous) avec une abnégation absolue ou si, finalement, il n’est qu’un affreux petit opportuniste qui se mobilise uniquement si et quand une friandise est attendue?
En clair : nous aime-t-il « inconditionnellement » ?
Au delà de la technicité et la mécanique du clicker training (où la friandise est la conséquence d’un comportement et jamais son antécédent : en clair, c’est le comportement qui fait arriver la friandise et pas le contraire), au delà d’une approche au leurre, souvent conspuée et pourtant parfois tout à fait apte à diminuer le stress de manière générale, la question est bel et bien philosophique chez certains.
Elle s’inscrit dans cette vision parfois très poétique que nous avons du chien.
« Fidèle » quoi qu’il en soit et qui qu’on soit et qui nous aime plus qu’il ne s’aime soi-même — ce qui lui confère une dimension sanctifiée tout à fait particulière à laquelle certains tiennent dur comme fer :lol:
En effet, on ne peut pas dire que l’amour inconditionnel coure les rues dans notre espèce
L’amour « inconditionnel » est présumé ne rien demander en retour, absolument rien : ce qui m’apparaît comme une option peu raisonnable personnellement et qui implique potentiellement un léger souci d’estime de soi et de ses besoins personnels, je suis plutôt du genre pragmatique… un peu comme les chiens ;-)
Je ne pense pas que le chien n’attende rien en retour dans sa relation à l’humain… il demande qu’on comble ses besoins fondamentaux et moins fondamentaux et, parfois, spécifiques à sa race et, quand on ne le fait pas, les problèmes de comportement arrivent presque inévitablement (certes, il ne s’en va pas mais en a-t-il vraiment le choix au final?)
Je ne pense pas qu’un chien soit « fidèle » quoi qu’il arrive : j’ai récupéré un chien perdu dans la nature qui, en apercevant ses propriétaires chez qui je l’ai évidemment ramené, a ressauté dans mon coffre avec conviction et a pris son air le plus dépité possible quand on a du le rendre, contre son gré, à sa « vraie famille » (il n’a pas eu un très improbable coup de foudre pour ma personnalité charismatique mais, ayant peur de le perdre pendant notre balade, je l’ai gavé de dés de jambon pendant 4 heures créant probablement chez lui le premier historique de renforcement de sa vie).
Les besoins physiologiques et de sécurité comblés, arrivent les autres besoins (cognitifs notamment).
Le clicker training active des circuits émotionnels fondamentaux au bien-être : celui de la compréhension de l’environnement (indispensable à tous les animaux, domestiques ou sauvages d’ailleurs) et celui du jeu… ce sont bel et bien ces émotions (qui favorisent la production d’hormones à l’effet euphorisant) qui rendent les chiens « accros » à un apprentissage bien présenté et maîtrisé, via cette minuscule friandise qui les réjouit et engage dans un premier temps. Il ne s’agit pas d’une distribution désordonnée de friandises mais planifiée et réfléchie. Il y a des conditions assez strictes au renforcement positif – que ses détracteurs ignorent complètement le plus souvent 8-)
En répondant à toute cette panoplie des besoins de nos chiens, se construit ce qu’on appelle la « relation » – une myriade de renforçateurs qui, les uns après les autres, la rendent solide et empreinte de confiance mutuelle (« you are good news »).
Ils ne sont guère différents de nous car, avec nos meilleurs amis, nos compagnons et compagnes, tous ceux que nous apprécions nous partageons également un historique de renforcements parfois kilométrique et qui, en raison de sa solidité, de ses répétitions innombrables, supporte parfois quelques coups de canifs occasionnels s’ils ne sont pas trop méchants (quand les coups de canifs deviennent répétés ou trop violents, étrangement, même les grandes amitiés s’arrêtent). A moins de confondre amour et dépendance, nous fonctionnons considérablement de la même manière
Même notre action la plus désintéressée en apparence, est gratifiante, parce qu’elle nous apporte cette émotion confortable qui nourrit l’estime que nous avons de nous-mêmes…
Nous passons l’intégralité de nos vies à essayer d’échapper à des conséquences néfastes ou désagréables et à rechercher celles qui seront agréables, gratifiantes et plaisantes. Tout ce qui est gratifiant produit de la dopamine et votre cerveau va chercher à reproduire le comportement en question.
C’est ce qu’on appelle communément le conditionnement par apprentissage opérant et qui nous motive même quand on croit que le conditionnement est un gros vilain mot ☺
Quand vous bossez/jouez avec votre chien, au delà de l’apprentissage d’un quelconque comportement, vous lui apprenez, surtout et avant tout, si faire des choses avec nous est quelque chose de gratifiant, qui est générateur de bonheur, de confiance en soi, de confiance en nous ou, au contraire, source de stress, de frustration, d’ennui ou de mal être : à partir de ces conclusions, notre chien « aimera » travailler avec nous ou nettement moins.
On en fera un partenaire enthousiaste ou ce qu’on appelle un chien « distrait » « démotivé » « têtu » « borné » et mille autres étiquettes rassurantes (pour notre estime de nous-mêmes avant tout).
Ne vous culpabilisez pas, ne laissez pas les autres vous culpabiliser si vous souhaitez construire la relation à coups de renforcement – c’est l’unique voie qui existe finalement et, peut-être, est-ce précisément ça « l’amour » ? ☺
« Qu’est donc l’amour sinon une autre définition du renforcement positif ou vice versa? » (B.F. Skinner)
Le 07/01/2018
Souvent le numéro un de toutes les listes des signaux à apprendre au chien, sujet de beaucoup d’articles, source de bien des tensions entre le chien et son humain, le rappel est à la fois la base de l’éducation et la base des ennuis.
Pour moi, avoir un chien qui revient au rappel est un indispensable. Non seulement parce que c’est une assurance vie ( on n’est jamais à l’abri d’une porte mal fermée ou d’un chien qui descend un peu vite de la voiture), mais aussi parce que le déplacement en liberté est pour moi une condition sine qua none au bien être du chien. Mais comme un grand nombre de gens, je me suis déjà retrouvée face à des chiens ignorant superbement le rappel, que ce soit les miens ou ceux des autres. Des chiens connaissant parfaitement le signal, chez qui le retour a été renforcé de façon adéquate et qui sont sortis régulièrement.
Alors, pourquoi ça ne marche pas? Comme toujours, il n’y a pas de vérité absolue, pas de formule magique. Mais cet article a vocation a donner des pistes de réflexion qui, je l’espère, vous aideront à comprendre pourquoi parfois, souvent, toujours, votre chien ne revient pas lorsque vous l’appelez.
La première chose à se demander, en particulier pour le rappel, mais c’est valable pour tous les signaux, c’est : Est ce que mon chien est en capacité de réaliser ma demande?
Systématiquement, pour réaliser notre demande, notre chien doit renoncer à ce qu’il est entrain de faire ou à ce qu’il a l’intention de faire. Et ce renoncement est d’autant moins accessible au chien que l’action en cours ou à venir a de la valeur. Cette valeur est à la fois intrinsèque à l’action ( creuser un trou, c’est fun épicétou) et circonstanciel (courir partout après 3jours de repos post ostéopathe, ça fait vraiment trop du bien). Quand la valeur de l’action est trop forte, le rappel passe après.
Pour conserver une valeur élevée au rappel il faut que ses conséquences soient hautement positives et limiter le nombre d’échec. Plus on le demande, plus il est difficile de conserver cette valeur. Il est donc intéressant de se poser la question suivante: est ce vraiment un rappel que je souhaite?
Par rappel, j’entends ici le retour du chien à l’humain. Dans certains cas, cela est nécessaire. Quand il est l’heure de rentrer ou quand un groupe de chevaux arrive à l’horizon par exemple. Mais l’utilise t on vraiment seulement quand il est nécessaire? Parfois, ce dont nous avons besoin ce n’est pas que le chien revienne à nous, mais plutôt qu’il ignore un stimulus ou qu’il reste dans le secteur, ou bien encore qu’il se rapproche. Bref des demandes bien moins contraignantes, et donc beaucoup moins frustrantes, et donc beaucoup plus accessibles au chien.
En demander moins, pour en avoir plus.
Troisième élément et non des moindres, l’ambiance émotionnelle de la balade.
Le premier pendant est assez connu: votre chien ne vient pas à votre rappel, vous retentez, il ne vient toujours pas, vous commencez à vous agacer et là c’est foutu. Bon, ce n’est pas le cas de tous les chiens, mais pour une bonne partie, vous sentant stressé, énervé voir franchement en colère, le chien va fuir votre contact. Pour le rappel, on repassera.
Le deuxième aspect, et on en parle moins, c’est l’état émotionnel du chien. Un chien hyper excité aura bien plus de mal à se contenir pour revenir à vous, et encore plus à ralentir voir s’arrêter pour que vous le récupériez.
Enfin, un point que je ne vais pas beaucoup développer ici parce qu’il y a énormément à dire et que je pense que ce sera le sujet d’un futur article, le relationnel que vous avez avec votre chien. Au delà de la valeur que le signal de rappel a pour lui, construite lors de l’apprentissage, le plaisir qu’a votre chien à être avec vous est un facteur important de réussite – ou d’échec.
Ceci est bien joli, mais concrètement quoi qu’on fait?
Votre rappel a de la valeur, vous avez travaillé pour. Mais pour que cela soit suffisant, il faut que les comportements concurrents n’aient pas une valeur tellement élevée que le rappel à côté, c’est peanuts, et que lui comme vous soyez en situation de réussite.
En d’autres termes, un chien et une relation équilibrés sont le nerf de la guerre du rappel.
Voici donc les pistes promises:
Observez.
Juste observez. Prenez votre chien en balade, libérez le et observez ce qu’il fait. Essayez de vous taire, d’intervenir le moins possible (bon du coup, ne vous baladez pas à côté d’une voie rapide ou dans un parc bondé). Observez ce qu’il fait durant cette balade, ce qu’il choisit de faire lorsque vous n’intervenez pas. Vous pourrez alors avoir une idée de ce qu’il aime et ce dont il a besoin. A t il la possibilité d’avoir ces comportements lors de vos sorties habituelles?
Soyez honnête.
A la lumière de ce que vous savez de votre chien, de vos habitudes et de ce que vous avez observé lors de cette sortie, demandez vous: Mon chien est il réellement épanoui dans le quotidien que je lui propose?
Bouge t il assez? Renifle t il suffisamment? A t il suffisamment d’activité mentale? Physique? Est il satisfait de ses contacts congénères? Est il comblé dans ses besoins de pister, de creuser, de se rouler, de découvrir, d’observer, de cacher, de décider? Hé oui, les balades permettent tout cela et d’autres choses encore.
Si vous avez un doute sur un de ces critères, faites un test. Donnez la possibilité à votre chien de s’exprimer plus dans ce domaine et voyez ce que cela donne.
Certains nécessiteraient de sortir plus, comme un besoin d’exploration insuffisamment satisfait. D’autres pourront trouver une réponse dans une autre activité, comme des jeux d’intelligences pour un chien qui manque de sollicitation mentale.
Mais pour d’autres encore, c’est plus complexe. Comment faire lorsque ce qui manque à notre chien,ce qui fait qu’il a du mal à revenir, c’est qu’il a besoin d’explorer librement, quitte à s’éloigner parfois? (mode vécu on)
Gérer l’environnement.
C’est loin d’être la première fois que j’en parle, et je suis intimement convaincue qu’il s’agit d’un levier important pour bien des problématiques.
Choisissez des lieux, des moments, qui permettent à votre chien de profiter de la balade dont il a besoin, dans le respect d’autrui et en toute sécurité. Pas forcément à chaque sortie, parce que ce n’est pas toujours humainement ou logistiquement possible, mais même de façon ponctuelle, ces bulles d’air donneront à votre chien la possibilité d’accepter des contraintes plus importantes lors d’autres sorties.
Utilisez la commande juste.
Dans cette même logique, donnez à votre chien de l’air en ne lui imposant que le niveau de contrainte nécessaire. Lorsqu’on demande un « Tu laisses », tout ce qui est demandé au chien c’est de ne pas s’occuper d’un stimulus en particulier (un joggeur par exemple). Mais en dehors de ça, il fait ce qu’il veut. Il peut creuser, il peut renifler, il peut marcher ou courir. Un « on y va » chez moi signifie que je me déplace et qu’il faut qu’il me suive. Mais à 1 ou 20 mètres, je m’en fiche un peu.
On peut continuer dans cette voie encore longtemps. L’idée est de faire en sorte que le chien puisse le plus possible profiter librement de sa sortie, sans gêner les autres.
Soyez zen.
Tous les deux.
Travaillez vos signaux ou l’attitude de votre chien face à certains stimuli, et une fois parvenu à ce que vous souhaitez, faites confiance à votre apprentissage.
Apprenez à le connaître et à connaître ses comportements dans les différents lieux que vous fréquentez et ne vous mettez pas en échec (N’allez pas le lâcher là vous savez qu’il part en chasse et qu’il met du temps à revenir alors que vous êtes déjà en retard – expérience familiale désagréable à l’appui).
Apprenez lui à gérer l’intensité de ses émotions afin qu’il soit plus réceptif à vos demandes (en gardant à l’esprit que plus l’événement est rare, plus l’émotion est intense, les 4 premiers points vous aideront sans doute déjà là dessus).
Et enfin, soyez plus proches… Mais on en reparlera ;).
En conclusion, parce que je tiens à ce que ça ne soit pas mal interprété, le message ici n’est pas: Laissez le faire n’importe quoi, il reviendra. Non, il n’est absolument pas question de mettre le chien en danger ou de manquer de respect aux autres usagers.
Le but est de vous aider à prendre conscience de ce que la balade représente pour votre chien, pourquoi en conséquence le rappel peut être si conflictuel parfois, et vous donnez des pistes vers un rapport plus serein.
Finalement, cet article sur le rappel s’inscrit dans la veine de celui sur les sorties et de celui sur le contrôle: Comprendre son chien, le respecter et le guider.
Ne pas savoir, ne pas comprendre, ne pas voir.
Le 07/01/2018
Un peu comme les 3 singes. La petite trinité des incompréhensions et des quiproquos sont souvent sources de tensions, voire de conflits: ne pas savoir comment l’autre fonctionne, ne pas comprendre ce qu’il nous dit et ne pas le voir, parce qu’on ne peut/veut pas.
Comme dans toute relation, il y a bien sûr bien sûr plein de petits grains de sables qui peuvent se glisser dans les rouages. Mais la théorie de la dominance, la méconnaissance du langage canin et le décalage entre ce à quoi on s’attendait et ce qu’on vit réellement, ce sont plus de gros cailloux que d’innocents grains de sable.
La grille de lecture hiérarchique.
Cela fait maintenant longtemps que la théorie de la dominance, qui faisait loi en terme de comportement canin, a été réfutée.
Toutefois, les habitudes sont bien ancrées et il est encore très courant d’entendre parler de chien dominant ou de la place de chef que nous devrions occuper. Le principal problème de cette vision du chien n’est pas la violence, même si c’est ce dont on parle le plus. Certains se servent bien de cette soit disant dominance pour contraindre les chiens physiquement, trouvant là l’excuse idéale pour justifier un comportement injustifiable. Mais la plupart des propriétaires convaincus d’avoir un chien dominant ne sont pas maltraitants.
Le véritable problème, c’est la lecture des comportements du chien, et donc notre action dessus.
Avec une vision hiérarchique du chien, les comportements sont vus de façon assez binaire : tirer en laisse, voler de la nourriture, être envahissant, monter sur des meubles, entrer dans des pièces interdites, être agressif avec ses congénères, grogner à la gamelle, tous ces comportements sont considérés comme les manifestations d’une attitude dominante.
La solution à tout problème est alors invariablement la même : reprendre la place de chef aux yeux du chien. Ce qui en général veut dire : énorme contrôle exercé sur l’animal, suppression des initiatives et réprimandes des comportements indésirables (verbalement, par intimidation ou isolement).
On ne se pose alors pas de question sur la compréhension qu’a le chien de nos demandes, la clarté de nos indications, nos méthodes d’éducation, le bien être du chien, la satisfaction de ses besoins physiologiques, son insertion dans le foyer…
On voit bien alors comme le fait de voir tous ces comportements de la même façon – comme l’expression d’un mauvais positionnement hiérarchique au sein du foyer – nous empêche d’apporter une réelle réponse au réel problème. Contraindre le chien à se comporter comme on le souhaite peut fonctionner (et encore pas toujours) au sens où les symptômes – et donc les inconvénients pour nous – peuvent disparaître. Mais il ne s’agit que de ça, un pansement sur une jambe de bois.
Mettons que votre chien aboie comme un fou furieux lorsqu’il voit des congénères parce qu’il en a peur (expérience négative, mauvaise socialisation ou port du collier étrangleur avec saccade lors des croisements tiens pourquoi pas). Vous pouvez, en le rabrouant, en le contraignant à rester à proximité, obtenir un chien qui ne moufte plus. Mais cela ne signifie pas qu’il n’aura plus peur, c’est juste ce qu’on appelle de la détresse acquise. Le comportement gênant disparaît, mais pas le stress originel, avec toutes ses conséquences néfastes possibles.
Et il n’y a pas que dans leurs rapports avec nous que la vision du chien selon un modèle hiérarchique pose problème, c’est également le cas lorsqu’il s’agit d’interactions entre chiens.
Si l’on le considère comme une espèce dont l’organisation sociale se fait selon un paradigme dominant/dominé, nous voyons toutes leurs interactions comme le reflet de cette relation particulière. Nous ne voyons pas un comportement d’évitement par exemple, nous voyons un comportement de soumission.
Coupés de la possibilité d’observer de façon neutre les interactions entre nos chiens, pour ensuite leur donner une signification – en fonction du contexte, des individus, des séquences comportementales- nous sommes tout de suite dans l’interprétation. Et la conclusion.
En fonction de ce que nous voyons, nous allons déterminer qui des deux est le dominant, et organiser le respect de cette supposée hiérarchie dans notre quotidien.
Selon le modèle hiérarchique, le dominant passe en premier. Ce qui signifie que celui de nos chiens que l’on considère comme dominant se verra attribuer en premier câlins, gamelles, friandises, jeux etc.
Le but de respecter cette soi-disant hiérarchie est de maintenir des relations pacifiques entre nos animaux. Sauf que l’on risque fort au contraire de créer des situations conflictuelles.
Vos chiens se parlent, communiquent, manifestent leurs envies, leurs besoins, se disent quand ils veulent vraiment quelque chose, quand ils veulent partager, quand ils sont prêts à renoncer.
En donnant systématiquement d’abord à l’un, vous ne leur permettez pas de faire leurs propres choix et compromis. En plus de ces couacs de communication, vous risquez de créer des tensions autour des ressources.
Admettons que l’un de vos chiens soit très porté sur la nourriture. Vraiment beaucoup. L’autre clairement moins. Mais pour différentes raisons (c’est le premier arrivé/ il est plus exubérant/ il rembarre beaucoup son congénère/ il n’est pas commode avec les autres chiens croisés en balade etc), vous avez évalué que c’est l’autre, le dominant. Donc, dans un souci d’harmonie, c’est à l’autre que vous donnez en premier gamelle et friandises. Imaginez la frustration, voire l’angoisse dans certains cas, de l’accroc de la bouffe. En voir, ne pas l’avoir et pire la voir donnée à l’autre chien, quand bien même il lui a clairement signifié qu’il la voulait vraiment, au point de monter sur ses grands chevaux si il le faut. Cela crée de vrais climats de tension.
Et puisqu’il en est question ici, passons à la deuxième grande cause d’incompréhension entre nous et nos chiens.
Le langage canin.
Le terme de langage désigne notamment des actions ou comportements porteurs d’un message. En ce sens il est indéniable que les chiens sont doués de langage.
Mais si il est une condition sine qua none, le langage n’est pas suffisant à la communication. Pour qu’il y ait communication, il faut que le langage soit maîtrisé par toutes les parties prenantes, qu’une action ou un comportement donné corresponde à la même information des 2 côtés.
Or nous ne parlons pas chien. Pas plus que nous parlons coréen. Nous ne le parlons que si nous l’apprenons.
Oh bien sûr nous en comprenons quelques brides. Quelques notions que nous avons déduit du contexte, quelques autres apprises comme ça, à l’occasion d’une rencontre et quelques autres qui nous viennent de ce qu’on peut appeler la culture générale.
Mais c’est bien insuffisant pour vivre ensemble.
Avec leurs petits bruits, leurs aboiements, leurs grognements, leurs hurlements, leurs mimiques, les mouvements de leurs yeux, de leur queue, de leurs pattes, de leur corps tout entier, la façon dont ils se tiennent, la façon dont leurs poils se dressent ou orientent les oreilles, les chiens se disent et nous disent tout un tas de choses.
Malheureusement, bien souvent nous sommes des touristes avec un glossaire auquel il manquerait les ¾ des pages dans un pays inconnu, avec un alphabet, des sonorités et une grammaire très différents.
Alors nous faisons des mauvaises interprétations, des conclusions erronées et … Ca finit parfois en eau de boudin.
Comme par exemple la situation assez classique du chien qui déboule sur vous en balade accompagné d’un « Il est gentil, il veut juste jouer » au loin, alors que les oreilles, les épaules et la queue haute du chien, sa manière d’arriver tout droit et son regard fixe ne vous disent pas tout à fait la même chose.
La meilleure manière d’apprendre leur langue c’est de suivre des stages avec des professionnels aguerris. Mais comme le meilleur n’est pas toujours possible, je vous conseille ces deux livres :
- Les signaux d’apaisement de Turid Rugaas
- Parler chien de Barbara Schöning & Kerstin Röhrs
Jusqu’ici, les moyens de mieux se comprendre étaient clairs, pas simples mais clairs : apprendre, remettre les choses en questions, observer et apprendre encore.
Mon dernier point est plus difficile car il demande de prendre du recul, de se détacher de la situation.
Les émotions qui masquent la réalité.
J’en ai déjà parlé mais c’est une thématique récurrente.
Lorsque nous accueillons un chien, nous avons des attentes envers lui, plus ou moins hautes, plus ou moins réalistes.
Et bien sûr parfois, elles ne sont pas atteintes. Suivant les origines de ces attentes, y renoncer peut être difficiles, douloureux. Alors parfois nous nous voilons la face, faisons comme si de rien n’était et continuons de le traiter comme le chien qu’il n’est pas, de le pousser à devenir ce qu’il ne sera jamais.
Cela peut être ce chien qu’on a acheté pour qu’il soit le meilleur ami de nos enfants, parce que c’est ce dont on a rêvé nous même petit, mais cela ne se passe vraiment comme prévu.
Cela peut être ce chien, arrivé 15ans après la mort du précédent, de la même race, de la même couleur, du même sexe. Un deuil difficile, et finalement on a franchi le cap, transférant tous nos souvenirs, parfois enjolivés par le temps et le manque, sur ce petit chiot qui se révèle finalement être un individu bien différent de son prédécesseur. Mais l’accepter serait comme faire un deuxième deuil, alors on fait comme si on ne se rendait compte de rien.
Cela peut être ce chien dont on rêve qu’il nous accompagne dans notre passion, un sport canin. Sauf que ce chien là, ça ne lui plait pas, ce qui est son droit. Mais on n’est pas prêt à le voir alors on continue à pousser, à trouver tout un tas de raisons au manque d’enthousiasme.
La liste est interminable, nous avons tous nos attentes, tous un chien idéal : celui qui sera notre ombre, celui qui sera le meilleur ami de notre premier compagnon, celui qui montera la garde, nous rassurant même si nous vivons isolé, celui qui convaincra le conjoint que si, finalement prendre un chien était une bonne idée, celui qui nous accompagnera dans notre passion pour les randonnées, celui qui apaisera notre solitude, et ainsi de suite…
Il n’y a pas de jugement de valeurs à faire sur ces attentes, pas de culpabilité à avoir.
Ce qu’il faut par contre c’est être conscient de ces attentes, de leur origine, et ainsi comprendre pourquoi tel comportement nous irrite autant, nous met si mal à l’aise ou en colère.
Savoir pourquoi on attendait de notre chien qu’il se comporte de telle manière, aide à comprendre les émotions qui nous submergent lorsqu’il ne le fait pas. La compréhension est un premier pas vers l’acceptation, un pas vers celui qu’est vraiment notre chien. Un pas vers une meilleure compréhension.
http://cynocity.fr/ne-savoir-ne-comprendre-ne-voir/
Besoin de contrôle et besoins tout court
Le 07/01/2018
Pourquoi éduquons nous nos chiens?
Par sécurité tout d’abord, mais pas que. Par respect pour autrui, par praticité, par confort, par fierté, par culpabilité, par envie, par besoin etc… Autant de raisons qui nous amènent à multiplier les commandes.
Mais jusqu’où pouvons nous aller dans le contrôle de nos chiens sans remettre en cause leur bien être? C’est la question du jour.
Tout d’abord, petit point sémantique. Nous allons parler de demande et non pas d’ordre.
Pourquoi? C’est une question de perception. Si mon chien n’obéit pas à un ordre, je vais me dire qu’il se rebelle, qu’il ne respecte pas mon autorité, qu’il décide sciemment de ne pas m’écouter.
Alors que si mon chien ne répond pas à ma demande, je vais me demander « L’ a t il comprise ? » (l’ai je bien enseignée?) Etait elle correctement formulée? (Mon attitude corporelle et mon intention était en accord avec ce que j’ai dit?) Etait elle juste? (Physiquement, mentalement, émotionnellement?) Etait elle réalisable? (Physiquement, mentalement, émotionnellement toujours).
Bref dans un cas le mot sous entend une rébellion du chien requérant au minimum une réprimande, voir une correction, dans l’autre il invite à se pencher sur les motivations de l’autre. La demande est non seulement beaucoup plus juste, mais elle ouvre aussi beaucoup plus de possibilité d’action en cas de non réponse.
Le deuxième point concerne la façon dont la demande a été enseignée. Elle est toujours corrélée à une émotion et si son enseignement a été vecteur de stress, d’inconfort voir de douleur pour le chien, qu’elle soit demandée 1 ou 15 fois par jour, elle ne sera jamais agréable pour le chien.
Et utiliser des bonbons ne veut pas dire travailler avec un chien joyeux ( tout comme l’absence de bonbon ne veut pas dire l’inverse).
Enseigner de façon respectueuse et positive c’est être clair, précis et constant, dans un environnement non stressant et en respectant les capacités et l’envie de travail de l’animal, en valorisant les bonnes actions et rendant inopérantes celles qui ne nous conviennent pas.
Enfin, troisième point avant d’entrer véritablement dans le vif du sujet, quelles sont les conditions de réalisation de la demande?
Peu importe que vous considériez le couché comme une demande et non un ordre, et que son apprentissage ait été un vrai moment de plaisir pour votre chien, si vous demandé à votre chien qui a peur de ses congénères de se coucher pour laisser passer un chien, vous n’êtes pas juste envers lui. Il n’y a rien de moins naturel que de rester immobile à regarder quelque chose d’effrayant se rapprocher, surtout dans une posture ralentissant le passage à l’action (fuite ou attaque).
Pour en arriver enfin à nos moutons: faire des demandes à notre chien peut il nuire à son bien être?
La réponse est sans aucun doute oui, c’est possible. Et comme souvent, tout est dans le dosage.
Le problème vient il du fait que les chiens ont besoin d’exercer leur libre arbitre? Aucune espèce d’idée, si il y a indéniablement des individus plus indépendants que d’autres, dire que les chiens ont besoin d’être maitre de leur vie et de leurs actions seraient une affirmation très hasardeuse.
Mais voilà les risques auxquels nous exposent trop de demandes (en gardant à l’esprit que le seuil du trop est extrêmement variable d’un chien à l’autre).
- Trop, c’est trop!
Lorsque nous formulons une demande, nous interrompons notre chien dans son comportement, soit dans la phase de préparation ( le chien a vu le chat et va lui courir après), soit dans sa phase active (le chien court après le chat) – Et même dans des circonstances moins évident, comme le chien qui se repose tout simplement. Dans tous les cas nous l’empêchons d’atteindre la finalité de son comportement, sa phase d’apaisement, nous créons donc une frustration. Plus nous interrompons de comportements, plus nous créons des frustrations, plus nous en créons plus il nous est difficile de les compenser. Avec les conséquences possibles suivantes:
1/ Nos futures demandes se verront adresser une fin de non recevoir. Adieu « Stop », « Retour » et autres « Tu laisses », je suis parti en vacances.
2/ Des comportements compensatoires gênants. Comme manger les meubles par exemple.
3/ Apparition de maladies psycho-somatiques ou émotivo somatiques. Stéréotypies, problèmes de peau et autres joyeusetés.
- L’arbre qui cache la forêt.
Parfois, faire disparaître un comportement qui nous dérange en demandant un autre comportement au chien ne fait que masquer un besoin qu’il exprime.
Prenons l’exemple du chien qui tire en laisse. Je peux renforcer, renforcer, renforcer le comportement souhaité = la laisse détendue jusqu’à obtenir une marche en laisse confortable.
Mais voilà, ce chien là tirait en laisse parce qu’il sort trop peu, atteindre les sollicitations de l’environnement est donc bien trop motivant pour qu’il prête la moindre attention à la tension de la laisse, -qui, si elle n’est pas confortable pour nous, ne l’est pas pour lui non plus (en dehors des harnais conçus pour la traction). Et en le sortant juste un peu plus, en répondant à son besoin de promenade, j’aurais obtenu un chien moins excité par son environnement, et qui ne tire donc plus en laisse.
(Il s’agit ici uniquement d’un exemple, un chien qui tire ne cache parfois rien d’autre qu’un chien qui tire).
Éviter les comportements gênants en enseignant d’autres ne fait parfois que masquer le problème.
- I’m lost without you.
A habituer le chien à répondre à une demande dès que l’environnement se modifie un chouilla peut aussi mener à la perte d’autonomie. Le chien apprend que lorsque quelque chose survient, il faut prêter attention à l’humain, que quelque chose va venir. Or, l’équilibre d’un chien provient aussi de sa capacité à faire face à des situations variées.
Cela veut il dire qu’il faut cesser d’éduquer nos chiens pour les rendre plus heureux? Certainement pas. Tout d’abord parce que les règles donnent un cadre au chien, rendent son environnement plus prévisible et donc plus rassurant. Ensuite parce que le bien être de notre chien ne doit pas prévaloir sur celui d’autrui et que ce n’est pas parce qu’on le veut heureux qu’il doit ennuyer tout le monde. Et on le veut heureux et pas mort, il est donc capital qu’il sache répondre à un certain nombre de demandes.
Le but ici est d’amener à une réflexion sur:
- La légitimité de nos demandes
Ai je réellement besoin qu’il soit assis avant de traverser? Je peux avoir besoin qu’il s’arrête au bord des trottoirs, mais ce comportement est suffisant, pourquoi y adjoindre la contrainte d’une position? Ne serait il pas plus équilibré de le laisser choisir dans quelle posture il préfère attendre le signal de libération?
Ai je réellement le droit de demander à mon chien de ne pas aboyer dans le jardin alors qu’il est resté seul pendant 9h et qu’il a beaucoup (vraiment beaucoup) d’énergie à évacuer?
- La façon dont nous construisons les bons comportements
Ai je besoin de mettre un mot sur ce comportement et de demander au chien de l’exécuter ou puis je faire en sorte de l’amener à choisir de lui même le comportement souhaité?
Par exemple, je ne veux pas que mon chien suive les vélos. Je peux enseigner et demander un retour, une marche au pied, une immobilisation (faites vos choix) lors de croisement avec des vélos. Mais je peux aussi le mettre en longe, contrôler la distance d’exposition et bloquer les velléités de poursuite, jusqu’à ce que, ce comportement ne payant pas, le chien se reporte sur une autre activité. Ou je pourrais tenter encore un autre enseignement.
(Ici aussi il s’agit d’un exemple et pas d’une vérité fonctionnant à tous les coups, pour tous les chiens. Suivant l’intensité de la réaction du chien vis à vis des vélos, les raisons de cette réaction, l’environnement, votre maîtrise des différentes techniques etc, le meilleur protocole à mettre en place ne sera pas le même).
- La possibilité que nous offrons à nos chiens d’être simplement des chiens
Des fois, souvent, notre exigence n’est pas de notre fait. L’environnement nous oblige à intervenir, rappeler, contrôler. Vivant en ville depuis que j’ai des chiens, je connais bien cette problématique.
Aussi devons nous demander, est ce que mon chien a la possibilité de répondre à ses besoins de chien, malgré mes 40 rappels par balade pour cause de chien/joggeur/poussette/ personne âgée/vélo/ route/cheval… l’empêchant de suivre la piste qui est au bout de son nez? Et le cas échéant, mettre en place les conditions nécessaires pour laisser notre chien s’éclater dans ce qui fait de lui un chien (du style courir, creuser, pister, se rouler) en modifiant lieu, horaire, météo et destination.
En somme, si l’éducation de nos chiens est un indispensable, ne nions pas l’effort que cette obéissance quotidienne leur demande et soyons justes: pas trop, pas tout le temps, pas trop longtemps.
C’était la tirade du mardi soir! A la prochaine
NB: Il s’agit ici d’obéissance quotidienne et non pas des demandes que nous pouvons formuler dans le cadre de tricks ou autres sports canins qui, si ils sont bien réalisés, sont le moyen de jouer, resserrer les liens et même répondre à certains besoins du chien (raison pour laquelle on devrait choisir le sport en fonction du chien et pas prendre un chien pour faire un sport, mais j’y reviendrais plus tard).
Le 05/01/2016
« Oups, je t’ai mordu, c’était plus fort que moi, j’ai vraiment pas pu me retenir ! »
Comme une cocotte-minute sous pression qui doit relâcher de la vapeur afin de ne pas exploser, certains chiens peuvent, s’ils sont soumis à un stress intense lié à un congénère ou à un humain, et s’ils ne peuvent pas l’atteindre, mordre un chien ou une personne à côté pour en quelque sorte « décharger » leur tension sur un support externe par le biais de leurs mâchoires.
J’ai découvert ce type de conduite agressive un jour au passage d’un portail. Je promenais For Ever et Dyna en laisse dans notre village, et en passant devant la cour d’un labrador, celui-ci s’est jeté sur son portail, crêté de l’échine à la queue, grondant et aboyant toutes babines retroussées. Mes chiens se sont énervés contre lui de l’autre côté, et dans cet imbroglio de menaces et d’excitation, For Ever a mordu l’oreille de Dyna.
Le cartilage auriculaire de Dyna a été ouvert sur 6 cm, ce qui a nécessité une opération sous anesthésie générale, une pose de points de suture et le port d’une collerette pendant une semaine.
J’ai au début cru au hasard, mais le hasard n’existe pas dans les comportements canins, et une amie comportementaliste m’a éclairée sur la cause de cette morsure si grave que For Ever a infligé sur la chienne qui partage sa vie, Dyna.
C’était une agression redirigée.
Pourquoi tant de violence?
La morsure, dans le cas d’une agression redirigée, est là pour évacuer la tension interne, pour que le chien s’apaise et rétablisse son homéostasie (son équilibre intérieur).
Souvent, elle surprend par son aspect automatique et non réfléchi : le chien s’énerve, s’excite vers quelque chose, et d’un coup il se retourne et mord la première chose qui se présente à sa mâchoire (la main ou la cuisse de son maître, ou le chien paisible d’à côté qui n’a rien demandé…), puis il retrouve son calme dans la foulée.
On pourrait presque penser à une morsure réflexe, qui répond à un besoin intrinsèque très fort.
La morsure peut juste être « posée » (le chien pose ses crocs et les retire immédiatement) tout comme elle peut aussi être totalement désinhibée dans la pression et le blocage des mâchoires, en fonction de l’intensité du stress vécu par le chien et de ses propres autocontrôles.
Les différents scénarios d’agressions redirigées
Les bagarres de chiens : quand les humains s’en mêlent…
On dit souvent qu’il ne faut surtout pas séparer à mains nues des chiens qui se battent, et c’est bien vrai.
Et pourtant, face à une bagarre, notre première réaction – encore plus si notre propre chien prend part à la bagarre – est de se jeter dans la mêlée pour saisir par la queue, le cou, le collier, le harnais, les chiens qui se battent.
Et c’est souvent là qu’un chien se retourne et mord son propre maître.
Non pas par méchanceté, vengeance ou dominance.
Mais juste parce que le stimulus perçu (votre main le harponnant) a redirigé sa conduite agressive sur un autre support : votre main, votre bras (ou pire : votre visage).
Les chiens dans les cours et jardins
Dans mon autre vie professionnelle, je suis factrice à la Poste, en bicyclette, souvent dans des zones pavillonnaires avec des jardins et des chiens, qui m’accueillent chaque jour plus ou moins amicalement.
Dans certains jardins, les chiens qui sont à deux, trois, ou plus, on tendance a créer un mouvement d’agression de groupe envers moi, l’inquiétante factrice à bicyclette qui chaque jour les nargue du haut de mon vélo jaune.
Ils rugissent derrière leurs portails, se gonflent, claquent des dents derrière leurs grillages, puis subitement, il y en a un qui s’en prend au chien d’à côté et le mord violemment. Et l’état de stress général retombe alors comme un soufflet.
Ce phénomène touche tous les chiens, du Yorkshire au beauceron, quels que soient l’âge ou le sexe.
C’est une agression simple à comprendre : le chien ne pouvant pas atteindre ce qu’il tente d’agresser, redirige alors son agression sur son congénère qui se trouve à sa portée.
Les chiens réactifs en laisse
Mon chien For Ever (le perceur d’oreille de Dyna) a, comme vous l’avez compris, des tendances à rediriger ses agressions quand on passe devant les portails des chiens qui l’irritent dans le village.
Au plus haut de son excitation, souvent, il se retourne et me pince la cuisse, le genou… ou un autre chien qui se balade avec nous.
Il relâche sa pression émotionnelle par ce biais : par ses crocs, sur un support à sa portée.
Que peut-on faire ?
Pour éviter que votre chien redirige son agressivité sur vous ou un congénère, le mieux à faire est d’anticiper au maximum les situations irritantes pour votre chien, et d’utiliser tous les moyens possibles pour qu’il ne monte pas en excitation. Moins il ressentira de stress, moins il aura besoin de décharger ce stress sur un support extérieur.
Le conditionnement avec du renforcement positif fonctionne bien, n’augmente pas l’état de tension interne du chien, et ne le met pas en échec.
En pratique
Dans la rue : Vous pouvez apprendre à votre chien à garder son attention sur vous, en présence du stimulus irritant. Il vous regarde, vous le récompensez (avec sa friandise préférée bien sûr). Petit à petit vous réduisez la distance avec la source de son stress, en continuant à veiller à ce qu’il garde son calme et son attention sur vous.
Vous pouvez aussi augmenter la distance avec l’objet de son énervement, pour diminuer le stress de votre chien (changer de trottoir, prendre une autre rue par exemple…). Ce n’est pas fuir le problème, c’est agir intelligemment en respectant les émotions de votre chien.
Une fois votre chien calme, vous pouvez lui donnez des friandises, pour le récompenser et créer une association positive avec l’objet de son stress situé au loin. Puis, progressivement, vous pouvez réduire la distance qui vous en sépare (comme expliqué plus haut).
Dans le cas d’un chien au profil émotionnel trop sensible, qui ne sait pas encore gérer son stress et son agressivité, vous pouvez vous aider d’une muselière « panier » pour vous protéger et protéger les chiens qui vous accompagnent, pendant la période de conditionnement.
L’utilisation d’un boudin (les boudins en toile avec poignée que l’on trouve dans les animaleries) est aussi un excellent support pour rediriger la morsure de votre chien dans les premiers temps. Il se retourne, vous lui présentez le boudin, il le mord et s’apaise. L’inconvénient du boudin est que souvent, on manque de mains pour le tenir : une main tient la laisse, une main tient le sac à crotte, on essaie de donner des friandises, et du coup on ne sait plus comment se dépatouiller avec cet encombrant accessoire. On peut néanmoins le tenir par sa poignée enroulée autour de notre poignée, ainsi il est toujours accessible.
Les bagarres : Quand on veut séparer deux chiens qui se battent sans y laisser une main, la meilleure des choses à faire est de ne pas y mettre les mains.
Un grand bruit inhabituel peut surprendre les chiens, et les faire cesser un instant leur bagarre. Pendant cet instant de flottement, chaque maître peut rappeler son chien.
Attention, même si la bagarre est « mise sur pause » grâce au bruit inhabituel, l’état de stress des chiens n’est pas encore retombé, et vous pouvez toujours vous faire mordre.
Vous pouvez aussi demander à tous les personnes autour de s’écarter et de partir. Souvent, faute de spectateurs, le spectacle s’arrête, et les chiens cessent d’eux-mêmes leurs affrontements pour rejoindre leurs maîtres respectifs ou leurs petites occupations.
Dans tous les cas, n’oubliez pas qu’il ne sert à rien de gronder ou punir un chien qui vous a mordu ou a mordu un congénère dans le cas d’une agression redirigée.
Votre chien a mordu pour décharger sa tension interne.
C’est à vous de faire en sorte d’anticiper les situations anxiogènes pour lui, de lui apprendre à rester calme de façon positive ou de rediriger de façon consciente et intelligente son stress sur un support neutre si besoin est.
https://toutouandyou.wordpress.com/2016/01/03/les-agressions-redirigees/
Pourquoi mon chien devient-il incontrôlable lorsqu’il rencontre un autre chien?
Le 05/01/2016
Vous marchez le vent dans les cheveux, les narines humant l’air frais, le cerveau en extase devant cette journée qui s’annonce magnifique quand… Votre bras devient tendu à l’extrême, tentant de rester en un seul morceau : Fido a décidé qu’aller voir un autre chien valait bien une visite chez le chiro!
Votre première réaction est sans doute de donner une violente secousse sur la laisse pour tenter de calmer votre chien. Votre copain poilu devrait bien finir par comprendre que vous détruire ainsi les épaules n’est pas une sage décision. Toutefois, bien que vous ayez puni votre chien à des centaines de reprises, son comportement ne semble pas s’améliorer.
Pourquoi mon chien est-il réactif?
Il existe deux raisons qui expliquent la réactivité chez les chiens : l’individu canin est frustré, car il n’a pas accès à un congénère, qu’il voudrait bien comme partenaire de jeu, ou il a tout simplement peur de ces êtres à quatre pattes.
Ce qui suscite les comportements suivants :
- Tirer sur la laisse
- Gémir
- Japper
- Sauter
- Faire des « appels au jeu »
- Grogner
- Avoir le poil de l’échine dressé
- Manifester des signaux d’apaisements
Conseils pour un chien réactif/agressif/anxieux
Se rendre plus intéressant que les distractions (autres chiens) en échangeant ses marques d’attention contre des récompenses, son jouet favori ou des encouragements verbaux. De façon générale, l’utilisation de nourriture donne de meilleurs résultats, car elle est tout simplement plus facile à utiliser et plus motivante dans bien des cas.
Pratiquer l’exercice de « focus » au Clicker. Apprendre à votre chien à vous regarder est un comportement alternatif que nous utiliserons pour permettre à l’animal de faire un choix : regarder son propriétaire et avoir une récompense OU tirer machinalement sur la laisse et ne rien recevoir. Faites en sorte que le motivateur (récompense) que vous utilisez soit assez puissant pour susciter son intérêt.
Ne jamais laisser votre chien entrer en contact avec un autre chien lorsqu’il tire ou réagit : il répétera alors ces comportements (sauter, tirer, japper) afin d’être récompensé à nouveau (avoir accès à l’autre chien).
Aller pratiquer ces exercices lorsque vous croisez d’autres chiens dans la rue, et même autour de parc à chiens afin de faire des mises en situation. Aucune modification comportementale n’est possible sans pratique régulière.
Ne surtout pas punir votre chien lorsqu’il manifeste des signes d’anxiété, d’agressivité ou de stress. Encouragez-le plutôt à regarder les autres chiens dans le calme en lui offrant des récompenses goûteuses pour changer sa perception des autres chiens : ils n’évoqueront plus le danger, l’inquiétude ou la souffrance, mais l’apparition de friandises.
Ne pas laisser votre chien entrer dans sa zone de réaction ( travaillez à distance ) . Il vaut mieux vous éloigner de sa source de craintes et travailler sur sa réactivité à une distance plus élevée.
Mon chien est réactif uniquement lorsqu’il est en laisse
Lorsque votre ami canin est en liberté, ses contacts avec les autres chiens se déroulent à merveille alors qu’il en est autrement lorsque vous tenez la laisse? Voici quelques explications possibles.
Un être vivant peut utiliser quatre solutions lorsqu’il se sent en danger :
- Ignorer le problème
- Fuir
- Attaquer
Toutefois, lorsqu’il est en laisse, il est impossible pour Fido de prendre fuite. Ainsi limité dans ses mouvements, il est possible que votre animal de compagnie choisisse les dernières options disponibles :grogner, japper et sauter dans les airs avec tant d’exubérance que son « adversaire » prendra fuite. Et, effectivement, cette solution semble très adaptée puisque l’autre chien s’en va en direction opposée à tout coup. Le propriétaire de l’autre chien ne fait pourtant que continuer son chemin, petit détail que Poilu comprend autrement!
Ne pas donner de coups/secousses sur la laisse
Il est important de ne pas brusquer votre animal lorsque vous souhaitez changer son comportement. Toutes les sensations négatives que vous créerez :
- Augmenteront son anxiété
- Augmentent les risques d’agression redirigée
- Lui donnent une perception négative des autres chiens et de l’environnement auquel il est exposé
Habituellement, lorsque nous punissons un chien, nous attendons qu’il ait atteint son seuil de réactivité. Aussi stressé et anxieux, il est pour lui devenu impossible de tirer un quelconque apprentissage de cette expérience : la correction physique est donc inutile.
La punition peut aussi donner un faux sentiment de sécurité. Lorsqu’elle fonctionne, les comportements sont tout simplement inhibés et les besoins de votre chien (celui de se sentir en sécurité) ne sont pas respectés. Le chien qui a été corrigé alors qu’il grognait ou jappait pour manifester son inconfort pourrait dorénavant mordre sans avertissement.
En période de réhabilitation, observez davantage votre environnement afin de ne pas brusquer votre animal :
- À partir de quelle distance réagit-il?
- Dans quels lieux réagit-il?
- Son attitude est-elle la même le jour que la nuit?
- Quel type de chiens le rendent-ils réactif?
Lorsque vous désensibilisez votre chien, n’hésitez pas :
- À augmenter la distance avec les autres chiens et à progresser par petits défis
- À utiliser un motivateur plus puissant : Saucisse « hot-dog », fromage…
- À utiliser des outils d’entraînement adaptés : harnais, licol, etc.
- À pratiquer des exercices ciblés qui vous permettront d’augmenter la valeur de votre relation et la confiance de votre chien ( exercices au clicker, rappel, marche en laisse détendue, jeux libres )
Voici une vidéo qui vous aidera à comprendre la marche à suivre pour utiliser conjointement la désensibilisation et le contre-conditionnement pour changer le comportement de votre copain poilu !
Pour un chien calme et bien dans ses poils…
Ces conseils peuvent s’appliquer pour n’importe quel problème de comportement relié à la réactivité, que la cause des craintes ou des frustrations de votre chien soit des chiens, des écureuils ou des étrangers.
Toutefois, n’oubliez pas de respecter le rythme de votre chien, de bien interpréter les signaux qu’il vous donne, de renforcer correctement les comportements que vous jugez adéquats, et, surtout, de progresser par petits défis en n’ayant crainte de réduire vos exigences, pour les augmenter par la suite!
http://www.demaindemaitre.ca/conseils-chien-agressif-laisse-promenades/
Le 05/01/2016
Un chien agressif n’est pas un « méchant chien ». Les concepts du « bien » et du « mal » de la moralité humaine ne sont pas présents dans la communauté canine et si Fido est agressif c’est simplement parce que cette agressivité lui est utile. C’est, en effet, une interaction efficace entre deux ou plusieurs individus.
En effet, elle peut lui permettre de faire cesser une situation stressante ou de garder un territoire, un objet, etc. Lorsqu’un chien est agressif, il est donc urgent de consulter un éducateur canin afin que les motifs d’agression soient identifiés pour mettre en place un plan d’intervention adéquat.
Victime et agresseurs sont souvent confondus, et participent même chacun de leur côté à l’intensification des actes agressifs.
L’agression résulte souvent d’un profond manque de communication :
Le chien caressé souhaite la fin d’un contact qu’il n’apprécie pas. Il tentera d’exprimer en langage canin son inconfort ( signaux d’apaisements ) puis, de fuir. Frustré ou apeuré, il utilisera donc la dernière solution qu’il connaît : intimider, attaquer. Le maître, choqué, pourrait en venir à punir l’animal, ce qui pourrait faire escalader l’intensité des agressions – des deux côtés. Au fond, les deux êtres ne savent tout simplement pas comment communiquer de façon adéquate, ce qui a comme effet de saboter la relation existante. Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Bien qu’il faille prendre au sérieux les risques liés à la présence d’un chien agressif, l’euthanasie n’est pas une solution et une thérapie comportementale adaptée pourra faire de votre chien un excellent compagnon.
Pourquoi un chien est-il agressif?
Les causes médicales
La première chose à faire lorsqu’un chien se montre agressif est de l’amener chez le vétérinaire afin que celui-ci vérifie la présence de douleur ou toute autre cause médicale pouvant expliquer l’agressivité :
- Douleur
- Fièvre
- Troubles hormonaux
- Démence sénile
- …
La peur et l’anxiété
La très grande majorité des chiens agressifs sont simplement des chiens peureux ou anxieux qui ne connaissent pas d’autres moyens de gérer une situation qui les inquiète :
- Un inconnu tente de s’introduire sur son territoire.
- Quelqu’un tente de lui dérober de la nourriture ou un objet.
- Le chien est frustré car il n’est pas manipulé d’une façon qu’il trouve plaisante.
- …
Fido comprend rapidement que l’agressivité est un outil ( le dernier qu’il lui reste ) efficace:
- Lorsqu’il jappe et montre les dents au facteur depuis la fenêtre celui-ci fini toujours par s’en aller.
- Lorsqu’il « snappe » celui qui tente de lui dérober son os, il le laisse en paix.
- Lorsqu’il mord alors qu’on le caresse, nous retirons notre main.
Comprendre le langage de votre chien
Avant d’attaquer, de mordre ou de grogner, votre chien a probablement tenté de communiqué son inconfort par rapport à la situation qui le rend anxieux/inconfortable. Puisque ces signaux n’ont pas étés entendus, il a dû communiquer son inconfort d’une manière plus explicite : grondement, montrer les dents, « snapper ». Si votre chien a mordu, mais que vous ne vous êtes pas rendu à l’hôpital, c’est qu’il a contrôlé sa morsure afin de vous donner une dernière chance. Les morsures réelles sont rares, heureusement.
En suivant ce raisonnement, vous pourrez comprendre qu’un chien qui grogne n’est pas « agressif » : il tente au contraire d’éviter cette agressivité!
Même si votre chien a mordu, il est possible de le réhabiliter en changeant ses perceptions des situations qui le dérangent.
Voici une liste des signaux d’apaisements/moyens de communications les plus utilisés – ils sont universels et utilisés par tous les chiens :
- Détourner le regard/la tête
- Avoir le regard figé
- Avoir la bouche fermée ainsi qu’une mimique faciale tendue
- Se lécher les babines/la truffe
- Bâiller
Vous devrez aussi prendre en compte l’ensemble des postures utilisées par Toutou afin de vous faire une idée juste de ses émotions. En ce sens, nous vous conseillons d’être sous la supervision d’un comportementaliste canin afin d’éviter les faux pas.
Punir ou non un chien qui grogne ou mord?
Il est contre-productif de punir un chien pour ses comportements agressifs.En effet, cela aura pour effet d’empirer la situation de crise ou bien d’inhiber certains comportements reliés à l’agressivité. Dans le cas ou certains comportements sont inhibés, l’émotion vécue par le chien ne change pas : s’il est en colère, frustré, anxieux ou apeuré il le restera. Il cessera tout simplement de communiquer avec nous de cette façon car il craindra nos représailles. ( voir notre article sur les méthodes d’entraînement canin )
Dans certains cas, punir un chien agressif peut causer :
- La redirection de l’agressivité vers autre chose à sa portée
- L’arrêt des tentatives de communications avant de passer à l’attaque
- Des attaques spontanées, impulsives, imprévisibles
- Des troubles paniques généralisés
- Le syndrome de l’impuissance acquise
Des solutions pour un chien réactif ou agressif
Les méthodes de conditionnement classique et de conditionnement opérant apportent les solutions les plus efficaces et sécuritaires en ce qui concerne le traitement de l’agressivité canine. Une exposition graduelle aux stimuli qui font peur au chien en contrôlant le niveau d’anxiété afin qu’il demeure « gérable » sera aussi de mise. Peu à peu, il faudra apprendre au chien réactif, agressif ou stressé que les situations anxiogènes sont, tout compte fait, positives et synonymes de plaisir.
Par la suite, il sera aussi possible de lui apprendre un comportement alternatif à l’agression en cas d’exposition : marcher à nos côtés et nous regarder est un comportement alternatif très pratique dans les cas de chiens qui sont agressifs lors des promenades.
Nous apprendrons aussi au chien que nous le comprenons, et nous ferons en sorte que la situation anxiogène cesse lorsqu’il manifeste des signaux de stress. Il n’aura plus besoin de passer à l’agression pour nous faire comprendre qu’une situation l’inquiète.
L’exercice physique et les stimulations mentales auront une place importante dans le plan d’intervention. Il est effectivement prouvé que le sport diminue considérablement le niveau de stress et d’anxiété puisqu’il active la production de sérotonine, un antidépresseur naturel.
Il est important d’être conseillé par un comportementaliste canin pour vous permettre de mettre en place une intervention adéquate.
La race et le sexe
Certaines races sélectionnées pour leur capacité à protéger et à attaquer auront plus tendance à démontrer des signes d’agressivité, bien que la génétique n’explique jamais 100% des comportements de notre toutou. Toutefois, il faut noter que les études scientifiques ne nous permettent pas d’affirmer qu’une race de chien agresse plus qu’une autre.
Les mâles auront aussi plus tendance à être agressif pour défendre leur territoire ou leur désir de s’accoupler alors que les femelles seront plus agressives pour défendre leurs chiots.
Les maîtres ayant des petits chiens auront plus tendance à les surprotéger, ce qui pourrait à long-terme les rendre plus anxieux par manque de socialisation… Et éventuellement agressifs.
Par contre, peu importe la grosseur, un chien peut blesser gravement des adultes comme des enfants, et les comportements agressifs doivent toujours être adressés avec sérieux.
La prévention des morsures chez le chien
La socialisation du chiot sera la clé : un chien ayant appris en bas âge à interagir de façon saine avec son environnement sera moins stressé. De plus, les espèces auxquelles il aura été socialisé avec succès ne seront jamais des proies potentielles pour lui ( agressivité reliée à la prédation ) .
De plus, apprendre à comprendre et à communiquer avec votre chien dans son langage s’avère être l’un des moyens de préventions les plus efficaces.
http://www.demaindemaitre.ca/solutions-chien-agressif-agressivite-comportement-canin/
Le 05/01/2016
Soumis à nos lubies les plus folles, dressés par le biais de méthodes coercitives, non respectés dans leur être et leur identité, nombre de chiens apprennent, dans la douleur, qu’il ne sert à rien de lutter : ils sont en état de détresse acquise, une forme de dépression dont, malheureusement, l’on ne parle guère.
Martin Seligman, chercheur en psychologie, professeur à l’université de Pennsylvanie, formula à la fin des années 60 sa théorie de l’impuissance apprise (learned helpness), depuis largement adoptée par la communauté scientifique internationale. A l’aide d’expériences menées sur des chiens, il démontra qu’un individu, humain ou animal, placé dans l’incapacité de contrôler les événements survenant dans son environnement, adopte une attitude résignée et passive. On la dit « apprise » car, même si l’individu a ensuite la possibilité d’agir sur ce qui lui arrive, il reste sans rien faire, comme anesthésie, sidéré.
L’expérience de Seligman (et de son équipe) fut la suivante : il soumit des chiens entravés à des chocs électriques. Les chiens pleurèrent, hurlèrent, tentèrent d’échapper à leur sort. Puis ils renoncèrent et se couchèrent au sol, manifestant des symptômes semblables à ceux de la dépression humaine. Lorsque Seligman les laissa libres de pouvoir s’échapper, il s’aperçut que les chiens ne tentaient plus de fuir la douleur : ils avaient appris à l’accepter avec résignation.
De nombreuses espèces sont concernées par l’impuissance acquise : il n’y a qu’à penser à cette célèbre scène de « L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux » lorsque, vaincu et rompu, le cheval ploie l’échine devant son bourreau « chuchoteur ». L’être humain, lui aussi, peut, suite à des traumatismes, du stress ou des situations répétées de double contrainte, perdre sa capacité à rebondir, à s’adapter. Il subit alors anxiété, apathie, dépression, perte de motivation, parfois de manière irréversible. L’actualité de ces dernières années fournit en nombre des exemples de ces désespoirs parfois mortels.
Des états de détresse acquise plus nombreux qu’on ne le pense
Les états de détresse acquise sont plus fréquents qu’on ne l’imagine chez nos chiens de compagnie, forcés de mille manières à se plier à notre volonté : attachés en bout de chaîne, enfermés toute la journée, dressés à l’aide de méthodes irrespectueuses, violentes et coercitives, affublés de colliers anti-aboiement (électriques ou à citronnelle)… autant de situations auxquelles ils ne peuvent pas se soustraire et qui, de fait, les plongent dans la résignation la plus profonde qu’à tort, nous prenons pour un apprentissage positif, du bon tempérament ou du « simple » conditionnement.
Prenons l’exemple du collier anti-aboiements : le chien ne peut pas fuir les décharges puisqu’il a en permanence le boîtier attaché au cou. Et dès qu’il vocalise (comportement naturel pour lui, rappelons-le !, parfois même, de surcroît, encouragé dans certaines circonstances), il se voit délivrer une décharge (électrique ou odorante) à laquelle, inévitablement, il ne peut rien comprendre. Il va peut-être apprendre à se taire, mais au prix de quelle souffrance psychique ? Certes, le comportement gênant aura disparu, mais pourquoi ? Tout simplement parce que le chien aura appris qu’il ne sert à rien de résister.
L’on peut aussi citer ces chiens d’exposition, bêtes à concours laquées, talquées, brossées, pomponnées, parfumées, parfois même colorées, et qui, une fois sur le ring de beauté, sont saisis de part et d’autre du corps, une main sur le museau, une main pour redresser la queue à la verticale, mis et remis en place malgré le bruit et la chaleur : n’ont-ils pas, eux aussi, fait l’apprentissage que rien ne sert de se défendre ? Ces chiens apparemment si dociles sont, en fait, en état de détresse acquise : ils ont capitulé…
Que voulons-nous pour nos chiens ?
Est-ce réellement ce que nous voulons pour nos chiens que, par ailleurs, nous disons chérir de tout notre cœur ? Aimer, n’est-ce pas respecter l’autre dans son identité propre, dans sa différence? N’est-ce pas apprendre à le connaître pour ne pas lui demander plus que ce qu’il peut donner ? Aimer, c’est aussi ne plus vouloir, à tout prix, un compagnon parfait, mais plutôt un compagnon heureux et équilibré. C’est ne pas le forcer à subir nos mille fantaisies coûte que coûte, mais accepter qu’il soit un chien, et non pas un substitut d’humain. Un chien qui exprime son désir, qui réagit, qui interagit, et qui nous « dit » parfois, à sa manière, que ce qu’on lui demande ne lui plaît pas. A nous de tolérer de n’avoir pas systématiquement gain de cause. Et de viser sa coopération et sa collaboration plutôt que sa « soumission ».
Marie Perrin
http://marieperrincomportementaliste.wordpress.com/2015/12/15/ils-ont-capitule-la-detesse-acquise/
Apprendre à mon chien à marcher en laisse sans tirer
Le 29/08/2015
Vidéo à voir et à revoir, sans aucune modération jusqu'à une parfaite compréhension de la méthode!
Regardez, écoutez, comprennez, appliquez.
Le 01/02/2015
Beaucoup de chiens chevauchent. Pour les personnes qui vivent avec ces chiens cela peut être embarrassant ou bouleversant. Pour nous, les Humains, parler de sujets liés à la sexualité n’est pas toujours facile, surtout quand nos chiens bien-aimés deviennent impudiques devant nos invités. Pour beaucoup d’entre nous, les chiens sont de mignons petits bébés innocents. Je pense qu’il est temps de se souvenir que ce sont aussi des animaux, des animaux avec des comportements liés à des pratiques routinières à leur propre survie. cela inclut le comportement sexuel comme le chevauchement.
Ce qui déroute beaucoup de gens, c’est que les chiens chevauchent dans des situations qui n’ont rien à voir avec la reproduction. J’ai un client dont le chiot âgé de 4 mois chevauche un animal en peluche. Nous avons nous-même surpris notre chien Stewie chevaucher son lit. Des chiens chevauchent aussi la jambe des Humains. Les professionnels de la pension canine voient des chiens chevaucher toute la journée, les mâles castrés comme les femelles stérilisées. Il semble n’y avoir ni logique ni raison. Que se passe-t-il ?
J’ai demandé à Jean Donaldson, formatrice, éducatrice et auteur du livre « The culture clash, train your dog like a pro« . Elle a mis en avant la Séquences Action Modèle. Ce sont les comportements que tous les chiens utilisent pendant les combats, la fuite, l’alimentation, et la reproduction. Il a dit, « toutes les catégories de Séquences Action Modèle sont présentes dans le jeu. C’est inhérent au jeu« . Les animaux sociaux, y compris les chiens, jouent régulièrement à la lutte et à la chasse. Ils simulent même la traque et la chasse, nous ne devons donc pas ignorer l’idée que le chevauchement soit un jeu sexuel. Cependant cela ne peut pas expliquer toute l’histoire du chevauchement.
Alors que le chevauchement est habituel dans des groupes de jeu et dans les pensions, il se reproduit également dans d’autres contextes. Certains chiens chevauchent des gens et des objets inanimés. Le docteur Lore Haug, vétérinaire-comportementaliste, affirme que la plupart du temps le chevauchement est « simplement un signe non spécifique d’éveil ». Les éducateurs et les conseillers des pensions sont d’accord. Les chiens frustrés ou nerveux chevauchent. Pamela Johnson est une éducatrice professionnelle certifiée de San Diego. Son chien chevauche sa jambe pendant les sessions d’éducation. Elle a filmé le comportement et a noté que le chevauchement a été causé par l’excitation pendant la session et la frustration quand la leçon est devenue plus difficile. Pourtant, identifier ce qui déclenche le comportement ne répond pas entièrement à la question : pourquoi le chevauchement et pas un autre comportement ?
Nous devons garder à l’esprit que tout ce que notre chien fait régulièrement est un comportement renforcé. Le chien y gagne quelque chose. Par exemple, les chiens qui se battent ou qui se poursuivent pendant le jeu sont renforcés par d’autres chiens qui aiment se battre et poursuivre. De même, les chiens pourraient apprécier l’attention qu’ils obtiennent quand ils chevauchent. Le chavauchement peut aussi soulager l’anxiété d’un chien dans une situation d’incertitude sociale. Ca peut être tout simplement agréable. Ce plaisir, dit M. Haug, « de toute évidence relève de la sexualité. » Ainsi, nous sommes de retour à ce sujet délicat. Quoi qu’il en soit, toutes ces informations nous amènent à quelques bonnes idées pour stopper le chevauchement.
Ne faites pas du chevauchement un divertissement ou une affaire trop importante. Cela signifie que nous devons contrôler notre propre comportement et ne pas réagir quand nous voyons notre chien chevaucher. Ne pas renforcer accidentellement le comportement par nos réactions.
Contrôler l’environnement du chien. Dans le cas du chien qui a chevauché la peluche et dans le cas de notre propre chien qui chevauche son lit, nous avons simplement enlevé les objets liés à ce comportement. Les gens qui travaillent dans les pensions pour chien restent calme et retirent délicatement le chien qui monte sur son compagnon de jeu. Dans tous les cas, le chien ne doit pas pratiquer ce comportement indésirable.
Apprenez au chien un meilleur comportement. Pour le chien du client et Stewie, nous avons remplacé les objets chevauchés avec des jouets ludiques plus appropriés (jouets Kong et autres jeux ludiques). En pension, les conseillers peuvent orienter un chien qui chevauche vers un comportement de jeu moins perturbant. L’éducatrice Pamela Johnson a fortement diminué le comportement de chevauchement de son chien en l’interrompant et en faisant une petite pause pendant la session d’éducation. Elle a caressé son chien jusqu’à ce qu’il se calme, puis elle est revenue à la formation avec des exercices moins frustrants. Dans tous les cas, l’éducateur apprend au chien à faire autre chose que de chevaucher.
C’est vraiment la ligne de fond. Restez calme. Interrompez le comportement de chevauchement. Encouragez le chien à faire quelque chose d’autres, rien de plus. Je pourrais choisir certains de ces comportements de cette Séquence Action Modèle avec d’autres séquences d’action, comme un jeu de tractage ou de recherche, ou même accorder un peu de temps agréable et tranquille avec un jouet à mâcher. Le chevauchement sur nous, pas beaucoup d’entre nous voulons vraiment voir nos innocents petits chiens le faire. Mais c’est un comportement normal de l’animal. Et n’oubliez pas, nous sommes que des humains.
Houston Dog Trainer Michael Baugh CPDT-KA, CDBC est le directeur de l’éducation et comportement à Rover Oaks Pet Resort.
Traduit par Ad Canes.
Le 01/02/2015
Voici un deuxième article sur le sujet du chevauchement écrit par Mark Berkoff concernant le chevauchement chez le chien qui complétera le premier que vous pouvez retrouver à cet endroit. Je précise que le terme « monte » a été utilisé pour décrire la simple monte d’un chien sur un congénère ou un objet, et le « chevauchement » désigne le mouvement de va-et-vient qui accompagne parfois la monte.
« Par une belle et chaude après-midi je regardais un groupe de chiens qui s’ébattait dans un parc. Soudain j’ai entendu le cri aiguë d’une femme suivi d’un martèlement de pieds, il n’y avait pas besoin d’aller chercher plus loin… C’était évidemment un chevauchement, ou peut être une monte. » Voilà ce qu’écrivait Julie Hecht dans son excellent article sur le chevauchement chez les chiens. En effet, le chevauchement choque souvent les personnes, d’ailleurs Julie a nommé son essai « H*umping ».
La monte ou le chevauchement chez les chiens fait partie de ces comportements dont les humains avancent beaucoup d’hypothèses mais dont nous ne savons pas grand chose. Des chiens vont monter d’autres chiens et d’autres animaux non humains (animaux) en adoptant une grande variété de positions, ainsi que les jambes de l’Homme et des objets tels que des ballons de plage, des seaux d’eau, des bols de nourriture, des oreillers et autres poubelles le plus simplement du monde. Vous pouvez l’observer par vous même, mais il n’est pas nécessaire d’en faire profiter un public. Parfois ils tiennent plus de 20 à 30 secondes et parfois ils vont juste sauter et glisser pour partir plus loin. Et la taille n’a pas d’importance.
Beaucoup d’humains se sentent embarrassés quand ils voient leur cher ami à quatre patte à monter et chevaucher dans les lieux publics, alors que ce comportement est une partie normale du répertoire comportemental d’un chien. Autant les mâles que les femelles montent et chevauchent, ces comportements apparaissent très tôt dans la vie d’un chien, en particulier pendant le jeu. La monte et le chevauchement ne doivent pas être considérés comme des comportements anormaux.
Le monte est surtout connu pour son rôle dans la reproduction, elle se produit également dans de nombreux autres contextes et états émotionnels. Les chiens montent quand ils sont excités et éveillés, et même quand ils sont stressés et anxieux. Sortez la laisse pour aller faire une promenade et Lassie commence à monter Toto. Vous rentrez chez vous après une longue journée de travail et Spot s’intéresse à votre jambe…
La monte pourrait être aussi ce que les éthologues appellent un comportement déplacé, ce qui signifie que c’est un sous-produit de plusieurs émotions conflictuelles. Pour certains chiens un nouveau visiteur à la maison peut provoquer un mélange d’excitation et de stress qui peut déclencher le comportement de monte. A la manière que nous pouvons nous retourner vers la télévision quand nous nous ennuyons, certains chiens développent l’habitude de chevaucher pendant les temps morts, et en profiter pour faire mieux connaissance avec un oreiller. La monte est également très fréquente pendant le jeu, tantôt pour attirer l’attention, un comportement affiliatif, ou quand un chien est surexcité. J’ai vu des chiens qui vont s’enflammer, profiter de son « doggy fit », courir ici et là, chevaucher un ami, puis une balle.
Qu’en est-il à propos de la domination et du chevauchement ? Dans un article récent sur le chevauchement, Peter Borchelt, Ph. D. comportementaliste certifié (CAAB) à New York, a noté que « la monte pourrait faire partie d’un ensemble de comportements associés à l’agression, tels que la posture haute, la garde de ressources, le regard direct, la menace ou se tenir bien droit. Mais la monte en elle-même ne démontre pas un statut. En soi, la monte ne veut pas dire grand choses. (cité dans Hecht, 2012).
Lors de mes propres études sur le développement et le comportement social chez les jeunes chiens, les coyotes et les loups, le chevauchement, les étreintes et la monte ne sont pas liés directement à de la domination, et n’ont pas été associé non plus à une éventuelle domination chez les coyotes sauvages que les étudiants et moi-même avons étudiés dans le Parc National de Grand Teton près de Jackson, dans le Wyoming.
Je me demande si dans certaines situations les chiens qui montent un autre chien le font surtout quand il y a d’autres chiens autour pour le voir. Il y a quelques années dans une étude détaillée sur les modes de miction chez les chiens que j’ai pu suivre facilement, j’ai découvert qu’ils faisaient souvent ce que j’ai appelé le « marquage à sec », ils soulevaient une patte mais n’urinaient pas. Quand j’ai regardé les situations sociales dans lesquelles cela se produisait il s’est avéré que le marquage à sec se produisait plus souvent lorsque d’autres chiens étaient autour plutôt que quand ils étaient seul. J’en ai conclu que la patte levée peut être un signal visuel révélateur qui dirait à un autre personne quelque chose comme « je viens de faire pipi ». Il serait intéressant de savoir si des chiens montent et chevauchent plus fréquemment quand d’autres chiens peuvent les voir, et si oui, peut être que dans certaines situations le chevauchement et la monte pourraient avoir un rapport avec la communication liée à une relative dominance.
De futures recherches seront également nécessaires pour déterminer combien de montes se font dans le but de chevaucher. Nous ne savons pas vraiment grand chose sur ces comportements, combien de fois ils sont liés entre eux pour savoir de manière générale ce que cela signifie.
Quand le chevauchement est un problème, que pouvez vous faire à ce sujet.
Le chevauchement et la monte sont ils des problèmes dont nous devons nous préoccuper ? La monte, ainsi que le chevauchement et la masturbation sont des comportements normaux selon l’ASPCA (et d’autres), bien que pour certains chien cela pourrait devenir une habitude compulsive comme courir après sa queue.
La grande question est : « Qu’est ce que la monte et le chevauchement signifie pour votre chien ? » Pour répondre à cette question il faut prendre en compte le contexte quand l’un ou l’autre ou les deux se produisent. Par exemple, qu’est-ce qu’il se passe avant la monte, à quelle fréquence et combien de temps ça dure ? Si la monte laisse penser que le chien est sous-stimulé peut être qu’il faudrait lui fournir d’autres activités mentales ou physiques. Si la monte suggère de l’anxiété, il serait bon d’augmenter le niveau de confort d’un chien lors d’une situation particulière, ou, si un chien est surexcité et va bousculer ou devient pénible au cours des interactions sociales avec des congénères ou des personnes, il serait bon d’encourager des interactions bénéfiques. Les propriétaires peuvent intervenir lors de la monte et le chevauchement en attirant l’attention du chien, en enseignant un autre type de comportement pour aider le chien dans ses interactions avec les autres.
Peut être que votre chien ne monte et chevauche qu’occasionnellement parce qu’ils aiment le faire et vous pouvez en rester là. Laissez-les être des chiens.
Comprendre la monte et le chevauchement.
Julie Hecht conclut son article comme suit : « Lorsque vous essayez de comprendre tout comportement, Marc Bekoff recommande de devenir un éthologue à la maison. » Prenez un papier et un crayon, regardez et notez ce qu’il se passe avant et après le comportement qui vous intéresse. Cela peut vous en dire plus que le comportement en lui-même. Cette technique peut vous aider à déterminer si un comportement doit être géré et s’il ne pose pas de problème.
« Si les chiens pouvaient parler, et ils le font à travers leurs comportements, ils nous demanderaient de ne pas imaginer de sens universel. Alors qu’est ce que le comportement de monte de votre chien essaye de vous dire ? »
« Tout compte fait, lorsque nous essayons de comprendre un comportement, nous sommes mieux servis par l’observation et la compréhension de sa source que par les histoires que nous avons tendance à nous dire à nous même et aux autres. »
De toute évidence, il n’y a pas qu’une seule explication pour le chevauchement et la monte. Le chevauchement et la monte sont des comportements normaux qui nous mettent mal à l’aise face à ce que les chiens font naturellement. Vous pouvez partir plus loin, prétendre que rien ne s’est produit, ou rire nerveusement ou, comme je l’ai écrit plus haut, laissez-les être des chiens. Une chose est sûre, si les chiens montent c’est qu’ils peuvent le faire.
Quelle est la règle n°1 pour éduquer un chien?
Le 18/12/2014
Il existe une habitude à prendre, aussi simple qu’essentielle, qui peut vous être utile pour éduquer un chien, régler un très grand nombre de problèmes et en premier lieu, pour éviter les problèmes. Car plus vous le faites, moins vous avez d’ennuis. Cette habitude devrait faire pleinement partie de votre vie. Vivre avec un chien vous donne l’occasion de le faire au moins une fois et souvent, au moins quinze fois par jour.
Cela commence par un « A »…
Anticiper ! Bravo si vous avez deviné. Il n’est jamais trop tard pour anticiper : cela ne concerne pas uniquement les chiots mais tous les chiens, de n’importe quel âge. Anticiper est plus facile si vous comprenez comment fait votre chien : c’est quelque chose qu’il sait lui-même très bien faire !
Votre chien est très doué pour anticiper
Que signifie « anticiper » ?
Ça veut dire prévoir, supposer ce qui va arriver et adapter sa conduite à cette supposition (Dictionnaire Larousse). Votre chien fait ça tout le temps. Il est extrêmement habile pour prévoir ce que vous allez faire. C’est pour ça qu’il s’est si bien adapté à vous.
De quoi votre chien a besoin pour anticiper ?
Cette question est intéressante parce que vous aurez plus ou moins besoin des mêmes choses pour mieux anticiper avec votre chien !
- Il a besoin de comprendre les messages que vous lui envoyez.
- Il a besoin d’analyser des éléments qui ne vous concernent pas directement, des éléments du contexte.
Il a besoin de comprendre les messages que vous lui envoyez. Si vous êtes trop imprévisible, votre chien ne sait jamais vraiment ce que vous allez faire et ce que vous voulez qu’il fasse. Mais si vous dites ou faites la même chose tous les jours, c’est facile pour lui de « prévoir… et adapter sa conduite ».
Exemple. Vous ne mettez vos grosses bottes à crampons que pour aller au jardin. Votre chien va vous attendre derrière la porte qui donne sur le jardin au moment même où vous sortez les bottes du placard. Vous ne l’avez pas fait exprès mais vous lui avez appris que bottes = on va au jardin.
Vous avez réussi à apprendre quelque chose à votre chien sans vous en rendre compte (imaginez ce que vous pourriez lui apprendre en faisant consciemment les mêmes choses…)
Faire ça, c’est plus facile pour le chien que pour nous. S’adapter à nos messages, c’est vital pour lui et instinctif. Mais nous aussi, nous pouvons parvenir à mieux comprendre les messages qu’envoient nos chiens.
Il a besoin d’analyser des éléments qui ne vous concernent pas directement. Il y aurait des milliards d’exemples pour illustrer comment un chien peut déduire ce qui va se passer. Mais remettons nos bottes à crampons.
Quand vous mettez vos grosses bottes à crampons, parfois c’est pour aller au jardin et parfois, c’est pour aller bricoler dans le garage. Votre chien a un grand intérêt à vous suivre au jardin mais pas au garage, où vous faites généralement beaucoup de bruit avec la perceuse, la visseuse, la ponceuse… et en plus, vous ne vous occupez jamais de lui.
Il lui arrive peut-être de se tromper, mais la plupart du temps, il ne se met pas derrière la porte du jardin quand vous avez décidé d’aller bricoler. Peut-il lire dans vos pensées ??? Non, il observe d’autres éléments. Souvent, ces éléments nous échappent et nous avons l’impression que nos chiens ont un sixième sens.
Par exemple, il a compris que vous n’allez pas au jardin si vous avez mis de vieux habits que vous ne mettez que pour faire du bricolage (entre autres éléments peut-être, ce n’est que pour l’exemple).
Et nous, de quoi avons-nous besoin pour anticiper et ainsi éduquer un chien en évitant un maximum d’ennuis ?
Connaître son langage pour prévoir ce qu’il va faire
Le meilleur exemple est l’apprentissage de la propreté. Il nécessite de beaucoup anticiper ! Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres mais apprendre la propreté à son chiot est l’initiation parfaite à ce qui fera partie de la vie quotidienne pour les 10 ou 15 prochaines années !
Mouvements, postures, sons, regards etc. de votre chien, peuvent vous indiquer ce qui est le plus susceptible de se produire.
Anticiper demande de connaître le langage du chien et d’être observateur, parce que chaque chien est différent et que les signaux qu’il envoie dépendent du contexte dans lequel il se trouve.
Quand il a envie de faire pipi, votre chien tourne en rond (parmi d’autres possibilités). Anticiper consiste dans ce cas à ne pas attendre le moment où il tourne en rond.
Analyser d’autres éléments que le chien lui-même
Le comportement de votre chien ne dépend pas que de sa race ou son passé. Il dépend d’une combinaison de multiples éléments : son environnement (qui comprend lui-même de multiples éléments), des prédispositions, des apprentissages… Si vous vous focalisez uniquement sur votre chien, des éléments importants peuvent vous échapper quand vous avez un problème.
C’est souvent comme ça que l’on pense à des choses compliquées avant de penser à des choses simples, comme anticiper un peu plus, ou que l’on ne parvient à envisager aucune solution.
En effet, son caractère, son passé, sa race… ne sont pas les seuls éléments et ne sont même pas des éléments importants pour trouver une solution à un problème.
Pour mieux comprendre. Votre chien sait que vous allez bricoler grâce aux habits que vous portez quand vous allez chercher vos bottes à crampons. Ce n’est pas parce que vous avez la passion du bricolage transmise par votre père qui la tenait lui-même de son grand-père.
Vous pouvez mieux déduire ce que votre chien va faire donc anticiper, en observant divers éléments du contexte plutôt qu’en vous focalisant sur sa race ou son passé etc.
Exemple
Monsieur Y. a un boxer qui s’enflamme devant les canards. Il a lu tout ce qu’il est possible de lire sur le boxer et s’estime heureux que son chien revienne au pied au bout de 10 répétions de « au pied » (car il a bien retenu que le boxer est têtu…). Quand il pose des questions sur les blogs et les forums, il précise bien qu’il a un boxer de 5 ANS. Il remonte le cours de l’histoire jusqu’à l’éleveur du chien, qu’il critique beaucoup. Il explique qu’il a suivi des cours d’obéissance et que c’est un chien relativement bien élevé sauf quand il aboie sur les canards. Il demande aussi à des tas de gens si leur boxer aboie sur des canards. Ensuite, il demande partout où il peut, si un chien de 5 ans peut encore apprendre à revenir au pied. Comme il ne trouve pas de solution, il précise bien que c’est un boxer DE PURE RACE et qu’il a suivi des cours jusqu’à l’âge de 2 ANS et que cela fait moins d’1 AN qu’il a vu des canards pour la première fois etc. etc.
- Monsieur Y. s’éloigne de ce qui compte vraiment.
- Monsieur Y doit s’intéresser au langage de son chien et à des éléments spécifiques à la situation critique.
Quand Monsieur Y. a compris, il établit une liste de distractions pour son chien. Les canards arrivent au top du classement, bien-sûr. Les moineaux provoquent une moindre réaction. Il a prévu de s’entraîner au rappel en présence de moineaux (mais d’abord en présence de rien du tout). Et il le fera avant que son chien ne soit en état d’alerte maximum.
Pour cela, il observe que quand il s’arrête en étant tout tendu, il y a 90% de chance que son chien se mette à foncer sur quelque chose qu’il a vu : il marche tranquillement et tout à coup il ralentit, relève la tête, commence à se faire plus gros qu’il ne l’est, puis s’arrête… puis 9 fois sur 10, se lance dans un sprint dans les 2 secondes qui suivent.
Ainsi Monsieur Y. rappelle son chien bien avant le moment où il s’arrête. Comme il ne commence pas à faire ça en présence de canards mais de moineaux : ça marche. De 10 répétitions de « au pied », il est passé à une seule fois « au pied ».
D’ici 2 semaines, il fera ce qui marche déjà bien dans plusieurs contextes un plus près de la mare aux canards. Il anticipe de mieux en mieux: il le rappellera non seulement au bon moment mais en plus, en se plaçant à bonne distance de la mare etc. Il tient compte de plusieurs éléments du contexte.
PS : anticiper s’applique aussi au simple fait de remettre la laisse avant de passer devant la mare aux canards !
Récapitulons
- Anticiper est vraiment une habitude cruciale pour éduquer un chien !
- Le chien anticipe très bien, en déduisant ce qui va se produire selon les messages que nous lui envoyons et selon divers éléments d’un contexte.
- Nous pouvons nous baser sur le même principe, parce qu’anticiper demande de connaître le langage de son chien et d’observer attentivement le contexte.
- Accorder trop d’importance à la race du chien, son âge ou son histoire, peut détourner un maître de ce qui est vraiment important pour régler un problème.
- Une fois que vous connaissez mieux le langage de votre chien et que vous tenez compte du fait qu’un problème ne se manifeste pas uniquement à cause de lui directement – et le plus souvent, pas du tout à cause de lui - vous pouvez anticiper !
- Sinon, vous continuez à penser que votre chien ne comprend rien, que de toute façon c’est un boxer, un teckel etc., qu’il a 6 ans, qu’il provient d’un mauvais élevage, qu’il n’a jamais vu de canards etc. etc. etc.
Interdit ou autorisé: votre chien s'en fiche!
Le 18/12/2014
Pour changer une mauvaise habitude, interdire à son chien de faire quelque chose et gronder son chien quand cette interdiction n’a pas été respectée, n’est pas efficace. Lisez ce qui suit si votre chien ne vous écoute pas et n’en fait qu’à sa tête, si vous vous sentez obligé de hausser le ton trop souvent, ou si vous êtes sans arrêt en train de dire non.
Quel que soit le ou les problème(s) que vous rencontrez, cet article peut vous aider car il aborde le cœur de l’incompréhension entre les humains et leurs chiens : un conflit d’intérêts qui ressemble à s’y méprendre à une lutte de pouvoirs et qui pousse beaucoup de gens à s’opposer systématiquement même quand ils voient que ça ne sert à rien.
Le piège du réflexe
Interdire est un réflexe (nooonn ! arrête !!!) auquel votre chien réagit par un réflexe :
- ça ne marche que sur le moment donc ça se reproduit
- ça vous pousse à perdre patience (qui peut répéter la même chose tous les jours en gardant indéfiniment son calme ?)
Gronder est un réflexe (qu’est-ce que t’as fait ???) auquel votre chien réagit par un réflexe. Que ce soit lécher votre main, baisser la tête, partir se coucher… il ne vous demande pas pardon. Il essaie de « calmer le jeu » pour assurer sa protection.
C’est bien beau tout ça, mais… que faire ?
Que faire quand votre chien fait quelque chose d’inacceptable, comme grogner sur vous ou grogner après un chien, prendre de la nourriture qui ne lui est pas destinée, mordiller vos pieds… ?
Il faut bien lui faire comprendre que c’est interdit.
C’est justement là qu’est le problème —>ce n’est pas cela que votre chien doit comprendre !<—
Gronder, ça ne marche pas
Gronder son chien a pour but de montrer son insatisfaction juste après un comportement intolérable. Gronder n’a pas pour conséquence de modifier durablement une mauvaise habitude.
Il y a 3 possibilités quand vous grondez :
- ça continue
- ça empire
- ça s’arrête
Oui, cela peut s’arrêter !
Seulement, il se produit le phénomène suivant : votre chien ne vous obéit que parce qu’il se sent menacé. Où est le problème puisque finalement, il obéit et puis après tout, vous ne levez que la voix ? Ce n’est pas une méthode fiable.
Le chien qui obéit par la peur, même minime, n’obéit pas tout le temps. Cela dépend bien plus des circonstances que de sa volonté d’obéir et il peut avoir des réactions imprévisibles. Il peut même estimer, dans certaines circonstances, qu’il est nécessaire de se protéger plus que d’ordinaire. Alors, quand essayer de vous apaiser ne lui est plus utile, il peut vouloir se défendre.
Vous avez compris que gronder est néfaste mais vous continuez de chercher comment faire comprendre à votre chien ce qui est interdit.
Cela ne fonctionne pas mieux.
Interdire, ça ne marche pas
Vouloir supprimer une mauvaise habitude ou interdire de grogner, mordiller, sauter sur les gens, faire ses besoins dans la maison, aboyer sur les passants, tirer en laisse, creuser des trous dans le jardin, monter sur le lit, etc. etc… n’a pas pour conséquence de modifier une mauvaise habitude durablement et de façon saine et sûre = le chien est en confiance, aucune agressivité ne se développe, ça ne revient pas sous une autre forme.
On ne supprime pas une mauvaise habitude. On la remplace par une autre.
Même si c’est très différent, on peut faire un parallèle avec le comportement humain pour y voir plus clair.
Imaginons que vous ayez décidé de ne plus manger de chocolat après le dîner ! Qu’est-ce qui sera le plus facile pour vous, alors que cela fait des mois que vous avez cette mauvaise habitude ? La plupart des gens décident de remplacer le chocolat par autre chose.
Vous ne grignotez pas. Bon. Imaginons que vous ayez décidé de faire des économies. Qu’est-ce qui sera le plus facile alors que vous avez tendance à trop dépenser depuis longtemps ? La plupart des gens décident de remplacer ce qui coûte cher par des choses qui coûtent moins cher.
Et si vous voulez arrêter de vous ronger les ongles, fumer, vous énerver en voiture, passer vos soirées sur l’ordinateur… allez-vous simplement « arrêter » du jour au lendemain ?
N’allez-vous pas essayer de faire autre chose à la place ? N’allez-vous pas passer par un enchaînement d’étapes, sans doute plus difficiles au début et plus faciles par la suite ?
Qu’est-ce qui marche ?
Interdire et gronder son chien, ça ne marche pas. Le chien s’en fiche de savoir ce qui est autorisé ou interdit. Ce qui marche, c’est de comprendre quel est son intérêt à faire ceci ou cela.
Soit vous êtes d’accord avec cet intérêt, et le problème, c’est la façon dont il veut y parvenir (ex : je veux bien qu’on traverse la rue mais pas en tirant sur la laisse !).
Soit vous n’êtes pas d’accord et le problème, c’est l’intérêt en lui-même (ex : que tu les déchires en miettes ou en lambeaux, je ne veux pas que tu détruises mes chaussures).
Je ne vous dis pas que le chien est un débile incapable de comprendre que vous n’êtes pas d’accord et que vous n’êtes pas content.
Je dis que ce n’est pas dans son intérêt.
Suivez ce raisonnement :
- Nos chiens n’ont pas naturellement les mêmes intérêts que nous, la majeure partie du temps. Vous serez d’accord avec ça. Nos chiens ne comprennent pas ce qui nous importe. Prenons ce qui est citoyen, sécurisé, poli ou sociable d’après nous, comme ne pas sauter sur tout le monde dans la rue, ne pas grogner sur le bébé ou ne pas courir après les voitures : c’est très important pour nous et pas pour nos chiens.
- C’est à nous de comprendre, trouver et satisfaire l’intérêt de l’animal d’une façon qui nous convient mieux (arrête de tirer et tu pourras traverser la rue !) ou bien lui proposer un tout nouvel intérêt si nécessaire -oui, ceci est plus difficile car il faut commencer par lui montrer que le but à atteindre n’en vaut pas la peine (je vais faire en sorte que tu n’aies plus aucun intérêt à passer tes nerfs sur mes chaussures). Ce n’est pas à l’animal de comprendre, trouver et satisfaire nos intérêts.
- Si vous comprenez le point précédent, mais que vous ne parvenez pas à l’ intégrer et à l’appliquer au quotidien : rayez dominant et dominé de votre vocabulaire. Quand vous parvenez à « satisfaire l’intérêt » de votre chien, vous ne vous faites pas « dominer ». Dominer ou être dominé, votre chien s’en fiche encore plus que tout le reste. Si c’est dans notre intérêt de traverser la rue calmement (pour la sécurité), l’intérêt du chien est de vite rejoindre l’endroit où il veut aller. Il a de nombreux intérêts votre chien, cela ne se borne pas à « faire la loi » ou vous « contredire ». Le but du jeu consiste à trouver un genre de terrain d’entente pas de savoir qui décide.
- Vous, humain, vous décidez. Vous décidez la plupart du temps parce que vous savez ce qui est plus sûr, plus citoyen, plus sociable, plus agréable pour tout le monde y compris pour votre chien.
- Quand votre chien n’est pas d’accord avec ce que vous décidez, vous devez trouver quel est son intérêt pour qu’il fasse ce qui vous convient en étant heureux de le faire.
Au lieu d’être obligé/forcé de le faire ce qui vous donne un chien qui n’est pas fiable et qui peut développer de l’agressivité.
Votre chien, contrairement à une personne, n’a aucun intérêt à savoir que vous n’êtes pas d’accord ou pas content.
Son intérêt à lui, c’est de savoir ce qui vous fait plaisir.
Pourquoi c’est si difficile de ne pas s’opposer ?
La réponse à cette question mériterait une encyclopédie en 15 volumes mais on va la faire courte.
Entre humains, il y a une infinité de façons d’exprimer notre désaccord. Il semble naturel de s’opposer quand on n’est pas d’accord. Généralement, ne pas s’opposer signifie qu’on accepte.
Votre mari/femme change de chaîne alors que vous étiez en train de regarder un film. Vous ne dites rien : vous acceptez implicitement de ne pas voir la fin du film. En outre, vous avez de nombreuses options pour manifester votre désaccord. De « attends s’il te plaît, il ne reste que 5 minutes avant la fin » à « non mais ho ! », il y a des milliers et des milliers d’options.
Avec le chien, vous n’avez que très peu d’options. C’est pourquoi, si vous entrez dans ce schéma, il y a de fortes chances que cela dégénère. Vous n’allez pas dire à votre chien qui veut traverser la rue en tirant sur la laisse « attends, il ne reste que deux voitures à droite et une voiture à gauche ». Si vous vous opposez, vous lui direz plutôt « non mais ho ! ».
Avec le chien, ne pas s’opposer ne signifie pas que vous acceptez. Cela signifie que vous sortez du schéma réflexe provoque réflexe (je crie sur mon chien –> il baisse la tête). Vous en sortez pour entrer dans un schéma plus efficace : apprendre. Plus efficace et aussi plus exigeant. Il ne suffit plus de dire non ou de gronder son chien.
Cela demande d’entrer un peu dans le monde du chien.
Non seulement ce n’est pas facile pour nous humains, de ne pas nous opposer quand nous ne sommes pas d’accord mais en plus, il faut :
- s’ intéresser au chien et sa façon de s’exprimer
- anticiper plus souvent
- observer ce qui se passe
- modifier, parfois, certaines de nos propres habitudes
- etc.
S’opposer est bien plus simple.
Et depuis le temps qu’on nous rabâche que le chien ne peut vouloir que deux choses, dominer ou pas, ça paraît tellement logique.
Pourtant, quand il n’est plus question de réflexes, votre chien apprend des comportements. Quand c’est réglé, c’est réglé !
- cela ne recommence pas le lendemain, la semaine d’après, trois mois plus tard…
- cela ne se manifeste pas sous une autre forme…
- cela ne revient pas avec de l’agressivité…
Si vous vous contentez d’interdire et de gronder quand l’interdiction n’a pas été respectée, vous le faites tout le temps. Certains le font même jusqu’à ce que leur chien soit assez vieux pour ne plus avoir la force de sauter, courir pour aboyer, tirer en laisse etc. Si vous comprenez un peu mieux comment le chien fonctionne, vous obtenez des comportements durables sans faire lui peur et en plus, quand vous faites ça, vous renforcez le lien qui vous unit à votre chien au lieu de le dégrader.
Débarrassez-vous d’une très mauvaise habitude !
Le 12/12/2014
Vous parvenez à communiquer et donc à vous faire obéir quand vous comprenez les bases du comportement du chien.
Celui-ci dépend en très grande partie de notre propre comportement. Et nous les humains, qui faisons parfois tant d’efforts, nous faisons inconsciemment de nombreuses choses qui empêchent nos chiens de comprendre ce qu’on attend d’eux. Il est important d’être conscient de nos mauvais réflexes. Nous ne pouvons pas tout maîtriser. Nous ne pouvons pas changer de personnalité. Mais nous pouvons incontestablement modifier plusieurs de nos réactions naturelles qui nous empêchent de bien les éduquer.
Abordons l’une des pires mauvaises habitudes des maîtres. Cela vous permettra de bien comprendre une base essentielle du comportement canin. Cela demande un effort, parce que ce n’est pas naturel pour tout le monde, mais quand vous vous débarrassez totalement de cette mauvaise habitude, les chiens changent de comportement et ça va beaucoup mieux !
Humain trop humain
Parmi tous les réflexes humains pouvant aggraver un mauvais comportement du chien sans qu’on s’en rende compte – ou jouer contre nous alors qu’on essaie de tout bien faire le reste du temps – l’un des pires qui soient consiste à faire la morale à son chien alors qu’il vient d’obéir.
Ceci prend d’innombrables formes.
Voici des exemples courants pour illustrer le phénomène :
Vous râlez. Vous dites assis, assis, assis et assis. Finalement, votre chien s’assoit. Alors vous lui dites : « c’est pas trop tôt… Tu ne connais pas assis ? Tu connais bien assis pourtant ? Si on doit répéter 15 fois assis, on ne va pas aller très loin… »
Vous menacez. Votre chien prend une chaussure dans sa gueule. Vous dites « arrête ! ». Il lâche la chaussure. Vous la récupérez et, tout en agitant la chaussure comme pour mieux appuyer votre discours, vous dites : « je ne veux pas, tu m’entends, je ne veux PAS que tu touches à mes chaussures ! Je te l’ai dit combien de fois ? Combien de fois, hein ? Alors maintenant tu arrêtes, c’est compris ? Sinon je vais me fâcher. »
Vous remontez les bretelles. Votre chien est parti très loin de vous. Vous dites au pied sur toutes les intonations possibles. Finalement, votre chien revient. Vous l’attrapez par le collier et juste avant de lui remettre la laisse, vous dites « qu’est-ce que je t’ai dit ? qu’eeessssssst-ce que je t’ai diiiit ? Je t’ai diiiit… AU PIED !!! ‘pas vrai ça…. »
Vous essayez de lui faire comprendre ce que vous ressentez. Votre chien renifle la litière du chat. Vous dites « stop ! ». Il recule le museau. Vous pointez la litière du doigt et vous dites : « c’est dégoûtant, ça ! C’est pas bien, beurk, bouh, caca, sale ! Dégoûtant !!»
Vous faites une leçon de morale. Vous promenez votre chien. Vous croisez un autre chien au bout d’une laisse. Tout à coup, votre chien sort de ses gonds. Il se calme un peu quand l’autre chien s’est éloigné. Vous ordonnez « assis » et votre chien s’assoit. Vous levez l’index pour l’agiter devant son museau et vous dites : « qu’est-ce que c’est que ce cirque ? Mmh ? Ne refais plus jamais ça… Fâché ! Je suis fâ-ché ! Fâché, fâché, fâché ! Je suis très fâ-ché. ».
(et vous vous remettez en route en disant de temps en temps « fâché »… au cas où il n’aurait pas compris…)
Dans tous ces exemples, le chien fait ce qu’on lui demande. Et que se passe t-il ? Il n’est pas félicité pour avoir obéi.
Pire que cela. Non seulement, il n’est pas félicité, il est grondé pour avoir obéi.
Qu’est-ce qui se passe ?
Vous êtes sous le coup d’une émotion et vous ressentez naturellement le besoin de la laisser s’exprimer. Soit votre chien obéit au bout d’un long moment et vous avez eu le temps de vous énerver, soit votre chien en train de faire une « bêtise », s’arrête quand vous lui dites « non » ou autre chose, mais comme vous avez eu le temps de « bouillonner » intérieurement, vous laissez sortir la pression.
Lorsque quelqu’un fait quelque chose que vous désapprouvez, vous lui demandez d’arrêter puis vous lui expliquez pourquoi c’est grave. Quand un enfant fait une bêtise, que vous le prenez en flagrant délit et qu’il arrête, vous lui montrez que vous n’êtes pas content.
C’est naturel et il y a toutes sortes de réactions possibles selon les gens.
Avec un chien, quelle que soit votre réaction, vous prenez de sérieux risques en faisant cela.
Le problème n’est pas seulement que votre chien ne comprend ce que vous lui dites (il comprend toutefois que vous n’êtes pas en train de plaisanter). Le problème va bien au-delà puisque vous voulez obtenir quelque chose et quand vous l’obtenez, vous lui faites passer le message qui dit « ce n’est pas cela que je veux ».
Dans les exemples, c’est ce qui se passe pour assis, lâche la chaussure, au pied, et la litière. Lâcher la chaussure, revenir vers vous et arrêter de renifler la litière : vous dites que ce n’est pas ce que vous voulez. Quant à la leçon de morale quand le chien s’est assis, après avoir vociféré sur un autre chien, ce qu’il comprend quand votre index s’agite devant son museau alors que votre voix s’élève, c’est probablement qu’il faut rester là sans bouger tant que vous n’avez pas fini.
C’est ce que voulez qu’il comprenne ?
Non, bien sûr.
Dire « non » ou « arrête » etc., sans crier, peut être efficace. C’est encore plus efficace quand vous avez appris un ordre spécifique à votre chien, comme lâche pour la chaussure ou pas toucher pour la litière. Mais disons que grâce à « non » ou d’autres expressions, vous obtenez à peu près ce que vous voulez : puisque vous obtenez ce que vous voulez, vous devez féliciter votre chien.
Parce que c’est un chien
Avec le chien, ce qui est fait est fait. Si vous le prenez sur le fait, vous pouvez arrêter la « bêtise » (à la voix). Si la « bêtise » est finie, c’est trop tard. Et ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien d’autre à faire. Vous pouvez par exemple faire ça, ou ça, (parmi bien d’autres choses). Si la bêtise est finie parce que vous avez stoppé votre chien à temps, il a fait quelque chose entre le moment où vous avez senti monter la colère et le moment où il s’est arrêté.
Avec le chien, chaque bonne action doit avoir une conséquence positive si vous voulez qu’il obéisse. Ce quelque chose qu’il a fait a toute son importance. C’est plus important que la bêtise ou le fait que vous vous soyez énervé. Si vous voulez communiquer efficacement avec votre chien, vous devez accorder plus d’importance à ça qu’à tout le reste, peu importe à quel point vous êtes agacé.
C’est ce qui se passe ici, là, maintenant et tout de suite qui compte si l’on veut que le comportement du chien s’améliore.
Continuez à dire « non » si vous ne criez pas. Lorsque votre chien s’arrête de faire ce qu’il est en train de faire (qui vous déplaît), vous devez le féliciter. À ce moment-là, vous n’êtes pas en train de le féliciter pour avoir fait une bêtise mais bien pour avoir arrêté.
Parce que pour votre chien, faire une « bêtise », c’est faire un mouvement, une action. Ce n’est pas un plan mûrement réfléchi ni la volonté de braver les interdits, ni le désir de tester vos limites. En outre, « arrêter » signifie faire autre chose, un autre mouvement, une autre action. Ce n’est pas se rendre compte qu’il a mal agi ou qu’il est allé trop loin. Par exemple, lâcher la chaussure qu’il a dans la gueule, c’est ouvrir la gueule pour laisser tomber la chaussure. Ce n’est pas vous rendre la chaussure parce que vous y tenez beaucoup.
Cette mauvaise habitude de faire la morale à son chien est extrêmement répandue. Que vous soyez de ceux qui râlent ou de ceux qui crient, que vous le fassiez après plusieurs répétitions d’un ordre ou dans le cas d’une « bêtise » qui s’arrête, essayez de procéder différemment en ayant à l’esprit la dernière action accomplie et pas ce qui vous a mis en colère et vous verrez, ça change tout !!!
http://ouafmag.com/changer-comportement-du-chien-bonne-habitude/
Distance d'alerte, critique, zone de confort
Le 06/07/2014
Distance d’alerte, critique, zone de confort. (Behavior Adjustment Training (BAT))
Pour commencer :
Un chien confronté à une émotion perturbante n’a qu’une idée : mettre de la distance entre lui même et ce qui provoque cette émotion.
Pour placer des mots humains sur cette émotion on peut parler de toute la gamme : surprise ou appréhension, ou crainte, ou peur, ou angoisse, provoquée par quelque chose (le « Truc qui Fait Peur ») que le chien perçoit (voit, entend, sent)
Pour mettre de la distance, c’est soit fuir, soit faire fuir (avec en cas de conflit interne sur l’option, la possibilité de se geler, de s’immobiliser)
Quand le chien fuit, on dit qu’il est peureux,
Quand il fait fuir, on dit qu’il est agressif !
Tout ça sans jamais penser une seule seconde qu’il ne fait qu’obéir aux règles élémentaires de survie, sans aucun sentiment.
Les zones:
Tout est une question d’individu, et de distance.
Ici, le chien a montré des signes, mais il a pu rester sous contrôle, en mobilisant son attention. Il a appris a gérer. (Note perso : le chien a été capable d'analyser la situation et de prendre sur lui pour que le croisement se passe bien) Cas impossible, si le chien n’a pas bougé, c’est au prix d’un total désarroi intérieur. Mais dans 99% des cas, ça a du être sportif, le chien était debout en bout de laisse, soit pour s’éloigner de, soit pour foncer vers, le « Truc ».
L’éducation par le contournement : Avec tout ce qui précède, on voit que le seul moyen de faire progressivement réduire la zone rouge est de ne jamais contraindre le chien à y entrer, mais de lui laisser la possibilité d’analyser, de gérer, en restant a la frontière de la zone orange. Maintenant, à chacun d’observer son chien pour déterminer les signes qui montrent qu’on entre dans cette zone orange. Cette zone orange. ^ SOURCE : Joelle Caveriviere http://planetechien.com/ (http://planetechien.blogspot.fr/2008/06/pour-commencer-un-chien-confront-une.html)
On peut expliquer le fait que les chiens ne réagissent pas de la même manière par le fait que chaque élément de l'environnement va être perçu par le chien comme menaçant ou non. Cependant, les chiens ne réagissent pas aux mêmes distances selon le type de stimulus. Certains chiens vont réagir très tôt à l'approche d'un vélo, mais tolérer une plus grande proximité avec un enfant, par exemple. On peut symboliser cela par le fait que chaque "intrus" possède sa propre "zone de menace" :
ainsi, c'est la rencontre de ces périmètres spécifiques à chaque stimulation et à chaque chien qui déterminera la réaction du chien.
Il faudra donc toujours, par nos déplacements (4) veiller à maintenir le chien dans la situation (3), la situation (2) étant tolérable elle ne devra pas se prolonger dans le temps pour permettre au chien de faire ses apprentissages et de voir petit à petit la zone de menace concernée se réduire.
Le 06/07/2014
Nous allons aborder un sujet que beaucoup d’éducateurs connaissent, c’est peut être même l’un des problèmes de comportement les plus courants : le chien réactif en laisse. Nous sommes également concernés par ce problème puisque Cassis démontre ce comportement quand on la tient par son collier lorsque l’on croise un autre chien attaché sur le même trottoir, sûrement un héritage de son passé de chien de travail maltraité. Certains propriétaires deviendraient même des adeptes des promenades nocturnes afin d’éviter le problème…
Le comportement de réactivité en laisse concerne toutes les races de chiens et de toutes origines. Ce comportement apparaît chez les chiens de race achetés en élevage comme chez les chiens adoptés.
Malgré les tensions de laisse, les grognements et les aboiements, certains de ces chiens sont effectivement très sympathiques avec leurs congénères quand ils ne sont pas attachés. Pourtant, il suffit qu’ils soient attachés en laisse ou retenus à nos pieds pour qu’ils deviennent l’équivalent canin de Mr Hyde. C’est pourquoi ce comportement est appelé « la réactivité en laisse », le chien réagit ou sur-réagit face à quelque chose de son environnement.
La frustration et l’agressivité en laisse
La frustration en laisse est ce qui se produit lorsqu’un chien aperçoit un congénère, puis se précipite sur lui afin de le saluer et se retrouve alors bloqué en bout de laisse.
Certains chiens très énergiques développent une frustration en laisse, surtout ceux qui fréquentent régulièrement les parcs qui leur sont réservés. Certains chiens apprennent au contact d’autres chiens à se bagarrer vigoureusement et ne se maîtrisent plus lors des sessions de jeu. Quand ils repèrent un autre chien en promenade ils se préparent donc à reproduire ce comportement d’excitation habituel mais se retrouvent retenus par la laisse. Leur excitation se transforme vite en frustration qui peut se manifester par un comportement de réactivité en laisse.
On parle d’agressivité en laisse lorsqu’un chien est en conflit avec d’autres chiens ou a peur d’eux lors des promenades. Se sentant piégé par la laisse, le chien réactif est forcé de marcher au plus près du congénère alors qu’il aurait autrement choisi de garder ses distances. Les aboiements, la tension sur la laisse et les grognements sont des signaux pour éloigner l’autre chien.
Du point de vue du chien, son comportement réactif est très efficace. Parce qu’à chaque fois qu’il le produit l’autre chien s’en va. Il ne se rend pas compte que l’autre chien vit probablement à deux pâtés de maisons et qu’il est sur le chemin du retour. Dans l’esprit du chien, son comportement empêche effectivement un conflit.
Il peut y avoir de nombreuses causes au comportement de réactivité en laisse, y compris le manque de socialisation précoce, une expérience traumatisante ou tout simplement un manque d’éducation. Malgré ce qu’affirment certaines émissions populaires, le manque d’exercice n’est pas une cause de frustration ou d’agressivité en laisse. Dans la grande majorité des cas de réactivité en laisse, les chiens sont sortis régulièrement. Dans un cas récent, le chien était sorti 4 fois par jour pendant plus de 45 minutes à chaque promenade. Bien que l’exercice physique soit tout aussi important pour les chiens que pour les hommes, cela ne peut pas résoudre tous les problèmes de comportement… Pour les deux espèces.
Seuil
La plupart des gens pensent qu’il suffit d’exposer le chien réactif à des congénères et lui apprendre à ne plus aboyer. Cependant, lorsque le chien réagit face à un autre chien, la partie du cerveau active est celle qui traite des réflexes de survie, la partie traitant de l’apprentissage étant alors totalement inactive, de sorte que le corps dispose d’autant d’énergie que nécessaire pour sa survie. Si vous êtes poursuivi par un ours votre cerveau ne s’occupera pas des impôts que vous devez payer. Les éducateurs disent que le chien a « dépassé le seuil », ou a dépassé le point de tolérance du chien.
C’est pourquoi il est extrêmement important d’éduquer un chien réactif quand il se trouve sous le seuil, au moment où le problème de comportement ne s’est pas encore déclenché. Cela signifie qu’il faut commencer la session d’éducation quand aucun chien n’est présent, on pourra alors présenter un chien à une certaine distance qui ne fera pas réagir le chien. Cette distance diminuera progressivement autant que la tolérance du chien à la présence d’un autre augmentera, tout en récompensant le chien pour sa bonne conduite.
C’est là que le travail avec un éducateur professionnel est prend toute son importance. En plus de vous fournir les outils nécessaires pour éduquer votre chien, un éducateur vous apprendra à lire son langage corporel afin que vous puissiez déterminer le moment auquel il est sur le point de dépasser son seuil de réactivité et donc de pouvoir le garder en-dessous de ce niveau. Un éducateur peut aussi vous apprendre ce qu’il faut faire si vous allez accidentellement trop loin et que votre chien commence à réagir.
Punition
La première chose que la plupart des propriétaires font lorsque ce comportement apparaît est de punir leur chien. La sanction peut aller de la simple réprimande verbale à des corrections physiques. La plupart du temps, non seulement cela n’améliore pas le comportement du chien réactif en laisse, mais va plutôt l’augmenter, car l’association déjà négative du chien envers les autres chiens est maintenant renforcée par la punition ou la frustration en laisse, un chien trop convivial fera une association négative avec les autres chiens.
La répression semble fonctionner car elle supprime le comportement dans l’instant. Cependant, la plupart des propriétaires observent une augmentation progressive de la fréquence et de l’intensité de ce comportement à chaque sortie. La punition peut être efficace si elle arrête le comportement après 2 ou 3 essais. Si le comportement est récurrent le punition ne fonctionnera pas. La suppression temporaire du comportement ne change pas le comportement.
Les méthodes basées sur la punition exigent que le propriétaire attende patiemment que le chien présente le comportement de réactivité. Non seulement le chien qui a dépassé le seuil est incapable d’apprendre, mais il arrive à déclencher le comportement malgré la réaction du propriétaire pour empêcher celui-ci.
En fin de compte, il est beaucoup plus facile à apprendre au chien ce qu’il faut faire et ne pas faire.
Assis/pas bougé
Beaucoup de propriétaires essaient d’apprendre au chien à s’asseoir et à rester calme pendant qu’un autre chien passe devant eux. Même si cela peut sembler être une bonne solution (une façon d’avoir rapidement le contrôle du chien), le problème est que cela sensibilise souvent le chien à la présence d’autres chiens.
Imaginez vous en train de marcher dans la rue avec un ami. Soudain, un homme masqué armé d’une tronçonneuse ensanglantée déboule au coin de la rue et commence à marcher dans votre direction. Votre première réaction est de prendre vos jambes à votre cou et de partir le plus loin possible, mais votre ami saisit votre bras, vous retient et vous somme d’arrêter de faire le bébé. Et l’homme à la tronçonneuse se rapproche de plus en plus… Maintenant vous avez une idée de ce que peut ressentir un chien réactif quand il voit un autre chien lors d’une promenade. Et continuer de le tenir pendant que l’autre chien s’approche, même s’il est de l’autre coté de la rue, le rend encore plus dangereux.
Si vous ne faites aucune séance d’éducation avec votre chien, tournez et marchez dans l’autre sens quand vous rencontrez un autre chien pendant votre balade (et souvenez-vous, toujours avant que le chien réagisse). De cette façon vous prendrez les devants en augmentant la distance entre votre chien et son congénère, et vous pourrez continuer en toute sécurité.
La bonne approche
La méthode la plus efficace pour le comportement de réactivité en laisse, peu importe la cause, est d’utiliser le processus graduel de désensibilisation et de contre-conditionnement (DS/CC).
La désensibilisation est un processus qui consiste à exposer le chien à d’autres chiens à une distance où le chien reste sous le seuil et ne réagit pas. Peu à peu, la distance entre le chien réactif et le chien étranger est raccourcie et le chien réactif récompensé pour avoir démontré un autre comportement (qu’on lui aura préalablement appris sans la présence de congénère). Cela permet au propriétaire d’avoir le contrôle de la situation plutôt que de réagir au comportement du chien.
Le contre-conditionnement est l’apprentissage d’un comportement alternatif en présence d’un autre chien. Ce comportement se traduit habituellement par une marche au pied en regardant le propriétaire au lieu de l’autre chien.
Travailler individuellement avec un spécialiste du comportement canin ou un éducateur expérimenté aux méthodes DS/CC est, de loin, la meilleure façon d’aborder le comportement d’un chien réactif. En plus de vous apprendre le processus DS/CC, un consultant en comportement canin vous transmettra les compétences techniques et d’observation nécessaires qui augmenteront vos chances de réussite et vous fourniront une assistance à tous les niveaux du processus. Un professionnel expérimenté sera également en mesure d’adapter le programme à vos besoins et aux besoins de votre chien.
A propos des cours d’éducation ?
Si les cours collectifs peuvent parfois être intéressants pour travailler avec son chien, ils ne sont pas une solution efficace pour le comportement en lui-même. L’immersion d’un chien dans un environnement anxiogène est comme enfermer un enfant dans un placard pour l’aider à surmonter sa peur de l’obscurité. Le comportement de réactivité en laisse s’aggrave souvent dans un environnement de groupe car cela ne fait que renforcer la conviction du chien que les autres représentent une menace.
De plus, même le meilleur des éducateurs doit partager son attention entre tous les élèves, ce qui ne permet pas d’avoir une attention individuelle nécessaire dont ils ont besoin pour travailler avec leur chien.
Conclusion
Même si ce problème de comportement est commun, c’est souvent frustrant et gênant pour le propriétaire. La modification du comportement exige un engagement important de la part des propriétaires car le résultat n’arrive pas subitement du jour au lendemain. Cependant, avec la durée de vie moyenne de nos chiens en constante augmentation, jusqu’à plus de 20 ans dans certains cas, quelques mois d’efforts peuvent apporter des promenades plus agréables pour le reste de la vie de votre chien.
Source : http://www.4pawsu.com/onleashaggression.htm
Exemples d’exercices par le Dr Sophia Yin (anglais) :
http://drsophiayin.com/blog/entry/reactive-dog-moving-past-distractions
Collier éléctrique, à pointes,...Les études scientifiques
Le 06/07/2014
Le collier électrique, à piques, étrangleur… Ou le harnais ? Voici quelques études scientifiques qui vous mettront sur la (bonne) voie…
Avec l’aimable autorisation de Paulina Druri, éducatrice et diplômée de IDTE (International Dog Trainer). Voir son site : » un chien (presque) parfait « .
Schilder et van der Borg, 2003, « Training dogs with help of the shock collar: short and long term behavioral effects », l’Université d’ Utrecht :
- L’utilisation des punitions (colliers électriques), donc des stimuli négatifs lors d’éducation du chien, conduit à une inhibition apprise, (même résultats aussi chez Seligman, 1971).
- Les chocs ne sont pas seulement une nuisance, mais sont vraiment douloureux. Le chien associe la présence du maître avec la douleur et les chocs.
- Le chien peut aussi associer l’ordre donné avec les chocs.
- En présence du maître, le chien a appris à s’attendre à quelque chose d’aversif (négatif).
- L’utilisation du collier électrique provoque un stress intense chez le chien, même en dehors des conditions “du travail”, par exemple pendant la balade, même si le collier n’est plus utilisé.
http://eldri.ust.is/media/ljosmyndir/dyralif/Trainingdogswithshockcollar.pdf
Madison, Pauli et all. , 2006, « Effects of the application of neck pressure by a collar or harness on intraocular pressure in dogs », l’Université de Wisconsin :
- L’utilisation des colliers chainette (étrangleur) augmente la pression intraoculaire au niveau des yeux. Chez les chiens avec glaucome, avec cornée amincie l’augmentation de la pression intraoculaire peut être nocive, et l’utilisation du collier peut même conduire à la cécité.
- La pression intraoculaire a été significativement augmentée par rapport aux valeurs de référence lorsqu’une force a été appliquée sur le cou par une laisse ou un collier, cet effet n’est pas note pour un harnais.
http://1stsat.cynod.com/CollarsandEyeIssues.pdf
Le commentaire de Professeur Alain Regnier, Ecole Vétérinaire de Toulouse :
- « Je n’ai pas l’expérience personnelle, mais je recommande sur la base de ces résultats le port du harnais chez les chiens qui ont des chirurgies oculaires ».
Richard Polsky, 2000, “Can aggression in dogs be elicited trough the use of electric pet containment systems?”, Animal Behavior Counseling Services Inc :
- La douleur est considérée comme un stimulus primaire qui peut provoquer la libération de l’agression inconditionnée.
- Dans cet étude 80% des chiens ne se sont jamais montre agressifs avant l’attaque (donc sans l’historique dans l’agression). Les attaques ont eu lieu dans un milieu familier et le système électrique a fonctionne dans le moment d’attaque. Le chien a agresse le propriétaire, ou une personne connu (entourage, famille, voisin) dans 80% des cas.
- La douleur causée par le choc, peut provoquer un chien de réagir de façon agressive à un cible à proximité (une personne ou un autre chien).
- Les morsures sont répétitives et désinhibées dans toutes les attaques des chiens, ou les colliers électrique a été utilise. L’attaque est une réponse à la douleur du choc.
- Dans tous les cas pas d’avertissement de comportement: aboiement, grondement, grognement, grognement en montrant les dents, a été donné à la victime avant l’attaque.
- Aussi les autres études qui ont été faites : Renfrew (1997), Ulrich et al (1964), ont noté la nature intense et vicieux de l’agression a suscité un choc.
http://www.dogexpert.com/Background%20%20Qualifications/Electronic%20fences.pdf
Roger Ulrich, 1966, “Pain as a cause of aggression”, l’Université de Michigan :
- A mentionne dans ces études que la douleur provoque l’agression.
http://icb.oxfordjournals.org/content/6/4/643.abstract
Overall Karen, 2007, “Considerations for shock and training collars: Concerns from and for the working community”, l’Université d’Illinois :
- Lorsque les méthodes aversives (négatifs) sont utilisés sur les chiens soignes par K. Overall pour ces problèmes comportementaux, ils deviennent plus anxieux, plus pathologiques, et potentiellement plus agressifs et dangereux, en fonction de leur problème.
- Ces outils (collier électrique, étrangleur) concourent à engendrer la peur, la douleur, et la méfiance, et, ce faisant, ils causent des dommages à long terme qui rendent les chiens plus réactifs, moins confiants, et moins aptes à atteindre leur plein potentiel dans leur partenariat avec les humains.
- L’effet négatif de ces outils a été prouve dans l’instabilité cervicale (cou) et arthrose dégénérative chez le chien et aussi la paralysie du nerf laryngé récurrent, ce qui peut affecter la voix, la déglutition.
- Ils peuvent aggraver le syndrome d’instabilité (syndrome de Wobbler) et l’arthrose de la colonne cervicale chez le chien.
http://www.dogdaysnw.com/doc/overall_collars.pdf
Nelson, Couto, « Small animal internal médicine » :
- Le harnais pour les chiens avec la maladie cervical peut améliorer l’attitude et de promouvoir l’utilisation précoce des membres affectés.
- Les chiens atteints des maladies des disques cervicaux devraient porter un harnais au lieu du collier lors des balades.
- Le harnais doit être utilise pour les chiens atteint du syndrome de Wobbler (syndrome d’instabilité cervicale).
Dr Bardet, « Paralysie laryngée » :
- Il est conseille d’éviter des colliers et d’utiliser des harnais a la place pour les animaux atteint la paralysie laryngée.
http://www.clinique-veterinaire-bardet.com/?p=603
Clare Rusbridge, European Specialist in Veterinary Neurology, Londres, l’article sur le site Cavalier King Charles / santé :
- Les neurologues faisant des recherches sur la syringomyélie ou son
- traitement chez les cavaliers recommandent l’utilisation d’un harnais pour tous les épagneuls nains anglais.
- La pression d’un collier, et / ou d’une laisse d’exposition, ou des secousses sur cou pendant la croissance peuvent au mieux causer une douleur inutile et probablement pourraient empirer la syringomyélie en irritant le secteur sensible du cou, ou le cerveau dépasse souvent et forme des syrinxes, qui est le premier signe chez les chiens affecte.
- On recommande que les colliers d’éducation, et bien les colliers a pointes ne soient utilises a aucun moment.
- Beaucoup des vétérinaires voient régulièrement des problèmes des dommages au nivaux de la trachée pour les chiens tirant sur leur collier. C’est donc recommandé d’utiliser d’un harnais sur des petites races en raison de la trachée et du cou qui sont petits.
http://www.fckc.com/cavalier-king-charles-sante-accueil.html
Le commentaire du Dr Cauzinille (Centre Hospitalier Vétérinaire Fregis) sur le site
Cavalier King Charles / sante :
- « Je suis très favorable au harnais étant donne la physico – pathologie de la syringomyélie (mouvais circulation du liquide cérébro-spinal entre la boite crânienne et l’espace sous arachnoïdien cervical). »
Réalisation : Paulina Druri
Merci a Dr Nicolas Famin de Clinique Vétérinaire à Herblay pour la consultation vétérinaire et les corrections.
Source : http://www.chienpresqueparfait.fr
Notre avis : Collier plat ou harnais ? Peu importe, apprenez à votre chien à marcher en laisse et la question ne se pose plus. Si les balades deviennent une véritable corvée n’hésitez pas à faire appel à un professionnel pour vous aider !
http://adcanes.fr/collier-electrique-a-pointes-les-etudes-scientifiques/
Position de l'APDT sur la dominance
Le 06/07/2014
Dans la série « dominance et hiérarchie« , nous vous proposons cette fois-ci un communiqué de l’APDT (The Association of Pet Dog Trainer), une association équivalente à la MFEC mais qui regroupe un nombre très important d’éducateurs canins, dont notre amie Danielle Godbout (voir cet article). Merci à Laurent Metzeler (Esprit de chien) pour la traduction de ce communiqué.
The Association of Pet Dog Trainers (Greenville, Caroline du Sud, USA) a publié le 20 octobre 2009 un long article intitulé Dominance et éducation des chiens, accompagné d’une position officielle, concernant les modèles théoriques de la dominance et de la hiérarchie inter-spécifique dans le cadre des relations homme-chien.
Dominance et éducation des chiens
Les utilisations du terme « dominance » et de la théorie de la meute/de la hiérarchie pour expliquer le comportement des chiens ont récemment fait l’objet de nombreuses recherches.
The Association of Pet Dog Trainers (l’Association des Éducateurs Canins) souhaite informer les propriétaires de chiens des conséquences qu’entraîne le fait de se baser sur ces modèles théoriques pour comprendre les chiens, interpréter leurs comportements et tenter de vivre de façon harmonieuse avec eux.
Contrairement aux croyances populaires, les études réalisées sur les loups dans leurs milieux naturels démontrent que ceux-ci ne sont pas dominés, au sein de leur meute, par un « loup Alpha » qui serait le mâle le plus agressif, pas plus que par un « couple Alpha ».
Ces études ont notamment prouvé que l’organisation sociale des meutes de loups est très similaire à celle des familles humaines, et que donc il y a très peu d’agressions ou de combats pour la « dominance ».
Les loups vivant en meute, que ce soient les adultes/parents ou les louveteaux, dépendent les uns des autres pour survivre au sein de leur biotope ; en conséquence ceux qui s’engageraient dans des comportements agressifs envers leurs congénères intra-meute réduiraient la capacité de la meute dans son ensemble à survivre et à se développer.
Alors que des hiérarchies sociales existent (comme pour les familles humaines), elles ne sont pas liées à l’agression, contrairement à ce qui est généralement décrit (incorrectement) dans la culture populaire.
Comme le très reconnu chercheur scientifique L. David Mech l’a récemment rédigé à la suite de ses nombreuses années d’étude des comportements des loups, « il est temps d’en finir une bonne fois pour toutes avec notre vision démodée de la meute de loups représentée comme un regroupement agressif d’individus se concurrençant mutuellement pour la position de dominant. » (Mech, 2008) – voir notre article à ce sujet.
En sus de cette nouvelle compréhension du comportement des loups, l’étude de celui des chiens a également permis de découvrir que ceux-ci, tout en partageant des points communs avec leurs cousins les loups, présentent cependant de nombreuses différences sociales significatives.
En conséquence, l’idée que le comportement canin soit expliqué par l’utilisation des modèles de comportement du loup n’est pas plus opportun que de suggérer que le comportement des chimpanzés peut être utilisé pour expliquer le comportement humain.
Malheureusement, l’idée que les chiens seraient de façon fondamentale des loups domestiqués vivant dans nos foyers persiste encore parmi les éducateurs canins et les comportementalistes, ainsi que chez nombre d’éleveurs et propriétaires de chiens, ainsi que dans les médias.
Une des plus grandes idées reçues que nous rencontrons est le modèle de la « dominance ». Les chiens sont souvent décrits comme étant dominants, ce qui est un usage incorrect du terme.
La dominance n’est pas un trait de personnalité. La dominance est tout d’abord « un terme descriptif des relations entre des couples d’individus » et en outre « l’utilisation de l’expression « chien dominant » n’a pas de sens dans la mesure où la « dominance » ne peut s’appliquer qu’à des relations entre des individus. » (Bradshaw et X, 2009).
La dominance entre en jeu dans une relation intra-spécifique, lorsqu’un individu veut se procurer avant les autres le meilleur des ressources disponibles, comme par exemple la nourriture, le couchage, les jouets, les os.
Cependant, même entre chiens ces comportements n’utilisent ni la force ni la coercition, mais bien la soumission volontaire de l’un des membres de la relation, celui-ci se soumettant à l’autre de façon paisible.
Dans beaucoup de foyers, le statut d’un chien par rapport à un autre est fluide. En d’autres termes un chien peut être le premier à attraper des jouets mais va également laisser à l’autre le choix du lieu de couchage par exemple.
Les chiens qui utilisent l’agression pour obtenir ce qu’ils veulent ne montrent pas de la dominance mais des comportements basés sur l’anxiété, ceux-ci ne faisant qu’augmenter lorsqu’ils sont confrontés à des menaces verbales ou physiques de leurs propriétaires.
Le fait de baser l’interaction propriétaire-chien sur la dominance est dangereux pour la relation interspécifique, entraîne un stress, une anxiété et une agression potentielle accrus du chien, ainsi que la peur et l’antipathie du propriétaire envers son animal.
Vivre avec les chiens : qu’est-ce qui est important ?
Quand il s’agit de vivre et/ou de travailler avec des chiens, le concept de dominance est largement inutile.
Cela sera peut-être surprenant pour de nombreux propriétaires de chiens.
La vérité est cependant que lorsqu’on travaille avec des chiens qui ont un problème comportemental et/ou d’éducation, l’objectif du professionnel canin doit être de favoriser une modification du comportement non désiré et donc de mettre en oeuvre un protocole de formation et/ou de thérapie comportemental adapté, afin de traiter le problème rencontré en première instance et avant toute autre action.
Ceci ne nécessite pas de comprendre la motivation du chien ni son état émotionnel, mais oblige à se concentrer sur ce que le chien fait (son comportement) et sur ce que nous voudrions qu’il fasse, tout en aidant le chien à comprendre comment réaliser les actions désirées, pour ensuite pouvoir le récompenser de les avoir accomplies.
Beaucoup trop souvent, les propriétaires de chiens ont été conseillés de manière à « montrer au chien qui est le chef » et à « être l’Alpha ». L’effet négatif de ce mode d’approche et de pensée est qu’il crée une relation défavorable, donc à long terme dommageable, entre le propriétaire et son chien, avec le sentiment persistant que ce dernier essaie à tout prix de contrôler le foyer et la vie de son maître.
Une telle idée fausse détériore la relation propriétaire-chien et peut conduire à des comportements de peur, d’anxiété ou d’agressivité de la part de l’animal. Les chiens ne parlent pas notre langage et peuvent se retrouver acculés dans nos foyers dans des situations qu’ils ont du mal à appréhender, par des maîtres essayant de se comporter comme, ils le croient à tort, les loups le font.
Plutôt que la « dominance », c’est plus un manque de communication interspécifique claire qui induit les comportements qui nous préoccupent.
C’est la responsabilité de l’homme d’apprendre aux chiens les comportements appropriés et de les récompenser lorsqu’ils réalisent les actions que nous attendons d’eux.
De façon tout aussi importante, c’est notre rôle de leur montrer quels comportements ne sont pas appropriés, de façon constructive et avec compassion, afin de ne pas surenchérir sur leur anxiété.
L’agression envers le chien (ou perçue comme telle) n’est pas, n’est jamais, la bonne méthode.
Des actions comme l’ « alpha roll » (retourner par la force et maintenir un chien sur le dos) ou le « scruff shake » (secouer un chien en le prenant par la peau du cou) n’ont aucun fondement quand il s’agit d’étudier le comportement du chien ou du loup ; elles conduisent uniquement à créer des peurs inutiles des chiens à notre égard, peurs qui peuvent conduire à des agressions, tout simplement parce qu’un chien qui a peur n’a pas d’autre moyen de se protéger que d’utiliser ses dents.
Nous devons à nos chiens de voir le monde selon leur point de vue afin de créer une relation plus harmonieuse avec eux.
Que nous regardions un chien ou un loup, des gestes tels qu’empoigner, forcer à exécuter un « down », grogner à sa face et autres comportements agressifs dirigés contre lui vont seulement conduire l’animal à développer une réponse « combat ou fuite » où l’animal craint pour son intégrité physique.
Dans de telles situations l’animal va soit se figer sur place de peur, soit s’éloigner de l’animal qui le menace (ici l’homme) s’il en a la possibilité, soit se battre pour se protéger.
Lorsque nous nous engageons dans de tels comportements/relations avec nos chiens, nous ne disons pas au chien que nous sommes le chef, nous leur prouvons que nous sommes des êtres dangereux qu’il faut éviter ou vaincre.
Il n’y a pas de « dominance » dans de tels scénarii ; seulement de la terreur et l’instinct de se défendre contre l’attaque.
Si la dominance n’est pas à employer, alors qu’utiliser ?
Fort heureusement, de nombreux éducateurs et comportementalistes professionnels utilisent désormais des concepts qui insistent sur la construction d’une relation saine, heureuse et attentionnée plutôt que sur la dominance.
Quelques éducateurs font référence au terme « leadership » (ou autres termes similaires) qui est moins négatif que « dominance » ou « Alpha ».
Ce que ces éducateurs ont en commun est un désir d’expliquer et de promouvoir des modes de vie en commun agréables, compassionnels et sans confrontation.
Ces approches éducatives ont pour objectif de renforcer le lien entre le propriétaire et son chien, ainsi que d’enseigner audit propriétaire des moyens plus efficaces de communiquer avec son animal.
Pour les chiens présentant des troubles, ces éducateurs utilisent des programmes tels que « rien dans la vie n’est gratuit », qui repose sur le principe que le chien doit faire quelque chose pour obtenir ce qu’il veut (par exemple s’asseoir pour obtenir à manger, marcher sur une laisse détachée pour avancer, etc.).
Ces programmes sont efficaces car le chien apprend des règles qui sont constamment renforcées, ainsi que ce qu’il a besoin de faire pour obtenir ce qu’il souhaite, par exemple de la nourriture, des caresses ou du jeu.
Les chiens n’ayant la possibilité de discours articulé, les problèmes comportementaux et d’anxiété apparaissent lorsqu’ils sont laissés à eux-mêmes pour décider comment vivre dans notre monde, sans conseils, soutien ni apprentissage appropriés.
Dans la société humaine elle-même, nous nous comportons mieux dans un monde « qui a du sens pour nous » et qui est clairement structuré.
Les mythes qui résonnent sur la théorie de la dominance tels que de ne pas autoriser le chien à coucher dans le lit, à manger le premier ou à passer une porte avant lui, n’ont aucune corrélation avec le fait que le chien va ou non rechercher la gouvernance de son maître.
Les règles spécifiques de la relation dépendent cependant du maître et sont basées sur ce qu’il veut au sein de son foyer. Les éducateurs formés et utilisant des méthodes bienveillantes vis-à-vis du chien doivent s’efforcer d’enseigner aux propriétaires comment conduire l’apprentissage et motiver de façon positive et douce leurs compagnons afin qu’ils se comportent d’une façon qui convienne au foyer, ainsi que la manière d’adapter ces règles à chaque individu.
Il n’existe pas de données scientifiquement validées qui permettent de confirmer la croyance que vous devez manger avant votre chien, l’éloigner de votre lit ou marcher devant lui ; les maîtres ne doivent pas être conduits à le croire et, ainsi, vivre dans un état permanent d’anxiété et de peur quant à une prise de contrôle éventuelle de leur chien sur eux et leur foyer.
En fait la grande majorité des chiens et des propriétaires ont de magnifiques relations, même si l’animal est autorisé à aller dormir sur le lit de son maître, manger avec lui et faire de nombreuses choses considérées de façon erronée comme de la « dominance ».
Afin d’illustrer quelques mythes sur la dominance, nous avons rédigé un document intitulé Les mythes sur la dominance et les réalités de l’éducation des chiens.
Conclusion
Quand vous aurez à faire le choix d’un éducateur canin ou d’un comportementaliste pour votre relation avec votre chien, vous devrez garder à l’esprit que les philosophies et les méthodologies sont très nombreuses et dissemblables.
L’APDT conseille d’interroger les éducateurs et/ou comportementalistes potentiels afin de connaître leurs principes et croyances concernant la « dominance », ainsi que leur position sur le fait d’utiliser ou non la force physique et l’intimidation pour éduquer un chien, que ce soit pour l’obéissance ou pour des problèmes comportementaux.
Un professionnel canin formé devrait être familiarisé avec les derniers concepts scientifiques du comportement canin et être prêt à discuter de ses méthodes avec vous.
The Association of Pet Dog Trainers 150 Executive Center Drive, Box 35, Greenville, SC 29615, USA
Traduit par Laurent Meltzer, Cynologiste®, Esprit de Chien.
Le 06/07/2014
La dominance chez les chiens domestiques – concept utile ou mauvaise habitude ?
(Note du Traducteur) Vous connaissez très certainement la problématique qui enfle depuis quelques années autour du concept de dominance, entraînant excès de verve et de voix. Pour les petits nouveaux et pour ceux qui dormaient au fond de la classe voilà résumé assez brièvement le souci :
Au vu de la proximité entre chiens et loups (qui sont de la même espèce au sens strict), et étant donné que la littérature lupine a longtemps été plus fournie que la littérature canine, l’idée est née que meute de chien = meute de loup = meute humain/chien. Les meutes de loups ayant une hiérarchie stricte entre elles, il faudrait en établir une similaire avec nos chiens. Mais depuis la fin des années 1990, un courant de pensée issu des limbes du monde des comportementalistes et des éducateurs canins remet en question le dogme multi décennal : le chien est très différent du loup, il n’y a pas de hiérarchie possible entre homme et chien.
Ô toi esprit sacrilège qui lit ces lignes d’un oeil torve en te disant « Mais qu’est-ce qu’on s’en fout ? », sache que selon la validité de l’une ou de l’autre de ces théories, la vie que nous partageons avec nos compagnons à 4 pattes n’est pas du tout la même.
Peut-on laisser notre chien dormir avec nous ? Partager le canapé ? Le faire manger a table ? Apporter un nouveau chien adulte dans une meute sans prendre trois tonnes de précautions ?
Ces questions et de nombreuses autres trouveront des réponses lorsque nous saurons définitivement si oui ou non nos chiens ont besoin de hiérarchie, si celle-ci doit s’imposer de la même façon qu’entre les loups et si elle se base sur les mêmes facteurs.
Cet article est, à mon sens, partisan d’une des deux hypothèses. Sa lecture peut donc laisser penser que ça y est, la question est bouclée, on peut se laisser aller tête baissée. Mais même si ce document apporte des pistes de réflexions intéressantes et quelques éléments de réponses, la question est toujours ouverte et elle le restera je pense encore un peu de temps.
Introduction :
Les auteurs commencent par rappeler que le terme de « dominance » est utilisé à toutes les sauces que ce soit pour catégoriser ou expliquer le comportement des chiens domestiques. Ils rappellent que l’hypothèse selon laquelle les chiens sont très motivés par l’établissement de relations hiérarchique est très répandue et qu’elle est désormais critiquée, notamment dans la gestion de l’agression envers les congénères ou les humains.
Les auteurs veulent insister sur 3 points : a) l’usage inapproprié du mot « dominance » pour caractériser un chien en tant qu’individu (le sempiternel « mon chien est dominant ») b) l’utilisation de modèles définissant l’organisation sociale des loups, dépassés de longue date, pour expliquer le comportement canin c) l’utilisation de la « dominance » comme caractéristique pour déterminer aussi bien les relations entre chiens qu’entre chiens et maîtres.
L’utilisation inappropriée du mot « dominance » pour ladescription d’un seul individu :
Dans cette partie, les auteurs critiquent l’utilisation du terme « dominant », même dans de la littérature vétérinaire, comme trait de caractère d’un chien seul. Ils nous présentent à titre d’exemple des phrases que l’on peut aussi croiser dans la littérature française : « le chien dominant sait ce qu’il veut et se débrouille pour l’avoir de toutes les façons possibles » (Kovary, 1999), il faut pratiquer le « roulé alpha » pour « soumettre » le chien et « lui montrer qui est le boss » (Monks of New Skete, 1978).
Les auteurs insistent donc sur le fait qu’en éthologie (la science du comportement), la « dominance » se réduit à décrire une relation entre individus et non des individus (Langbein & Puppe, 2004).
Définition de la dominance (Drews, 1993) : caractéristiques du pattern (ndt : comprendre ici schéma comportemental) des interactions agonistiques répétées entre deux individus, où l’issue est constamment en faveur du même individu et où l’opposant adopte une réponse de capitulation plutôt que de favoriser l’escalade (ndt : de l’agression). Le statut du gagnant invariable est alors dit dominant et le statut du perdant, subordonné.
La dominance est donc utilisée pour décrire les relations entre deux individus. Mais dans le cas ou les individus vivent dans un groupe de plus de deux individus, ces relations de dominance/subordination peuvent (ou non) se combiner pour créer une hiérarchie. On peut ensuite attribuer un « rang de dominance » au sein de ce groupe mais un individu avec un rang élevé dans ce groupe pourra avoir un rang inférieur si placé dans un autre groupe.
Les auteurs citent en exemple l’hypothèse du « né Alpha » chez le loup qui a été testée et rejetée. Un loup ne naît pas « alpha », s’il se retrouve un jour à la tête d’une meute, cela est dû à des changements dans son tempérament selon des variations physiologiques et dans certaines circonstances sociales (Fentress et al., 1987).
L’utilisation de la « dominance » dans la description de la qualité d’une relation :
Les auteurs rappellent qu’en éthologie, le terme dominance a pu être utilisé dans au moins 4 contextes : a) dans un sens fonctionnel, où les individus sont dominants s’ils ont un accès prioritaire aux ressources clés (nourriture, reproduction), b) afin de décrire les résultats d’interactions répétées entre plusieurs individus, c) afin d’établir un « ordre » où un individu subordonné inhibe ses comportements agonistiques par peur d’individus despotiques (dominants), d) et afin d’expliquer des absences d’agression, la majorité des conflits étant résolus par l’adoption de displays (ndt : comportements ritualisés) et où un individu se soumet constamment à un l’autre plutôt que par des combats (Drews, 1993).
Est ensuite rappelé qu’une relation de dominance dépend de la fréquence des interactions entre les individus et de la durée de celles-ci. Dans certains cas cette relation est temporaire, ne se présentant que pour l’accès à des ressources particulières. Dans des groupes sociaux permanents les relations de dominance peuvent tout aussi bien varier suivant les circonstances que rester les mêmes dans tous les contextes. Selon cette dernière hypothèse d’ailleurs, on suppose que les individus en cause sont en compétition pour le rang le plus haut et qu’une fois acquis, celui-ci donne le droit d’accès à toutes les ressources.
Les auteurs répètent ensuite que la dominance doit être utilisée pour les interactions entre deux individus et que, si plus d’animaux sont concernés, on peut éventuellement voir apparaître une hiérarchie. Ils nous présentent ensuite quelques exemples :
Hiérarchie transitoire : Alpha > Beta > Gama > Omega (ndt : que l’on retrouve chez les poules)
Hiérarchie non transitoire (en triangle) : A > B ; B>C ; C>A (ndt : que l’on retrouve chez les vaches)
Structure au sein d’une meute de loups en captivité :
Male reproducteur
! \
! Femelle reproductrice
Male subordonné !
! Femelle subordonnée
Male sub-adulte !
! Femelle sub-adulte
Louveteau male !
Louveteau femelle
La question est ensuite posée de savoir si les hiérarchies sont perçues par les animaux ou si elles sont surtout utiles aux scientifiques observateurs qui essayent de construire leurs modèles.
Les auteurs nous indiquent donc que dans la plupart des espèces vertébrées sociales et notamment les chiens, sont capables d’inférer les relations entre individus tiers (Rooney & Bradshaw, 2006) (traduction : par l’observation, les chiens sont capables de deviner quelles sont les relations de dominance/subordination régissant les interactions entre plusieurs individus).
Le loup :
Les auteurs répètent que, le chien descendant du loup, il est souvent argumenté que la formation de groupes sociaux chez le chien est similaire à celle du loup (Feddersen-Petersen, 2007; Lindsay, 2000; Sherman et al., 1996) y compris dans leur relation avec d’autres espèces présentes dans le groupe social (humain surtout). Les auteurs signalent ensuite que cette théorie de la « meute de loups » et surtout de ses applications est désormais mise a mal, principalement par le fait que la littérature sur laquelle elle est basée est obsolète.
En effet, la structure la plus populaire est la hiérarchie transitoire. Cependant, les meutes de loups en captivité sont (comme nous l’avons vu précédemment) basées sur le sexe et l’âge. Enfin, le suivi de meutes de loups sauvages sur de longues périodes (Mech, 1999) a illustré que celles-ci étaient constituées des parents, couple reproducteur au sommet de la hiérarchie, suivis de leurs enfants de moins de 3 ans (qui, au plus tard à cet âge, quittent la meute pour former la leur), suivis des jeunes de l’année précédente puis des louveteaux de l’année en cours. Cette hiérarchie est également basée sur le sexe et les interactions peuvent être complexes (cf. fig 1.d sur le .pdf joint). Dans ces meutes sauvages, la compétition pour la dominance est rare, tout comme les agressions. Le terme de signaux de soumission est même parfois remplacé par signaux d’apaisement car ils sont spontanés de la part des jeunes envers leurs parents et non pas provoqués par une agression.
Les auteurs concluent ce paragraphe en signalant que les comportements agonistiques souvent observés en captivité et sur lesquels ont été basées les études sur la hiérarchie sur le loup dans les années 70 peuvent être le résultat des conditions environnementales (captivité, individus non familiers, pas de possibilité de disperser (partir fonder une autre meute)).
King (2004) en a déduit que faire une analogie entre les meutes de loups captifs et les chiens domestiques vivant a la maison était la plus simple pour expliquer les problèmes d’agression entre ces chiens. Cependant, une étude de Lockwood (1979) n’a pas trouvé de corrélations entre hiérarchie et agression ce qui invaliderait l’hypothèse de King. Toutefois, il faut mentionner que dans l’expérience de Lockwood, il est possible que la meute observée se soit scindée en 2 sous-meutes et la grande quantité d’agressions non reliées à des relations de dominance/subordination pourraient s’expliquer par des luttes territoriales.
Les chiens sauvages :
Beaucoup de scientifiques se sont posés la question des effets de la domestication sur le comportement social du chien, des études ont prouvées que celui-ci à changé (Hare & Tomasello, 2005; Miklosi, 2007).
Ce paragraphe s’intéresse donc au fonctionnement des groupes de chiens retournés à l’état sauvage.
Les auteurs signalent 5 études réalisées entre 1975 et 1995 déjà reprises par van Kerkhove (van Kerkhove, 2004). Etudes ayant mené à la conclusion que la structure des meutes de chiens sauvage était assez lâche, qu’il n’y avait pas de coopération entre les individus, notamment dans l’élevage des jeunes ou l’obtention de nourriture. Cependant ceci pourrait avoir pour origine les régulières interférences dues à l’homme (chasse, empoisonnements etc.) plutôt qu’à une perte de capacité.
En revanche, un suivi fait par l’équipe de Pal (Pal, 2003; Pal, 2005; Pal et al., 1998; Pal et al., 1999) pendant plusieurs années et sur des centaines d’individus a permit de détecter des groupes sociaux cohérents. Ces groupes étaient composés d’individus apparentés, ayant un territoire et étant hostiles aux autres communautés voisines. Comportement social par le fait analogue à celui des meutes de loups sauvage avec quelques variations (faible suppression de la reproduction chez les femelles subordonnées par exemple mais pouvant s’expliquer par le fait que la nourriture n’est pas un facteur limitant). Les individus de ces meutes peuvent coopérer pour récupérer de la nourriture et élever les jeunes.
Enfin les comportements ritualisés de dominance/subordinations ont été bien moindre chez les chiens observés par Pal et ses collègues que chez les meutes de loups mais ont tout de même permis d’établir une hiérarchie stable dans 2 études.
Les auteurs indiquent l’invalidité du « modèle loup » pour expliquer le fonctionnement de ces meutes de chiens car même si une forte territorialité existe (2 fois plus d’agression entre membres de groupes différents qu’entre membres du même groupe), les chiens font preuve entre meutes différentes de beaucoup plus de comportements de soumission que ne le feraient des meutes de loup.
Les auteurs en concluent que même si les chiens sont laissés libres d’interagir comme ils le veulent, ils ne reforment pas des groupes similaires à une meute de loups en liberté.
Comportement social des chiens stérilisés :
Les auteurs ont relevé dans les études de Pal et son équipe que dans les meutes sauvages, les comportements agonistiques étaient souvent causés par des luttes pour l’accès à un territoire ou à un partenaire sexuel. Les chiens de compagnie étant souvent stérilisés, les auteurs ont voulu vérifier la présence ou absence de hiérarchie au sein d’une meute de 19 chiens mâles adultes stérilisés vivant en captivité dans un enclos de 0,28ha (Bradshaw et al., données non publiées).
Aucune hiérarchie n’a pu clairement être mise en évidence, certains chiens interagissaient beaucoup, d’autres moins, certains faisaient plus preuve de comportements agonistiques, d’autres de soumission.
Cependant les auteurs ont pu former 3 sous-groupes de chiens : a) les ermites (3) : n’interagissaient que très rarement avec les autres, b) les outsiders (7+1) : qui interagissaient un peu plus avec d’autres chiens mais sans claire relation de dominance /subordination sauf un individu revenant parfois agresser un autre, c) les insiders ( , agissant de façon dominante sur 2 à 5 des outsiders et interagissant beaucoup entre eux. Ils ont eu entre eux des relations de dominance/subordination mais les auteurs n’ont pas pu révéler une constance dans ces résultats.
Une approche alternative à l’interprétation des interactions sociales entre chiens :
Ne trouvant pas de hiérarchie de dominance chez le chien, les auteurs veulent expliquer les relations d’agression entre chiens domestiques par le modèle du RHP. RHP pour Ressource Holding Potential ou potentiel à s’approprier les ressources (Parker, 1974).
Ce modèle RHP se passe d’interactions de longue date entre les individus (base de la dominance) et prédit simplement l’issue d’une bataille entre deux animaux selon la valeur subjective de la ressource pour chacun (ndt : Plus on perçoit que cette ressource vaut cher, plus on va la défendre, cette estimation de valeur varie entre les individus selon leur expérience avec la ressource concernée. C’est celui qui considère le plus la ressource comme sienne qui va le plus s’investir dans sa protection et qui remportera certainement le conflit).
Cependant ce modèle du RHP peut prédire l’apparition d’une hiérarchie suivant l’histoire des rencontres entre les animaux. Ceci peut expliquer pourquoi lorsqu’on sépare puis reforme des groupes après un certain temps, la hiérarchie de dominance peut changer du tout au tout. Les valeurs subjectives des ressources ont pu changer, l’état physiologique des individus aussi, ils ont pu avoir d’autres interactions avec des conspécifiques qui leur auront donné un tempérament plus fort etc…
Cependant, si le RHP reste faible (peu de motivation à prendre les ressources), ce modèle prédit qu’il y aura des relations de dominance/subordination entre individus (par groupe de 2) mais que cela ne donnera pas nécessairement l’établissement d’une hiérarchie générale (van Doorn et al., 2003).
Utilité du concept de dominance dans l’interprétation des interactions entre chiens domestiques :
Les agressions entre chiens de famille sont souvent interprétées en termes de dominance et d’existence d’une hiérarchie entre les chiens du domicile et certains auteurs pensent que la capacité à former des hiérarchies dépend des races (Feddersen-Petersen, 2007; Mertens, 2004).
Les auteurs pensent que outre le model RHP, les interactions sociales chez les chiens peuvent simplement résulter du contexte et des expériences précédentes. Les relations étant alors simplement issues d’apprentissages associatifs (ndt : type Pavlovien ou Skinerien).
Les auteurs citent un exemple : quand deux chiens se rencontrent pour la première fois, ils n’ont aucune possibilité de savoir la réaction l’un de l’autre dans quelque contexte que ce soit. Après plusieurs réponses répétées, ils apprennent à reconnaître des indices spécifiques pouvant prédire une réponse positive ou négative de la part de l’autre individu, graduellement, ils vont apprendre comment l’autre chien répondra dans une grande variété de contextes.
Les auteurs indiquent que leur théorie permettrait d’expliquer pourquoi on aurait l’impression d’une hiérarchie entre individus d’un groupe stable, et que celle-ci ne soit pas visible dans des groupes changeant souvent de configuration.
Dans les groupes stables, ceci permet également d’expliquer la stabilité et le maintien de la « relation de dominance » entre les plus vieux et les plus jeunes. Il n’y a pas de raisons pour un changement avant qu’une variation environnementale ou dans la relation au sein d’une dyade ne change.
Pour les auteurs donc, le terme de « dominance » est inadapté aux relations entre chiens. La simple conscience, de la part des cliniciens du comportement canin, de la valeur des apprentissages associatifs suffirait à appréhender la complexité des systèmes sociaux chez les chiens domestiques.
Interactions entre chiens et humains :
Les auteurs pensent que tout comme pour les interactions entre chiens, le terme de relation de dominance ne correspond pas aux agressions sur l’homme.
Ils expliquent par exemple qu’un chien ayant eu une première punition de la part de son maître va associer un certain état de son maître à l’arrivée d’une punition et provoquer l’expression de comportements d’apaisement. Si ceux-ci ne sont pas respectés, il se peut que le chien morde pour se défendre et là, la plupart du temps l’agression s’arrête.
Dans ce cas, le chien n’est donc pas dominant par rapport à son maître, il s’agit d’un comportement de défense qui, une fois renforcé, a pu être interprété comme issu d’une volonté d’acquérir un statut de dominance.
Conclusion :
Les auteurs concluent que le terme dominance à été utilisé dans trop de contextes, et souvent mal utilisé car basé sur des modèles loups mal compris et datant de plus de 30 ans. De plus, de précédentes observations (Lockwood, 1979; Pal, 2003; Pal, 2005; Pal et al., 1998; Pal et al., 1999) et leur expérience personnelle (Bradshaw et al., données non publiées) montrent que : même si laissés libre de gérer leur relation comme ils veulent ils n’adoptent pas un comportement social de type loup entre eux.
Ils considèrent que la stérilisation rompt la socialité au point qu’aucune hiérarchie ne soit discernable (voir la description de Bradshaw et al., données non publiées). Ceci rendrait, selon eux, questionnable la possibilité que la théorie d’une relation de dominance soit à l’origine des agressions entre chien. Ceci étant encore plus improbable entre chiens et humains compte tenu de la difficulté de la communication interspécifique.
Ils en déduisent donc que plutôt que de partir sur d’hasardeuses traces de dominance, mieux vaut se baser sur des principes plus simples d’apprentissage associatif et sur la valeur subjective qu’un individu peut attribuer à une ressource.
Nouvelle étude sur les morsures
Le 06/07/2014
Les liens qui unissent l’Homme et le chien remontent à très loin dans l’histoire de l’humanité et d’innombrables études mettent en évidence les nombreux avantages de posséder un chien (voir cet article). Pourtant, il arrive que cette relation prenne une toute autre tournure… On estime à 4,5 millions le nombre de morsures de chien signalées aux Etats-Unis chaque année. Heureusement, la grande majorité des morsures causent des dommages minimes. Cependant, dans presque 800 000 cas des soins médicaux sont nécessaires, et dans de rares cas les morsures de chien provoquent le décès de la personne. En mettant ces chiffres en perspective, il y a environ 1 décès par morsure pour 2,5 millions de chiens aux Etats-Unis. Par rapport aux personnes assassinées par d’autres humains, nous avons 1000 fois plus de chances d’être tué par un congénère que par notre ami canin. Néanmoins les morsures graves ou mortelles attirent beaucoup l’attention et soulèvent des inquiétudes qui conduisent souvent à des mesures juridiques draconiennes pour tenter de contrôler le problème. Comprendre les facteurs qui conduisent à ces résultats peut aider au développement de stratégies préventives qui pourront sauver à la fois les humais et les chiens. Une étude très approfondie vient d’être publiée dans le Journal of the American Veterinary Medical Association (JAVMA) et révèle quelques uns des principaux facteurs qui conduisent aux blessures mortelles par notre meilleur ami.
Plus de la moitié des victimes sont des enfants âgés de moins de 12 ans ! De toute évidence il y a un besoin urgent de mieux informer les parents et les enfants. Ce que le chien doit tolérer du jeu des enfants couplé au manque de connaissance des signaux de stress peuvent conduire à des résultats catastrophiques. Les sources d’informations sont là, mais si les parents pensent en savoir assez sur les chiens pour garder tout ce petit monde en sécurité, ils n’iront pas chercher les moyens d’être mieux informés. Surtout que la grande majorité des morsures de chien proviennent d’un chien que l’enfant connait.
Les chiens ne mordent pas sans raison donc la majorité des morsures sont évitables, ou plutôt : les morsures sont évitables quand on sait ce qu’il faut chercher et quelles conditions pousseront Fido à mordre. Les humains les plus à risque sont les enfants âgés de 5 à 9 ans et les adultes de sexe masculin. Une étude visant à identifier les facteurs de risque entre les enfants et les chiens (Chlopčíková & Mojžíšová, 2010) a révélé les trois principales raisons pour lesquelles les enfants peuvent être mordus par un chien.
1°) Il existe des « lacunes alarmantes dans la connaissance de la communication et le langage canin ». En d’autres termes, nos enfants ont très peu, voir aucune compréhension du comportement du chien et ne peuvent donc pas savoir si le chien est au-delà de sa zone de confort.
2°) Lorsque les enfants se considèrent comme ayant autorité sur le chien, ils sont plus susceptibles de tenter de le « dominer » pour être l’ »alpha ». En d’autres termes, au lieu de développer une relation basée sur le respect et la compréhension mutuelle, ils ont tendance à imposer de force leur volonté sur l’animal. De nombreuses études (Blackwell et al, 2007. ; Hiby & al, 2004) établissent une corrélation directe entre les techniques de confrontation, ou des approches basées sur la dominance, et l’augmentation de l’agressivité du chien. Lorsque l’enfant ou l’adulte est associé à des sentiments de stress, d’anxiété ou de peur, le chien à plus de risques de réagir. Dans la plupart des cas cette réaction est utilisée comme signe d’avertissement, un moyen d’arrêter la violence perçue.
3°) Lorsque les enfants sont laissés sans surveillance avec le chien le risque est plus élevé. Outre les raisons citées ci-dessus, lorsque les enfants sont autorisés à promener le chien ils ne faut pas s’attendre à ce qu’ils sachent comment réagir si un autre chien arrive en courant dans leur direction. Ils peuvent essayer de protéger leur chien en se mettant en opposition et être mordu. (voir cet article)
Lorsque les morsures tuent :
La majorité des morsures étant mineures et ne nécessitant pas de soins médicaux, il y a environ 1 à 2 millions de morsures qui ne sont pas déclarées chaque année. Dans de très rares cas les morsures peuvent entraîner des blessures mortelles. Dans ces cas extrêmes il semble que les principales causes soient souvent très différentes. Une analyse a été effectuée auprès de 256 cas qui se sont produits entre 2000 et 2009, les recherches ont porté sur l’identification des facteurs évitables des accidents (Patronek & al, 2013.) :
- dans 87% des cas il n’y avait aucune personne valide présente pour intervenir;
- dans 85% des cas la victime ne connaissait pas le chien;
- dans 84% des cas le chien était non stérilisé;
- dans 77% des cas la victime n’avait pas la capacité physique pour gérer la situation, en raison de l’âge ou de la condition physique;
- dans 76% des cas les chiens étaient utilisés pour garder la résidence plutôt que pour être des animaux de compagnie;
- dans 37% des cas les chiens étaient mal gérés par le propriétaire;
- dans 21% des cas les chiens étaient négligés ou maltraités par le propriétaire.
Dans 80% des cas, au moins quatre de ces facteurs étaient présents.
Contrairement aux autres morsures de chien, quand il y a décès, la plupart des chiens mis en cause vivent sur la propriété (76%) et non comme des animaux de compagnie. Ils ont été maintenus à l’extérieur au bout d’une chaîne, ou dans une zone clôturée ou isolée. 15% seulement étaient autorisés à errer librement. Comme mentionné ci-dessus, lorsque les chiens mordent, c’est généralement un moyen d’arrêter une interaction désagréable, mais la morsure est principalement contrôlée, inhibée. Lorsque les chiens n’ont pas la possibilité de faire des associations positives avec les personnes, ils peuvent infliger des morsures plus graves quand ils ressentent le besoin de se protéger.
De nombreuses études ont montré que certaines races avaient plus tendances à mordre que d’autres. Cette étude rapporte que dans 80% des cas la race des chiens concernés ne pouvait pas être identifiée de façon fiable. Dans seulement 18% des cas la race du chien était clairement identifiée. Une étude a indiqué que nous avions beaucoup de mal à identifier les races de chien même lorsque nous travaillions avec eux (Olson et al., 2012), on peut alors remettre en question la fiabilité des informations rapportées par les médias lors d’une morsure grave ou mortelle.
Comment peut-on prévenir les morsure de chien ?
- L’éducation joue un rôle clé dans la réduction des blessures liées aux chiens. Le public a besoin d’acquérir une meilleure information sur l’endroit où acheter un chien et comment interagir avec eux. Avec la moitié des enfants mordus, cette information doit faire partie du programme scolaire.
- L’éducation du chien est un élément essentiel que doivent prendre en compte les propriétaires. Seuls quelques propriétaires comprennent la nécessité d’emmener leur chien à des cours d’éducation. Davantage d’efforts doivent être faits pour mettre en avant l’idée que l’éducation du chien est une partie intégrante de sa possession.
- Socialiser votre chien et l’exposer à toutes sortes de personnes, de chiens et de situations. Les chiens qui ont l’occasion de découvrir le monde sont régulièrement plus confiants et moins susceptibles de se sentir menacé ou effrayé par des étrangers ou de nouveaux stimuli.
- Évitez les méthodes d’éducation énergiques et coercitives qui conduisent au stress et à l’anxiété du chien au détriment de la compréhension, du respect et des associations positives entre nos deux espèces. En règle générale, si un éducateur est mordu à plusieurs reprises par les chiens de ses clients, nous devons remettre en question ses conseils. Cela devrait être un signe clair que l’éducateur ne sait pas lire le comportement d’un chien.
- Ne pas maltraiter un chien. Les abus conduisent au stress et à la peur qui peuvent pousser l’animal le plus docile à se défendre par lui-même.
- Ne gardez pas votre chien en isolement. Les chiens sont des animaux sociaux et l’isolement constant est un abus qui peut avoir des conséquences graves sur leur état mental et leur comportement général.
- Ne vous approchez pas des chiens que vous ne connaissez pas. La meilleure façon d’interagir avec un chien est de le laisser s’approcher et prendre contact. Lorsque nous n’envahissons pas leur espace et leur permettons d’entrer en contact par eux-même nous les aidons à être confiant et à se sentir en sécurité en notre présence.
- Surveillez votre chien lorsque de jeunes enfants ou des étrangers se trouvent à proximité. Peu importe la confiance que nous avons en notre chien, les enfants ne peuvent pas comprendre les signaux de stress du chien et peuvent le pousser au-delà de son niveau de confort.
- Ne laissez pas votre chien errer ! De nombreuses attaques de chiens impliquent des chiens qui erraient librement à l’extérieur de leur cour. En permettant à votre chien de se déplacer librement dans le quartier vous soumettez aux autres chiens et aux personnes des éventuels risques.
Source : Jennifer Cattet Ph.D.
http://blog.smartanimaltraining.com/…fatal-dog-bites/
Le 30/06/2014
"Le secret dans l'éducation des animaux: se contrôler soi-même plutôt que de contrôler l'animal, travailler avec l'environnement au lieu de se battre contre celui-ci, motiver au lieu de forcer, montrer le chemin au lieu de tâtonner maladroitement, obtenir des résultats en ayant à cœur de réduire au minimum l'intrusion dans les comportements normaux de l'espèce." Roger Abrantes
"Appendre des loups pour interagir avec les chiens domestiques a à peu près autant de sens que de dire :Si nous voulons devenir de meilleurs parents, voyons comment s'y prennent les chimpanzés." Ian Dunbar
"Les chiens ne peuvent penser comme des loups car ils n'ont pas le même cerveau. Nous sommes apparentés aux grands singes, mais nous ne nous comportons pas comme eux et nous ne pensons pas de la même façon. Nous sommes des animaux très différents des grands singes malgré nos origines communes. La chose est valable également pour les chiens et leur ancêtre... je pense qu'il est faux de traiter notre meilleur ami comme un loup" Coppinger
"Si l'on se fonde sur le résultat des recherches scientifiques en cours et sur ce que l'on sait maintenant des différences de comportement, d'émotions, de motivations et de conduite entre chiens et loup il est grand temps de repenser le concept de la "dominance". La dominance n'est pas synonyme de hiérarchie entre un chien et son maitre, et nos chiens domestiques n'essaient pas d'élever leur statut à nos dépens.En fait, il faut arrêter de considérer nos chiens comme des membres de notre "meute". Je n'ai jamais trouvé de preuve étayant les théories des "lois de la meute" et "maitre-devant-être-l'alpha". Après trente ans de soumissions à ces théories dépassées et dégradantes, il est grand temps d'y mettre un terme et de se tourner vers ce que l'on connait aujourd'hui." Barry Eaton
Les 10 commandements d'un bon maître
Le 30/06/2014
1. Le langage du chien, tu apprendras
Les chiens n’utilisent pas le même langage que nous les humains. Il est donc important de d’assimiler la manière de communiquer de nos chiens afin de mieux les comprendre et d’aller vers une harmonie dans la relation maître-chien.
Il faut bien comprendre que les chiens ont un langage particulier, c’est à nous de comprendre leur langage, eux ont fait tellement d’efforts depuis 15 000 ans, âge du début de la domestication du chien par l’homme.
Nous devons donc considérer leur langage et finalement parler chien ! Pas d’inquiétude, cela s’apprend et s’appelle l’éducation canine et le comportementalisme canin.
2. L’anthropomorphisme, tu éviteras à tout prix
L’anthropomorphisme consiste à reproduire sur notre chien nos comportements humains. Nous agissons comme s’il était un humain.
Nous corrigeons par exemple ses bêtises en faisant comme si c’était un enfant. On lui parle, le punit même longtemps après qu’il ait fait une bêtise. Ceci est néfaste pour vous comme pour votre chien.
3. Les idées reçues sur le chien, tu banniras
Nombre d’idées reçues circulent à propos de nos chiens…idée reçue sur l’agressivité des chiens de catégorie ou encore la vengeance du chien qui détruit tout en votre absence.
4. Sociabiliser ton chiot, tu le feras au plus tôt
Il est très important, voir primordial de sociabiliser votre chiot ou votre chien dès son plus jeune âge. Ceci consiste à le faire fréquenter d’autres congénères le plus souvent possible, afin d’éviter tout comportement de crainte ou d’agressivité plus tard.
Pour cela, vous pouvez soit le faire vous-même avec d’autres chiens de votre entourage ou alors aller à la rencontre d’inconnus dans la rue pour présenter les chiens. Autrement, un club d’éducation canine sera l’endroit idéal pour le sociabiliser et par le même occasion, apprendre les dîtes « techniques d’éducation ».
5. Le vétérinaire, tu consulteras au minimum une fois par an
Je suis surpris de constater que certains maîtres prennent à la légère et oublient parfois la visite annuelle chez le vétérinaire. Il faut bien comprendre que les vaccins nécessitent un rappel annuel pour être efficaces de manière pérenne.
Au delà des vaccins, le vétérinaire pratiquera un check-up complet de votre chien et pourra déceler une potentielle maladie ou infection.
6. Les méthodes douces d’éducation, tu utiliseras
Soyez curieux d’apprendre les techniques d’éducation douces et utilisez-les avec votre chien. Considérez cela comme un jeu et vous ferez votre bonheur commun. Les techniques dites « douces » d’éducation permettent cela.
N’hésitez pas à vous rendre dans un club canin où d’une part, vous apprendrez beaucoup de choses, et d’autre part, vous permettrez à votre chien de se sociabiliser.
C’est vraiment une chose importante pour avoir un chien épanoui et équilibré. L’apprentissage par le jeu et autres méthodes douces vous apporteront une harmonie et une complicité dans votre relation maître-chien.
7. Une promesse solennelle, tu feras à ton chien
Faites la promesse d’être fidèle à votre chien comme il l’est envers vous ! C’est bien connu, le chien est le meilleur ami de l’homme, son compagnon le plus fidèle mais est-ce réciproque ? Ce n’est pas toujours le cas…
À la moindre difficulté beaucoup de gens baissent les bras (difficulté d’éducation, problème de santé du chien etc…), résultat : beaucoup de chiens se retrouvent abandonnés dans les refuges. Alors lorsque vous faites l’acquisition d’un chien, faites-vous et faites-lui la promesse que vous serez toujours à ses cotés et ce, quelles que soient les circonstances.
8. La violence, tu banniras dans l’éducation de ton chien
Alors que les méthodes douces d’éducation se démocratisent et sont de plus en plus utilisées par les éducateurs canins et conseillées par les professionnels du monde canin, beaucoup trop de personnes utilisent encore la violence pour corriger un mauvais comportement de leur chien.
La violence n’arrange rien et pire, accentue les mauvais comportements de votre chien. Que préférez vous ? Que votre chien vous écoute plus ou moins parce qu’il vous craint et qu’un jour, il vous rendre la monnaie de sa pièce en se retournant contre vous ou l’un de vos proches ?
Ou alors préférez-vous avoir un chien heureux d’écouter les ordres que vous lui donnez car pour lui, ce sera un jeu et il aimera vous faire plaisir ? La différence est bien là.
9. Nourrir ton chien correctement, tu t’y engageras
Nous ne sommes pas dans un pays où les propriétaires de chiens manquent à nourrir suffisamment leur chien sur le plan quantitatif. Mais sur le plan qualitatif, ce n’est pas encore ça. Beaucoup de nos chiens sont obèses.
Plus de 40% des chiens sont en surpoids en Europe et ce chiffre ne baisse pas. Soyez bien conscient que l’obésité chez le chien représente pour lui un réel problème de santé et que cela peut lui être fatale.
10. De l’exercice à ton chien, tu feras
L’importance de l’activité physique pour le chien est primordiale. Combien de maîtres se contentent de sortir « Médor » deux fois cinq minutes par jour pour « faire pipi et caca », excusez l’expression.
Ce 10ème commandement rejoint le 9ème puisque’un chien qui ne pratique pas assez d’exercice physique sera amené a grossir et donc à être sujet à des maladies liées à son obésité.
Faites au moins une heure de promenade par jour avec votre chien. Personne ne vous demande de courir le marathon de New York chaque jour, mais un minimum est requis.
Les 10 meilleures façons d'être mordu!
Le 30/06/2014
Avec environ 4,5 millions de morsures estimées aux Etats-Unis, dont la moitié concernant des enfants, une semaine entière a été dédiée à la prévention des morsures de chien. Beaucoup d’articles intéressants ont été publiés tout au long de cette semaine et je vous propose ici de revenir sur celui de Jennifer Cattet, Ph.D. qui énumère dans un article les 10 « meilleurs » façons de se faire mordre par un chien et de les prévenir.
1. Ennuyer un chien quand il mange, mâche un os ou un jouet
Les plupart des chiens n’ont pas de problèmes avec la proximité des humains quand ils mangent, ils tolèrent même d’être touché ou de jouer avec leur nourriture. Mais vivre dans un environnement où les humains contrôlent la plupart des objets signifie que les chiens ont peu ou pas de pouvoir de décision sur l’accès à la nourriture. Pour la plupart des chiens, la nourriture est une ressource de très grande valeur. Selon leur génétique et leur expérience, certains chiens peuvent être plus anxieux que d’autres de perdre cette ressource. Donc, si nous ne connaissons pas le chien, nous pouvons payer le prix de ne pas avoir entendu qu’il soit d’accord qu’on s’approche. Même les chiens qui sont généralement tolérant à la présence humaine quand ils mangent peuvent agir différemment quand on leur donne quelque chose de spécial. Des chiens peuvent devenir soudainement très protecteur avec certains types d’objets.
Prévention : Une meilleur pratique de l’élevage avec une sélection rigoureuse des parents possédant ce trait ainsi qu’une prévention systématique sera déjà un long chemin parcouru dans la prévention des problèmes liés aux ressources. Tous les chiens ont besoin d’apprendre à tolérer la présence d’autres individus (adultes, enfants et même d’autres animaux) lorsqu’ils mangent pour ne pas être perçus comme une menace. Alimenter le chien à la main ou aller vers lui quand ils mangent en lui jetant un aliment spécial dans sa gamelle sont des façons parmi d’autres d’aider le chien à apprécier notre présence, sans le stresser. Nous pouvons également jouer à des jeux d’échange où nous donnons au chien quelque chose d’encore plus intéressant en échange de ce qu’il a déjà en sa possession, puis de lui rendre l’objet de valeur. Toute sanction lors de ces situations ne fera qu’empirer les problèmes. Après tout, nous ne ferions que confirmer les appréhensions du chien.
2. Ennuyer un chien endormi
Tous comme les personnes, les chiens peuvent être surpris. Quand un enfant grimpe sur un chien qui fait une sieste, même le plus doux des chiens, risque de mordre. Ce comportement est un réflexe pour le chien, pas un acte volontairement agressif, il ne doit donc pas être puni. Un chien qui a tendance à mordre quand il est effrayé peut aussi mordre quand il est surpris par un baiser ou tout autre contact physique, même lorsqu’il est éveillé.
Prévention : Quand nous ne connaissons pas le chien il est toujours préférable de ne pas le déranger quand il dort. Si nous connaissons le chien et que nous sommes conscient qu’il est un peu nerveux, il est préférable de faire du bruit pour obtenir l’attention du chien, comme l’appeler par son nom ou en tapant des pieds, avant un contact physique.
3. Marcher dans une cour avec un chien laissé sans surveillance
5 581 agents de l’US Postal Service ont été mordus l’année dernière. Pourquoi ? Parce que leur travail les oblige à monter chez les gens plusieurs fois par jour afin de délivrer leur courrier. Lorsque les chiens se sentent menacés par un inconnu qui s’approche de leur maison, ils se mettent généralement à aboyer sans cesse jusqu’à ce que l’inconnu parte. Mais si le chien est laissé à l’extérieur ou a accès à une porte ouverte, il peut se précipiter sur l’inconnu (facteur ou autres individus…) et causer des blessures. Dans de telles situations, les chiens n’aboient pas toujours. Selon la race ou l’histoire du chien, il peut ne pas y avoir de signes avant-coureurs avant la séquence d’agression.
Prévention : La meilleur façon de prévenir ce type de morsure est évidemment d’éviter d’entrer dans un lieux avec un chien sans son propriétaire à proximité. Lorsque vous vous retrouvez dans une situation où vous ne pouvez plus éviter le problème et que le chien montre les dents et grogne, la meilleure façon de vous protéger est de rester calme, de ne pas bouger et de garder vos bras repliés hors d’atteinte du chien. Crier, courir en agitant les bras ne ferait qu’engendrer plus d’agressivité. Lorsque nous possédons un chien, indépendamment de l’histoire précédente, nous devons nous assurer que nos chiens ne peuvent pas se sauver et déambuler sans surveillance en toutes circonstances. Nous n’aimerions pas traumatiser quelqu’un par une morsure de notre chien simplement parce que nous ne l’avions pas prévu.
4. Frapper un chien
Frapper un chien, le menacer physiquement ou le blesser, peu importe la raison, apprend au chien que nous pouvons être source de douleur, d’inconfort et de peur. Avec la répétition, le chien va être de plus en plus sur ses gardes en notre présence. Tout comme nous, un chien stressé réagira plus rapidement et développera plus de problèmes de comportement en général. Nous entrons alors dans un cercle vicieux de comportements problématiques menant à la punition, qui mèneront à d’autres problèmes de comportement, etc… Dans un tel contexte, de nombreux chiens démontreront des comportements destinés à stopper la menace en aboyant, grognant, et finalement en mordant la main qui les nourrit.
Prévention : Quand nous développons une relation basée sur la confiance et la compréhension avec notre animal de compagnie, nous aidons notre chien à se sentir en sécurité et en confiance. Tout le monde en profite. Il n’est jamais nécessaire d’être dur avec nos chiens. Si nous ne trouvons pas d’autres moyens pour obtenir ce que nous voulons de lui, il est temps de demander des conseils à un professionnel.
5. Séparer des chiens qui se battent
Une bagarre de chiens peut être déroutante pour les gens qui se trouvent à proximité. Bien que la plupart des bagarres se terminent rapidement avec à peine une égratignure, nous nous sentons généralement obligés d’intervenir et de les séparer. A chaque fois que nous mettons nos mains dans une bagarre pour tenter de retirer les chiens nous risquons une morsure. Que nous soyons mordus parce que notre main est tombé accidentellement dans la mauvaise gueule ou parce que notre chien a redirigé l’agression sur nous, et en raison de notre propre constitution, nous prenons plus de risques que les chiens eux-mêmes. Là encore, il s’agit d’un réflexe. Dans de rares cas, les chiens qui se battent peuvent se retourner sur les humains et se liguer contre la personne qui a tenté de les séparer.
Prévention : Une socialisation appropriée. Mais apprendre à reconnaître une séquence de jeu qui s’intensifie et qui devient trop dure peut aider à empêcher une bagarre en intervenant à temps. Nous pouvons jouer les arbitres et leur donner de courtes pauses pour leur permettre de redescendre en pression. Mais même dans les meilleurs conditions des bagarrent peuvent se produire. Rester calme est essentiel afin d’éviter une escalade dans l’agressivité. Quand plusieurs chiens jouent ensemble il faut toujours se tenir prêt à intervenir en cas de bagarre. Jeter de l’eau, crier fort ou glisser un objet entre les chiens (comme un morceau de contreplaqué ou une chaise) sont des alternatives plus sûres et plus efficaces que de mettre les mains.
6. Étreindre ou restreindre un chien
Les chiens n’aiment pas être étreint. Lorsque nous avons une relation avec nos chiens et qu’ils se sentent en sécurité avec nous, la plupart supporteront nos démonstrations affectives. Cependant, lors d’interaction avec un chien étranger il est déconseillé de l’embrasser ou de l’étreindre de n’importe quelle façon que ce soit (à moins d’y être obligé comme chez le vétérinaire). Si le niveau de stress du chien augmente au-delà de la simple gêne, il peut penser qu’il n’a pas d’autre moyen que de mordre pour se sortir de l’étreinte.
Prévention : Aucun être vivant n’aime être retenu. Nous pouvons aider nos chiens à développer une plus grande tolérance avec une désensibilisation systématique.
7. caresser un chien en laisse sans y être autorisé par le propriétaire
En tant qu’éducateur canin, il ne se passe pas un jour sans que quelqu’un veuille caresser les chiens. Heureusement, la plupart des gens ont appris à demander avant d’interagir avec le chien, ce qui nous donne une occasion de sensibiliser à la fois la personne et le chien qui est en apprentissage. Cependant, il y en a certains qui iront directement au contact ou pire, qui enverront leurs enfants vers le chien pour le caresser. Peu importe le chien, qu’il soit chien d’assistance ou chien de compagnie, quand il est en laisse il se sent retenu. En d’autres termes, s’il a peur pour une quelconque raison et que la réponse de fuite n’est pas possible, le chien est capable de réagir activement à une menace perçue. Quelle est l’historique du chien ? Comment le chien réagit quand il est surpris ? Quel est son niveau de stress dans cette situation particulière ? Quelle est l’expérience vécue par le propriétaire ?
Prévention : En règle général, nous ne devrions jamais approcher un chien inconnu. Pour nous ainsi que pour le chien, nous devons faire en sorte d’avoir l’accord de la personne à l’autre bout de la laisse. La plupart des chiens se sentent plus en sécurité quand ils initient eux-même l’interaction, et non l’inverse.
8. Lutter avec un chien
Beaucoup d’entre nous aiment lutter amicalement avec leur chien, surtout les hommes. Rien de mal à ça, sauf que sans poser de limites, le jeu peut dégénérer au point d’être mordu. Les chiens peuvent pincer leur propriétaire pendant le jeu et ils peuvent voir à tord une autre opportunité à lutter avec des inconnus.
Prévention : Ne laissez pas ce genre de lutte dégénérer et enlevez votre main quand il le faut. De la même façon que les chiens qui jouent avec leurs congénères, faites des petites pauses afin de laisser la pression redescendre un peu. Vous devez appliquer des règles, comme l’absence de prise en gueule, mordiller, sauter, etc…
9. Courir et crier face à un chien
Quoi de plus excitant pour un chien que de voir une personne qui s’enfuit en hurlant tout en se déplaçant de façon erratique ? C’est la façon dont nous réagissons quand nous avons peur des chiens, notre peur devient une prophétie auto-réalisatrice. La plupart des chiens chassent naturellement des cibles mobiles et si nous agissons comme un animal hurlant nous ne feront qu’empirer les choses.
Prévention : Lors d’une rencontre avec un chien, rester calme et se contrôler sera toujours l’option la plus sûre.
10. Ignorer les signaux d’alerte du chien !
Si nous devions aller dans un pays étranger, ne devrions nous pas apprendre la langue ? Lorsque l’on vit avec un chien, nous devons faire l’effort d’apprendre leur langage. Beaucoup d’entre nous ne comprennent pas les signaux d’alerte et sont stupéfaits quand leur animal de compagnie bien aimé mord soudainement. Quand vous savez ce qu’il faut observer, les signes avant-coureurs sont là. Le problème est quand l’être humain les ignore et pousse le chien au-delà de son niveau de confort à plusieurs reprises.
Prévention : La responsabilité du propriétaire est de se sensibiliser aux bases du langage corporel canin. Quand le chien est-il stressé, apeuré ou sur la défensive ? Les chiens sont très clair dans la façon dont ils expriment leurs émotions et la reconnaissance de ces signes nous permet de faire les modifications nécessaires de l’environnement afin de prévenir les accidents.
Les morsures de chien semblent souvent se passer comme un accident, mais la plupart son évitables. Nous vivons tous autour des chiens que nous possédons (ou pas) et nous pouvons contribuer à limiter le nombre de morsures dues au meilleur ami de l’Homme. Dans une société où les morsures ne sont pas tolérées et peuvent conduire à la peine de mort pour le chien, il est encore plus important de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire la différence. Alors, que cette semaine de prévention contre les morsures ne soit pas seulement une date sur le calendrier !
Jennifer Cattet Ph.D.
Source : http://blog.smartanimaltraining.com
Chroniques radio de Michel Lacasse
Le 29/06/2014